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Critique de Lekarr


Le jour de la gratitude au travail est le récit enjoué quoique teinté d'amertume d'une journée de la vie d'une japonaise d'aujourd'hui.
Trente-six ans, toujours célibataire, Kyöko a un caractère bien trempé. C'est d'ailleurs en remettant vertement à sa place un patron indélicat qu'elle a perdu son boulot et pointe désormais au chômage. Une situation difficile à vivre dans un Japon où l'emploi est autant un signe d'intégration sociale qu'un moyen de subvenir à ses besoins. Retournée vivre chez sa mère qu'elle aide chichement avec ses maigres allocations, elle se sent obligée d'accepter le "rendez-vous arrangé" proposé par une voisine.
Comme on peut sans douter, l'entrevue ne sera pas à la hauteur des espérances de l'entremetteuse. Entre la pétulante trentenaire et le cadre supérieur imbu de sa personne, l'atmosphère sera glaciale mais aura le mérite de pousser Kyöko à s'interroger sur sa situation.
On sent chez elle, malgré sa bonhomie naturelle, beaucoup de déception à l'égard d'une société japonaise encore très traditionaliste. Un pays où les mentalités évoluent trop lentement et dans lequel les femmes ne sont pas encore tout à fait reconnues à l'égal de l'homme.
Elle éprouve aussi de la rancoeur envers ces entreprises où elles doivent en faire davantage pour progresser quand elles ne sont pas cantonnées à des tâches subalternes (mais c'est aussi vrai en France). Tout cela génère un gros ressentiment qui s'exprime dans ce véritable cri du coeur : "c'est chiant d'être une femme".

"J'attendrai au large" est plus drôle et plus tendre malgré un thème à priori plus dramatique. Futo et Oïkawa, deux collègues de travail, se promettent qu'au cas où l'un d'eux venait à mourir, le survivant ferait disparaître de l'ordinateur du défunt les dossiers qu'il juge gênants.
La plus grande partie de l'histoire nous conte le parcours professionnel de ces deux jeunes diplômés embauchés par la même société. Nous découvrons par leur biais la vie dans une entreprise japonaise. Un univers finalement plus humain que ne le laissent supposer les clichés qui ont cours en France. Les journées sont certes longues, on n'y compte pas ses heures supplémentaires et les mutations sont régulières. Néanmoins, les rapports entre collègues semblent aussi cordiaux que chez nous. Preuve en est de ce pacte entre Futo et Mlle Oïkawa qui est au coeur de l'histoire et qui mettra la jeune femme en présence du fantôme de son ami. Cette petite touche de fantastique est traitée sur un mode humoristique qui enlève toute sa tristesse au décès de Futo (le pauvre est mort pour avoir reçu un suicidé sur le crâne). L'histoire s'en trouve allégée et nous laisse une agréable sensation de bonhomie et de fraîcheur.
Bien que récents, on sent dans ces deux récits beaucoup de nostalgie. Celle des années de fac et des copains de promo, celle des débuts dans la vie active, celle de la bulle économique des années 90, époque bénie où le Japon ne connaissait pas le chômage. Deux jolies tranches de vies rédigées à la première personne par des japonaises actives et indépendantes.

Lien : http://sfemoi.canalblog.com/..
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