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Critique de Osmanthe


Ce petit volume, qui a obtenu en 2005 le prestigieux prix Akutagawa, regroupe deux récits sur le thème du monde du travail japonais vu par une jeune femme. Le premier qui donne son titre au recueil met en scène la narratrice Kyôko, dans deux scènes de dialogue. Elle a perdu son boulot depuis qu'elle a molesté son patron qui avait tendance à tripoter ses employées. A 36 ans, sa mère et une femme âgée avec laquelle elle a sympathisé lui arrangent une rencontre, car il serait temps qu'elle se marie ! le face-à-face avec un homme parfaitement macho et ne pensant qu'à son boulot sera l'occasion d'un échange croustillant, qu'elle réévoquera, ainsi plus généralement que les affres du monde du travail nippon, avec une ex-collègue de travail qui a réussi à se recaser dans un nouveau job. Au passage, elle n'oublie pas de dire qu'elle n'aime pas les enfants, ce qui sans être évidemment une généralité chez les japonais, peut interpeller sur la gestion de leur vie intime et familiale, la natalité étant comme chacun sait particulièrement et structurellement, historiquement basse au Japon. Le ton est percutant et frais, humoristique, c'est une petite histoire qui se lit avec plaisir, sans être spécialement révolutionnaire.
Dans J'attendrai au large, nous suivons les premiers pas dans la vie active, puis leurs premières années d'évolution, au gré des mutations, de la jeune femme narratrice Oikawa et d'un ami et collègue de travail, Futo, dont l'embonpoint ne cesse de s'accroître, mais qui néanmoins réussit à se marier avec une charmante collègue, Mlle Iguchi. Futo propose à Oikawa un drôle de serment mutuel : que le survivant des deux détruise le disque dur de l'ordinateur de l'autre, pour préserver le secret le plus cher du défunt. Lorsqu'il décèdera accidentellement, elle s'exécutera, mais il aura malencontreusement laissé des traces papier de son secret...qui prêtera plutôt à sourire, voire à rire. J'avoue que je me suis dis tout ça pour ça, mais c'est bien japonais, le côté éviter à tout prix de se taper la honte et de perdre la face.

Ces deux récits publiés en 2004 ont le mérite de resituer le contexte dans les quelques années suivant l'éclatement de la bulle financière. C'est le désenchantement, la fin du rêve nippon, de cette croissance exceptionnelle qui a porté le Japon à la deuxième place parmi les puissances économiques mondiales. Les jeunes japonais découvrent la précarité professionnelle, les femmes sont toujours traitées avec machisme, et le travail en très grandes firmes est finalement assez ennuyant et peu motivant. Les gens différents peuvent aussi êtres ostracisés, dans une société aseptisée où il faut plus qu'ailleurs encore se conformer sans cesse à la norme sociale. De ce point de vue, ces récits sont intéressants. Ils sont aussi légers et se lisent d'une traite.

Cependant, ils ne font qu'effleurer le sujet, le traitement est trop rapide, les thématiques sont finalement plutôt traitées comme des anecdotes. C'est dommage, la photographie est faite en mode panorama, champ large, on ne peut pas dire qu'on apprend énormément de choses que l'on ne sache déjà du monde du travail japonais. La promesse n'est donc pas totalement tenue, loin de là, le pitch est survendu.

Un petit livre sympa, sans plus, et l'éditeur français n'a d'ailleurs pas édité depuis d'autres ouvrages de l'auteur, si toutefois il y en a eu d'autres au Japon.
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