Les gardiens de l'éternité, tome 14 : Tarak

— Nous devons mettre la main sur l’ogresse avant Tarak.

Chiron roula des yeux.

— Bon courage. Elle n’est pas simplement énorme et redoutable, mais aussi rusée qu’un sidhe. En plus, elle peut créer des illusions qui berneraient même les démons les plus puissants.

— « Des illusions » ?

— Ouais, les meilleures que j’aie jamais vues.

— Bon sang ! (Une expression étrangement contrite se lut sur le visage de l’Anasso.) Nous n’avons pas besoin de pouvoir.

Chiron le dévisagea, perplexe.

— De quoi avons-nous besoin ?

— De Levet, déclara Styx. Il peut percer n’importe quelle illusion. Où est ce… (le vampire ravala l’injure qu’il s’apprêtait à prononcer) cette gargouille ?

Chiron et Lilah échangèrent un autre regard. Il avait espéré que Styx aurait oublié que Levet l’avait accompagné en Floride.

— À vrai dire…

Il laissa les mots mourir sur ses lèvres.

Styx fronça brusquement les sourcils.

— Dis-moi.

— J’ai confié à Levet la tâche de surveiller l’ogresse quand on a compris qu’elle était de mèche avec les sirènes. Lorsque je suis passé voir comment il s’en sortait, j’ai découvert qu’il avait disparu, tout comme Inga, reconnut Chiron. Nous ignorons s’il l’a aidée à s’enfuir. Ou s’il a été pris en otage.

La température dans le hall chuta à en devenir plus que glaciale alors que Styx le foudroyait du regard avec une fureur saisissante.

— Merde ! S’il arrive quoi que ce soit à cette créature stupide, ma compagne va me bouffer les fesses, dit-il d’une voix râpeuse, tendant le doigt sur le visage de Chiron. Et, vu que c’est une garou de sang pur, ce n’est pas une métaphore.

Le grand vampire tourna les talons et se dirigea vers la porte.

Chiron esquissa machinalement un pas en avant.

— Où vas-tu ? demanda-t-il.

— Retrouver Levet, grogna Styx, tournant la tête pour mettre Chiron en garde du regard. Rattrape ton cinglé de maître avant que je doive lui régler son compte.