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Citations sur A la dérive, tome 2 : La désillusion (6)

Ensemble, nous avions tenté de découvrir pourquoi nous avions été kidnappés. C’est ce que j’avais cru dans mon cœur. Nous avions tous les deux parlé de nos histoires personnelles. Je lui avais parlé de la mort de mon père et de l’idée que la riche famille Bradley avait eu quelque chose à voir avec la mort de ma mère. Il m’avait parlé de sa mère, qui avait eu le cœur brisé lorsque l’homme qu’elle aimait ne s’était pas engagé envers elle. Et lorsque Steve était apparu, vil, trompeur et insidieux, j’avais vu la surprise, le trouble et le dégoût sur le visage de Jakob.

J’avais cru que nous étions reliés par un lien plus profond. Je m’étais donnée à lui, esprit, corps et cœur. J’avais mis ma confiance en lui. Avait-il pu me tromper pendant tout ce temps ? Aurait-il pu me faire ça ?
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Je t’ai entendu parler à cet homme. Tu lui as dit que Steve s’était écarté du plan. Quel plan, hein ? On était sur une île avec un fou qu’on ne connaissait ni l’un ni l’autre. Maintenant, je sais que ce n’est pas vrai. Maintenant, je sais qu’on n’a pas été kidnappés tous les deux. Tu n’étais pas une victime innocente avec moi, hein ?

Ma voix se cassa alors que la profondeur de sa fourberie m’atteignait pleinement.

— Tu aurais pu me tuer. Je ne te connais même pas. Je ne sais pas de quoi tu es capable… si tu as pu me kidnapper et me mentir effrontément, qu’est-ce que tu pourrais faire d’autre ?

— Je ne te ferais jamais de mal, Bianca. Tu dois le croire. Ce n’est pas qui je suis.

La voix remplie d’émotion, il me regardait, le visage calme. Comment pouvait-il rester aussi calme alors que tout s’écroulait autour de lui ? Tous ses mensonges ressortaient, à présent.

— Pourquoi m’as-tu menti ?

La voix tremblante, je regardais l’homme avec lequel j’avais passé une semaine, ayant cru qu’il avait été enlevé, lui aussi.

— Tu connaissais Steve.

Je me rendis compte de l’énormité de cette affirmation et me mordis la lèvre inférieure.

— Tu savais qu’il ne se trouvait pas perdu par hasard sur la même île. Tu l’as envoyé là pour qu’il soit avec nous. Tu as planifié ça.

— Tu crois que j’ai planifié ton enlèvement tout seul ?

Son ton de surprise me fit me sentir ridicule, mais je savais ce que j’avais entendu.
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À une époque, j’aurais cru qu’il se souciait de moi et de mon bien-être. Maintenant, j’étais désenchantée. Maintenant, je savais que Jakob n’avait qu’un but : c’était de découvrir ce que je savais, et, par la peur, de m’amener à lui faire confiance. Mon corps frissonna lorsque la fraîche brise de l’océan inonda ma peau tremblante. Je m’accrochai à la balustrade du balcon et fis une rapide prière en m’apprêtant à sauter jusqu’à l’autre balcon. Il n’était qu’à un ou deux mètres, mais je savais que ces deux mètres d’espace voulaient m’attirer comme un poids mort. Je baissai les yeux vers le précipice qui séparait les deux balcons et m’effondrai sur le plancher, craintive et incapable de faire le saut.
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Dès que le monde changea de couleur, tout se mit à ressembler à un rêve. Chaque fois que je repense à cet instant, il repasse toujours un peu différemment dans ma tête. On pourrait croire que je me rappelle chaque mot et chaque geste de ce jour-là, mais ce n’est pas le cas. Chaque baiser, chaque phrase sont embrouillés dans mon esprit et reviennent toujours de manière unique. Pourtant, je n’oublierai jamais la façon dont je me sentais.

— Croyais-tu vraiment que j’allais te laisser partir, Bianca ?

D’une voix qui paraissait assourdie, il murmura à mon oreille à travers le bandeau de tissu fixé sur mes yeux et mes oreilles.

— Croyais-tu que j’abandonnerais aussi facilement ?

Le bout de sa langue glissa de l’intérieur de mon oreille et suivit le côté de mon cou. Dans la chambre fraîche, je frissonnais en essayant de bouger les mains. La corde était bien serrée autour de mes poignets, et je me débattais dans le lit.

— Pourquoi fais-tu ça, Mattias ? dis-je, alors que ses lèvres appuyaient rudement contre les miennes.

— Parce que tu le veux.

Il mordit ma lèvre inférieure et lui donna une petite saccade.

— Et parce que je le veux.

Il se pencha davantage et je humai son odeur, me vautrant dans le parfum de son eau de Cologne. La première fois que je l’avais senti, j’avais été attirée d’instinct. Je me rappelais encore m’être retrouvée dans l’obscurité d’un coffre arrière avec lui, le soir de mon enlèvement. J’avais les yeux lourds en songeant à sa trahison. Comment Jakob avait-il pu me faire cela ? Comment avais-je pu ne pas savoir qu’il était Mattias ?

— Tu dois me faire confiance, Bianca, dit-il d’une voix monotone.

Il m’embrassa de nouveau, et je tentai d’éviter de respirer son odeur.

— Tu disais la même chose, la dernière fois, murmurai-je.

Mon corps se figea lorsque je le respirai de nouveau. Cette fois, chacun de mes nerfs fourmillait d’épouvante à mesure que m’atteignait le musc audacieux de cette eau de Cologne familière, envoyant des ondes de choc dans tout mon corps. Son baiser était pénétrant et exigeant ; il voulait ce qui lui avait été interdit. J’étais étendue là, immobile, essayant de ne pas trahir ma peur.

— Je veux que tu sois mienne, Bianca. Nous pouvons y arriver.

Sa voix devint plus grave et je tentai de ne pas me replier lorsque je sentis ses doigts dans mes cheveux. Je restai muette, craignant que ma voix ne révèle quelque chose.

— Non, dis-je doucement.

Il se figea alors, confirmant ce que je savais déjà.

— Je sais qui tu es.

Cette fois, ma voix était plus forte.

— C’est pourquoi ce sera tellement agréable, Bianca, marmonna-t-il, m’embrassant la joue avant de reculer. Que les jeux commencent.
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C’est bien de te voir telle que je me souvenais de toi, pour une fois.

— Qu’est-ce que ça veut dire ?

Je bus lentement le café noir et fis une grimace.

Il éclata de rire et regarda le café.

— J’imagine que tu veux du lait et du sucre ?

— Oui, s’il te plaît.

Je hochai la tête et le suivis hors de la chambre.

— Qu’est-ce que tu voulais dire, en passant ? À propos du fait que je ressemblais à ce que tu te souvenais de moi.

— Eh bien, ta tête échevelée et ton visage endormi, sans maquillage, expliqua-t-il timidement.

Je grognai :

— Ah, tu veux dire cette apparence débraillée ?

— Je veux dire ton apparence adorable.

Il s’arrêta et me donna une petite tape sur les fesses alors que je passais devant lui.

— Je ne connais pas trop de gens qui croient que débraillé veut dire adorable.
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Arrête, Bianca, soupira-t-il. Je ne peux pas laisser mes sentiments à ton égard m’empêcher de faire ce que j’ai à faire.

— Qu’est-ce que tu as à faire ?

— Tout comme tu ne me fais pas confiance, je ne sais pas si je peux te faire confiance.

Il me regarda de nouveau pendant quelques secondes et me déshabilla des yeux, incapable de cacher son désir.

— Très bien, alors ni l’un ni l’autre ne fait confiance à l’autre.
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