AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Arimbo



Je viens de m'apercevoir que c'est aujourd'hui le 77 ème anniversaire de la libération du camp d'extermination des juifs d'Auschwitz-Birkenau, alors que je viens de terminer, bouleversé, ce formidable livre.
Je découvre sur France TVinfo l'interview d'une adolescente de terminale retenue pour se déplacer aujourd'hui à Auschwitz (au sein d'une délégation menée par notre premier ministre), et avec d'autres élèves de sa classe qui effectuent depuis la classe de seconde un travail sur le thème du sort des juifs durant la seconde guerre mondiale. Elle dit: « je crois que cette visite sera un choc pour moi, mais ce n'est rien à côté des atrocités subies par toutes celles et tous ceux qui ont été dans ce camp. »
Oui, c'est aussi ce que l'on ressent à la fin de la lecture de ce livre.

Ivan Jablonka, universitaire brillant, sorti de Normale Sup, rédacteur en chef de la République des idées, a écrit ce livre pour rendre hommage et sortir de l'anonymat ses grand-parents, Mates et Idesa Jablonka, exterminés à Auschwitz-Birkenau. Et par là, je trouve qu'il donne vie à ces six millions de juifs dont la vie fut détruite au nom d'une idéologie mortifère.

C'est un livre exceptionnel.
L'auteur écrit: « Je suis parti, en historien, sur les traces des grands-parents que je n'ai pas eus. »
Et c'est ce qui fait l'originalité et la force de ce livre.
Avec la méthode de l'historien de l'histoire contemporaine, faite, de ce que j'ai compris, de deux approches, la première de la recherche au sein des documents: archives, livres, lettres, etc…, la seconde de l'interrogation des témoins, directs si possible, ou à défaut indirects, Ivan Jablonka nous retrace minutieusement le parcours de vie, avec ses zones d'incertitude, de ses grands-parents depuis leur naissance en Pologne jusqu'à leur mort à Auschwitz.
Et il le fait avec tout d'autant d'humanité émouvante et d'empathie, que de précision et d'honnêteté.

Que de choses m'a appris ou rappelées ce livre!
Mais par dessus tout, j'en ai retenu la solidarité, qui est le corollaire de l'humanité, de la reconnaissance de l'autre comme moi-même.
Que ce soit dans le shterl, cette petite bourgade juive, de Parcew, où naît Matès Jablonka, que ce soit l'accueil et l'entraide reçues de tous ces gens modestes, juifs ou non-juifs, lors de son arrivée en France puis de son installation avec Idesa, qu'il s'agisse du courage et de la fraternité de toutes celles et ceux qui les ont aidés pour se cacher, car ils étant immigrants et « sans papier », qu'il s'agisse enfin de celles et ceux qui ont sauvé les deux enfants de Matès et Idesa, Suzanne et Marcel (le père de l'auteur), de tous ces gens qui l'ont fait par simple humanité, sans se croire héroïques,
tels Constant et Annette, ces voisins et amis qui vont trouver un couple de vieux agriculteurs bretons, les Courtoux, qui accepteront de cacher les enfants durant toute la guerre, puis ces même Constant et Annette qui les élèveront après la guerre comme s'il s'agissait de leurs propres enfants.
Oui, tous ces gens simples, qui, sans être des résistants, furent simplement humains, et dont l'action contribua à ce que les 3/4 des juifs de France échappèrent au massacre. Et qui, au passage, et à la différence de Pétain, ont, eux, sauvé des juifs.
Et tout cela vaut bien mieux que toutes celles et tous ceux, qui, au delà de l'horreur absolue du régime nazi, n'ont pas voulu reconnaître dans le juif, dans l'immigré, un être humain.
Évidemment, dans notre France actuelle, enfin celle de Zemmour et celle du RN, cela me parle.

En conclusion, je suis admiratif et ému du travail fait par Mr Jablonka. Ce livre d'historien est aussi un livre d'une grande humanité et, on le sent, marqué par beaucoup de tendresse.
Voilà aussi, je trouve, un livre que les enseignants de lycée devraient absolument proposer à leurs élèves.
Commenter  J’apprécie          340



Ont apprécié cette critique (32)voir plus




{* *}