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Critique de fbalestas


Ils sont une petite famille et ils vivent sur une île, Barrøy quelque part près des iles Lofoten. Ce sont des îliens et le nom de l'île est aussi leur nom de famille.

Il y a Martin, le grand-père, Hans son fils, Maria sa femme, Barbro, la soeur de Hans, et surtout Ingrid. Ingrid qui est petite au moment où démarrer l'histoire, mais qui va devenir l'une des personnes les plus importantes que ce territoire.

La vie y est âpre, belle et rude tout à la fois. On vit à moitié des travaux des champs (un peu d'élevage, et quelques pommes de terre en potager) et de la mer (de la pêche, soit en rejoignant les grandes campagnes de pèche dans les Iles Lofoten, soit en pêchant tout autour de l'île du lieu, du flétan, ou en confectionnant du guano).
Et à ma grande surprise le récit est tout à fait passionnant.

A la mort de Martin, c'est Hans qui devient pleinement le chef de famille. C'était déjà un peu le cas depuis qu'il vieillissait et qu'il n'était plus en mesure de réaliser tous les travaux nécessaires. C'est lui qui tente de placer sa soeur Barbro chez d'autres familles en tant que domestique – mais cela ne prend pas et Barbro restera sur Barrøy.

Hans va décider des travaux, même si l'argent manque toujours et qu'il faut s'échiner après chaque période de pêche dans des travaux de bête de somme. Barbro l'aide, parce que même si c'est une femme, elle est dure à la tâche elle aussi. Mais Hans et Barbro n'arriveront pas tous seuls à réaliser un ponton d'accotement : ils font venir quelques ouvriers suédois pendant quelques semaines pour les aider. Ils repartiront rapidement, laissant cependant une surprise dans le ventre de Barbro qui accouchera quelques temps plus tard d'un garçon qu'on baptisera Lars …

On n'est pas épargné par la vie sur une île pareille. Une naissance, plusieurs morts, et ce sont encore des enfants – Ingrid, Lars – qui vont devoir bientôt prendre des décisions comme des adultes.
Qu'est-ce qui fait qu'un récit est si passionnant ? Son écriture, sans aucun doute.

Sans jamais nous infliger aucun pathos (à l'image de cette grande dispute en Ingrid et Lars à coups de tisonnier, mais sur laquelle l'auteur ne s'appesantira pas du tout, Roy Jacobsen nous décrit leur quotidien, fait de peines (beaucoup) de quelques joies au milieu de beaucoup de rudesse, à l'image de ces images qu'il décrit si bien aux quatre saisons. Mais avec une affection partagée entre eux pour faire fasse à l'adversité. Il y est question du rire aussi, le rire d'Ingrid que son père aime tant, et qu'elle va perdre lorsqu'elle partira à l'école comme les autres îliens.

Le personnage d'Ingrid est flamboyant, magnifique. Elle est intelligente, délicate, et très courageuse. Et du courage, elle va en avoir besoin pour affronter ce que lui réserve le destin.

Personnellement je l'ai lu d'une traite, avec l'envie irrésistible de connaître la suite (Roy Jacobsen a écrit également « Mer blanche » et « Les yeux du Rigel » où l'on continue de suivre la destinée de la belle Ingrid.

Avec ces « Invisibles », on pense à son voisin islandais Jon Kalman Stefansson « Entre ciel et terre », « A la mesure de l'univers » ou bien « le coeur de l'homme » pour la force du récit, ou à son compatriote Per Peterson (« Pas facile de voler les chevaux) pour les paysages et la présence de ces personnages dans des territoires si différents des nôtres.

Une histoire passionnante que celle de ces « invisibles » qui au fil de la lecture nous deviennent de plus en plus « essentiels ». Beaucoup de pudeur et de profondeur pour décrire le quotidien de quelques personnages qu'on a l'impression d'avoir vraiment rencontrés.

Une grande réussite.
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