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Critique de Zazette97


Publié en 1958, "Rien n'est trop beau" est le premier roman de l'écrivaine américaine Rona Jaffe.

Le 2 janvier 1952, la jeune Caroline Bender fraîchement débarquée à New-York entame son premier jour de travail en tant que dactylo dans une prestigieuse maison d'édition.
Ambitieuse, Caroline est bien décidée à se plonger dans le travail, surtout pour oublier Eddie, son ex-fiancé qui lui a préféré une femme plus riche.
Caroline fait la connaissance d'April Morrisson, qui a vite dit adieu à ses rêves de gloire et de paillettes pour pouvoir rester vivre à New-York, et de Gregg Adams, secrétaire aspirant à fouler les planches de Broadway, laquelle deviendra sa colocataire.
En dessous de chez April vit Barbara Lemont, journaliste pour "Femmes d'Amérique"qui peine à subvenir aux besoins de sa fille et de sa mère.
Si ces 4 jeunes femmes entendent bien prendre du galon au sein des éditions Fabian, elles espèrent aussi que Big Apple leur réservera d'heureuses rencontres.

Attirée par cette couverture d'un autre temps et par le résumé très whartonien de ce roman, j'appréhendais toutefois de me retrouver plongée dans de la "pré-chick litt" mais l'avis enthousiaste de Manu m'a décidée à oublier mes a priori.
Dans un trépidant New-York d'après-guerre où tout semble possible, "Rien n'est trop beau" suit pas à pas l'ascension sociale et les déboires amoureux de 4 jeunes femmes célibataires et pas forcément heureuses de l'être.
Autour d'elles, leurs collègues se fiancent et finissent par démissionner d'un boulot dont on peut penser qu'il n'était que transitoire.
Contrairement aux autres jeunes femmes de sa génération, Caroline s'épanouit vraiment dans son travail et se refuse à devoir choisir entre une carrière prometteuse et un bon mariage. Néanmoins, elle désespère de pouvoir tomber amoureuse d'un homme intéressant, honnête et respectueux.
Et on comprend son défaitisme à mesure que l'on découvre les énergumènes peuplant ce roman.
Hommes mariés, dandys immatures, indécis, manipulateurs, même leurs supérieurs masculins tentent de tirer parti de l'insouciance de ces 4 oies blanches.
Il faut dire qu'au départ, elles m'ont semblé vraiment gourdes ( je pense notamment à cette scène où April demande à Caroline ce qu'on fait de la couverture pendant le sexe...) et c'est malheureusement l'expérience et les désillusions qui les feront mûrir, pas forcément dans le bon sens pour certaines, en leur faisant prendre conscience du monde impitoyable dans lequel elles vivent.
Les joies futiles cèdent alors le pas aux déceptions profondes et ces femmes d'abord jugées pathétiques en deviennent touchantes.
Avec à peine de quoi assumer une colocation, elles ne disposent pas d'argent en trop pour les extras. Aussi dépendent-elles des hommes pour les sortir, même si ils ne leur plaisent pas.
( Cela dit en passant, je n'ai jamais lu un roman où l'on picolait plus que dans 5 saisons de Dallas réunies !!! A chaque page tournée, je retrouvais les personnages un verre de scotch ou de gin tonic à la main !)
Forts de cet avantage, beaucoup d'entre eux croient pouvoir tout se permettre en retour, se chargeant bien de leur rappeler où est leur place.
La pression sociale, alimentée par les questions des parents, est tellement forte et le mariage, présenté comme le Saint-Graal, gage de sécurité, semble être l'unique façon pour une femme de se faire une situation respectable et d'accéder au bonheur.

Si l'extrême naïveté de ces héroïnes semble appartenir à un autre temps, les déceptions amoureuses n'ont quant à elles ni âge ni époque.
Il a toujours existé des hommes fourbes, condescendants, égoïstes pour, si pas alimenter, entretenir les illusions de jeunes femmes suffisamment éprises que pour se contenter de ce qu'ils veulent bien leur concéder.
Bien que j'ai souri à la lecture de mots désuets tels que "aérodrome" ou "avorteur", j'ai trouvé que ce roman conservait malgré tout une résonance très actuelle.
"Rien n'est trop beau" peut faire penser à Sex & The City façon années 50, pour ses descriptions, à chaque début de chapitre, de l'effervescence new-yorkaise en toutes saisons. Mais la grande différence réside en ce que Carrie, Samantha, Charlotte et Miranda, contrairement à leurs aînées, ont les moyens de s'offrir de belles parures, des voyages, des virées entre amies, mais surtout le luxe de pouvoir choisir leur vie.
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