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Critiques filtrées sur 4 étoiles  

« Taire le mal n'est pas le supprimer. »

Ceci n'est pas une fiction.
Été 2003.
Canicule.
J'ai 25 ans.
À Vilnius, en Lituanie, une femme, actrice, tourne un biopic qu'elle a co-écrit sur Colette.
Elle est amoureuse.
Il est une star du rock.
Une nuit, il la frappe.
Elle meurt.

À l'époque, on parle de passion, d'alcool, de drogue, d'une dispute romantique, d'un coin de radiateur qui n'aurait pas dû se trouver là. Aux infos, on voit défiler les images d'un chanteur désorienté et d'une mère qui tente vaillamment de protéger l'image de sa fille des photographes qui tentent de décrocher LE cliché.
Violence. Indécence. Dégoût.

Marie et Bertrand. L'actrice et la star de rock. J'ai été choqué évidemment. Mais par quoi ? La tragédie ? L'inattendu ? La brutalité ? La mort d'une célébrité ? le fait qu'ils soient tous deux célèbres ? Que j'aimais la musique de Noir Désir ? Un peu de tout ça.

Anne-Sophie Jahn remet les pendules à l'heure avec courage dans une enquête journalistique qui permet de répondre aux questions restées en suspens, et met en lumière ce qu'il s'est passé cette fameuse nuit.

Un homme a tué une femme de ses poings. Ni plus ni moins.

Les détails médicaux sont sans appel, les réactions du chanteur non plus. Se plaçant en victime, plaintif, il affirme :« Je n'ai pas de problème avec les femmes, ce sont les femmes qui ont un problème avec moi. »
Glaçant.

Certaines descriptions des conséquences des coups sont difficiles à lire. La détresse des proches aussi.

Quelques années plus tard, Krisztina, l'épouse de Cantat, met fin à ses jours. Autre mort dans son entourage, on s'interroge. Mais le culte du silence s'impose. Stupéfiant de voir à quel point l'aura de Cantat fait des ravages. À quel point les éventuels témoins se taisent encore aujourd'hui par peur des représailles du chanteur ou de ses fans.

La mort de Marie Trintignant est un féminicide.

Je salue le très bel épilogue de ce récit édifiant, sans complaisance, que j'ai lu d'une traite.
Cantat a poursuivi l'autrice en diffamation.
Il a perdu.
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Comme tant d'autres, je suis tiraillé par le dilemme de "l'homme et l'artiste". Faut-il séparer ? Franchement, je n'en sais toujours rien. Mais là, il s'agit quand même d'un peu plus que ça. Bien plus, même. Il s'agit d'un meurtre et d'une femme poussée au suicide et… Et après ?

Oui, et après ? Rien qu'en France en 2019, il y a eu 213 000 femmes victimes de violence physiques ou sexuelles commises par leur (ex-)conjoint !

Une enquête aux nombreuses sources et témoignages sur le meurtre de Marie Trintignant (commis avec intention indirecte indéterminée [sic] ?) et le suicide de Kristzina Rády. Un livre qui m'a (tant d'années après) salement écoeuré et qui ne peut laisser indifférent.
Lien : https://www.noid.ch/desir-no..
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Désir Noir
Anne-Sophie Jahn

Cet ouvrage sous forme d'enquête menée par Anne-Sophie Jahn journaliste au Point, nous ramène dans un premier temps en 2003, année où Marie Trintignant a succombé aux coups de Bertrand Cantat.

J'avoue avoir pensé à l'époque qu'il s'agissait d'une mort liée à une passion dévorante, un acte qui, pour horrible soit-il, ne faisait pas de son auteur un être diabolique.

Ma perception a changé depuis car cette première mort fut suivie par une autre 7 ans plus tard, celle de sa femme qui se pend dans sa chambre, avec les questionnements qui s'imposent et qui donnent à ce récit la structure d'une poupée russe :

- tout d'abord le fait divers : le coup de foudre, l'événement, le procès

- l'aspect psychologique : qui est vraiment Bertrand Cantat ? Côté lumière, une personnalité particulièrement charismatique, séduisant tous ceux qui l'approchent, exprimant des idées politiquement correctes et bien sûr bon musicien et bête de scène. Côté obscur, très narcissique, d'une grande violence tue par un entourage qui le protège pour des raisons différentes : la protection des enfants pour sa femme, sans doute la survie du groupe, la peur des réactions des fans et de Bertrand Cantat lui-même.

Franz-Olivier Giesberg en fait une description à mes yeux convaincante :
« Depuis qu'il a battu Marie Trintignant à mort (19 coups dont 4 au visage), il geint à longueur de temps. Il faudrait qu'on le plaigne et il y en a pour tomber dans le panneau. Ce n'est pas là, une histoire de pardon et de rédemption. C'est l'histoire d'un assassin narcissique, as de l'auto apitoiement qui était toujours dans le camp du bien et qui continue à s'aimer sous le regard énamouré de ses fans. »

- L'aspect politique :
Il bénéficie du soutien d'une certaine presse (les Inrockuptibles notamment) et d'un certain milieu artistique de gauche, le camp du bien toujours. La justice lui fut également très clémente.

- L'aspect sociétal :
Ce qui semble n'être tout d'abord qu'un fait divers s'inscrit dans un contexte plus large des violences faites aux femmes.
21 ans après le meurtre de Marie Trintignant, les violences faites aux femmes continuent de progresser avec un bond de 21 % en 2021. Cette année-là, 122 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex partenaire. Une nouvelle loi visant à protéger des victimes de violences conjugales, a été promulguée en 2020. Elle prévoit notamment que le harcèlement moral au sein du couple qui a conduit au suicide ou à une tentative est dorénavant puni d'une peine de 10 ans de prison et 250 000 € d'amende. »

Pour illustrer ce dernier aspect, je finirai par des extraits du message téléphonique de Krisztina à ses parents lorsqu'elle a repris la vie commune avec Bertrand Cantat après la mort de Marie Trintignant :

… « Hélas, je n'ai pas grand-chose de bon à vous offrir et pourtant il aurait semblé que quelque chose de très bon m'était arrivé mais en l'espace de quelques secondes. Bertrand l'a empêchée, il l'a transformée en un vrai cauchemar qu'il appelle amour…
j'ai failli laisser une dent, il m'a balancé mon téléphone, mes lunettes, m'a jeté quelque chose de telle façon que mon coude est complètement tuméfié et malheureusement un cartilage s'est même cassé, mais ça n'a pas d'importance tant que je pourrai encore en parler. J'ai essayé, j'essaye de vivre de telle manière que je ne sois pas obligée de fuir car soit il sera déjà trop tard pour fuir faute d'être encore en état pour le faire, soit je réunis mes forces maintenant et je m'enfuis… vous pouviez deviner qu'une série d'évènements encore plus regrettable que celle de 2003 a eu lieu car a l'époque cela ne m'était pas arrivé à moi. Tandis que maintenant cela m'arrive ; déjà à plusieurs reprises, j'ai échappé au pire et puis c'est intenable, les enfants n'en peuvent plus, vous ne sauriez imaginer pire que ma vision de la chose et Bertrand est fou, il croit que c'est là le plus grand amour de sa vie et que mise à part quelques petits déraillements, tout va bien, et tout le monde bien sûr dans la rue le considère comme une icône comme un exemple comme une star et tout le monde désire que pour lui tout aille bien et après il rentre à la maison et il fait des choses horribles avec moi devant sa famille. Voilà c'est tout et j'espère qu'on va pouvoir s'en sortir et que vous pourrez encore entendre ma voix et sinon vous aurez au moins une preuve que… mais des preuves il y en a, les gens dans la rue et nos amis car ce qu'ils ont vu hier quand Bertrand a tout cassé… »

De cette preuve, la justice n'a rien fait, pas plus que des témoignages accablants mais en off émanant de certaines personnes de son entourage.

Ce livre est glaçant ; Bertrand Cantat est sans nul doute un dangereux récidiviste qui a et continue de bénéficier de jugements complaisants.
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Pourquoi ai je eu envie de lire Désir noir?

Pourquoi plonger à nouveau dans cette histoire qui m'avait tant bouleversée et glacée à l'époque?

Pourquoi ce besoin de me malmener à nouveau?

Parce que même s'il est de ces destins tragiques qui nous écharpent le coeur, il est primordial de savoir ces choses là. de comprendre les mécanismes de ces hommes qui expriment leur amour avec leurs poings. Des enquêtes passées sous silence. Et surtout d'en parler.

Il est bon de savoir qu'à notre époque, la loi du silence existe encore. Que l'omerta fait loi.

Que les femmes meurent sous les coups de poing des hommes.

Qu'il faut oser mettre des mots sur les maux de notre société.

Que le féminicide est encore un sujet trop tabou.

Qu'il faut en parler.

Pour celles qui ne sont plus.
Pour celles qui cachent leurs bleus.
Pour celles qui ont peur.
Pour celles que l'on pourrait sauver.

Alors, oui, l'histoire de Marie Trintignant m'a glacée.

Les détails de l'enquête m'ont malmenée.

Mais "Ceci n'est pas une fiction".

La mort de Marie Trintignant est un féminicide.

Quant à Krisztina Rády, le silence l'a emportée.

Il est vital d'en parler 🙏

"Vingt ans après la mort de Marie Trintignant, Anne-Sophie Jahn mène l'enquête sur une tragédie que l'on n'appelait pas encore féminicide"

Lien : https://www.facebook.com/La-..
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La mort de Marie Trintignant était un choc à l'époque. Passion, amour dévastateur, jalousie, violences mutuelles, drogues, alcool et perte de contrôle ; très vite cela a volé en éclats avec le récit, par sa famille, des coups portés, du nombre incalculable de blessures sur son corps, de la désinvolture, pendant qu'elle agonisait dans une autre pièce, de son compagnon Bertrand Cantat.

Il y a des personnes qui semblent pouvoir s'absoudre de tout. Sans cesse revient le charisme que dégage cet homme, et une fascination malsaine de son entourage qu'il semble tenir sous sa coupe.

Une omerta totale règne ou presque, puisque quelques témoins se risquent à parler. Que non, Cantat n'est pas le poète maudit et romantique qui n'a jamais levé la main, mais plutôt un homme violent, tout le temps et avec toutes les femmes de sa vie. « je n'ai pas de problème avec les femmes, c'est elles qui en ont avec moi »

La solaire Krisztina, qui le défendra, revenant sur des affirmations de violence faites avant le procès auprès des proches de Marie, en sera la victime suivante. le livre s'ouvre sur le long message qu'elle laisse sur le répondeur de ses parents avant de se pendre 6 mois plus tard. Il ne laisse planer aucun doute sur les violences qu'elle subit de la part de Cantat.

Cantat qui passe son temps à s'apitoyer sur lui-même, se trouve toutes les excuses et inverse les rôles, c'est lui la pauvre victime. Qui bénéfice d'une mansuétude incroyable pendant son incarcération, aucune enquête sérieuse n'est faite après le décès de Krisztina, on clôture, on esquive, on classe.

Il a fait un procès en diffamation à l'autrice du livre. Il a perdu.

Cantat est un sale con et il ne mérite que l'oubli.

Souvenons-nous de Marie et de Krisztina.

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Avec Désir noir et vingt ans après la mort de Marie Trintignant, Anne-Sophie Jahn mène l'enquête sur la tragédie de Vilnius que l'on n'appelait pas encore féminicide.

A l'été 2003, la mort de Marie Trintignant a été, pour moi, une onde de choc parce que c'était une actrice solaire et parce que celui qui avait asséné les coups, Bertrand Cantat, était une rock star que j'aimais beaucoup. A l'époque, les médias parlaient de tragique accident sous l'emprise de la passion, de la jalousie, de l'alcool et des stupéfiants.

Mais lorsqu'on lit ce récit, qu'on se rend compte du nombre de coups qu'a reçu Marie, on sait qu'il n'en est, en fait, rien. Anne-Sophie Jahn retrace de A à Z non seulement « l'affaire Cantat » et le meurtre de Marie Trintignant mais aussi tout ce qui entoure le suicide de Kristina Rady.

Une enquête sur tous les éléments disponibles et des interviews de témoins, policiers, juristes à distance de l'affaire. Les témoins, sous couvert d'anonymat osent raconter des scènes, des paroles que l'on ne peut que trouver hallucinantes.

Et c'est réellement glaçant mais aussi passionnant. Y a-t-il eu violence avant et après Vilnius? le suicide de Kristina Rady a-t-il été provoqué par Bertrand Cantat, qui apparait ici jaloux, possessif et harceleur ?

Le déchaînement de violence qui a tué Marie Trintignant, la multiplicité des coups qu'elle a reçu, et ce que l'on sait des violences conjugales permettent de penser que oui, ce n'était pas un acte isolé, mais sans preuve irréfutable Cantat ne risque pas d'être ennuyé car les témoins qui, au départ, affirmaient que le chanteur était violent, se sont tous rétractés et en premier lieu son épouse.

Certes Cantat n'a jamais tenté de fuir la justice mais elle a été bien clémente envers lui. La peine, légère, a été divisée en deux et le chanteur a bénéficié en Lituanie et en France d'une détention VIP avec cellule individuelle, un régime de semi-liberté très tôt, un frigo personnel qu'il cadenasse pour qu'on ne lui vole pas ses yaourts !

Le suicide de Kristina Rady a-t-il été provoqué par la violence physique et psychologique ? On n'a l'impression que justice n'a pas été faite sur suicide, mais qu'il n'y aura jamais de réponse. Tous les thèmes employés à l'époque » drame passionnel » « amour fou » sont heureusement devenus inacceptables.

Lire la suite...
Lien : https://deslivresdeslivres.w..
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Lecture terminée! Je me souviens parfaitement du bruit que ce drame a provoqué, en lisant ce livre 2003 semble être hier!...
Je me rappelle suivre les "rebondissements" de ce fait divers à la tv.
A cette époque, on ne parlait pas de féminicide. le mot n'existait pas. C'était un accident, un crime passionnel... "il l'aimait trop"... !!
Merci à l'auteur pour ce récit car il est intéressant de se remémorer les grandes étapes de cette histoire. de replacer dans le contexte que la victime est bien la personne qui n'est plus là aujourd'hui. Je recommande !
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Une lecture en demi-teinte, surfant sur la vague déjà mourante du mouvement #MeToo et d'un féminisme parfois exprimé trop radicalement à mon goût.
Je me souviens de ce "fait divers" comme d'une claque. La mort de Marie Trintignant a marqué mon âme d'enfant. On commençait tout juste à parler des violences faites aux femmes, alors que j'avais conscience qu'elles étaient là depuis longtemps. Quant à Bertrand Cantat, je ne connaissais que sa voix dans "Le vent nous portera"... Noir Désir et ses idées gauchistes ne m'ont jamais attirée.
Ce livre m'a appris les dessous de cette affaire tragique. La journaliste mène une enquête sur plusieurs année, tente de desceller le vrai du faux. Plusieurs incohérences apparaissent dans cette enquête parfois bâclée - volontairement ? La question se pose encore... - par les forces de l'ordre. On se questionne sur la personnalité ambivalente de cet homme... mais pas assez sur celle de Marie Trintignant, pas toute blanche selon quelques phrases. Qu'en est-il des violences faites aux hommes ? le sujet est sans doute encore trop tabou pour être abordé. Estimons nous heureux.ses que l'omerta se lève un peu d'un côté.
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Voir ma chronique complète en suivant le lien sur le webzine Melolive.fr

Une fois n'est pas coutume, je vais faire ma chronique à la première personne car le sujet de ce livre est clivant et que tout commentaire sur l'affaire ne peut être que personnel (même si le but de cette chronique n'est évidemment pas de donner un avis sur les faits). Ce livre revient avec un recul de 20 ans sur le féminicide de Marie Trintignant et s'attarde sur le parcours de Bertrand Cantat suite à celui-ci. Un sujet lourd, un livre pas très agréable à lire, mais un livre nécessaire.....
Lien : https://www.melolive.fr/2023..
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