"Il y a deux jours je me suis disputée avec ma sœur à propos de ses sorties et fréquentations. Elle a mal pris ma remarque et c'est parti en sucette. Au point qu'on ne se parle plus depuis. Mais tu vois, ça m'a donné une leçon sur le temps qui passe. Quelle perte de temps de se faire la gueule pour rien."
La peur s’amusait à faire des allers-retours le long de la colonne de Mimi. Elle l’obnubilait, accaparant toutes ses pensées. Les conversations, les conneries, les invectives, les piaillements, les rires qui résonnaient dans la salle du Comté ne formaient plus qu’un bourdonnement indistinct en toile de fond.
Le carillon annonça son entrée dans la librairie. L'enquêtrice fut happée par l'odeur caractéristique du papier et de l'encre, celle qui faisait sourire et rêver n'importe quel lecteur.
Je dois ménager les susceptibilités et manœuvrer avec les capacités de chacun, c'est ce qu'on appelle le management.
À chaque fois qu'elle faisait un pas en avant, la vie la repoussait dans le sens inverse. À croire qu'elle avait souscrit un abonnement avec le diable.
Ici, on n'est pas dans un polar à l'ancienne. Un meurtre n'en empêche pas d'autres.
Une pointe de jalousie la frappa sans pour autant pouvoir en déterminer l'origine. L'insouciance de Claire ? Le fait que son boulot de représentante en pharmacie lui permettait de choisir ses horaires pour un salaire plus conséquent que le sien ? Ou plus simplement, le fait qu'elle osait profiter du moindre instant ?
A chaque fois qu'on lui posait la question en soirée ou lors d'un rendez-vous galant, Guillaume répondait que le meilleur moyen de connaître l'odeur d'un cadavre en putréfaction était de placer un morceau de viande dans une boîte hermétique, de le laisser au soleil un jour ou deux, puis d'ouvrir délicatement le couvercle tout en sniffant un bon coup.
Pour elle, une bagnole servait à aller du point A au point B. Pour le reste, le prestige, l'état et même la couleur, elle n'en avait rien à battre.
Le secret de famille avait beau être bien gardé, tout le monde l'avait jugé. Tout le monde avait jugé et condamné leur amour. Et tant pis si autour de lui, la perversion était omniprésente. À la télévision, au cinéma ou dans la vraie vie, ils étaient si nombreux à être devenus fous, aveugles et insensibles. On priait la virginité d'un côté et on avalait une ribambelle de queues de l'autre. On se devait d'être libre et de le revendiquer, mais pas trop.