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Critique de motspourmots


Roman ou récit ? La frontière est mince et finalement, peu importe. L'auteur nous embarque dans son monde, celui d'un journaliste-écrivain-voyageur, amoureux de la forêt vierge et de l'Afrique. En puisant dans l'histoire, il nous invite à une exploration aussi poétique qu'instructive où se dessine le passé tourmenté du Congo, objet de convoitise des explorateurs et des colonisateurs. Mais il est surtout question d'amour, pour une femme autant que pour une terre, et d'une soif de découverte qui rassemble les curieux par-delà les siècles.

Guillaume Jan alterne donc les chapitres, entre présent et passé, créant des liens entre deux histoires qui peuvent sembler éloignées, la sienne et celle de David Livingstone qui a foulé les mêmes terres plus d'un siècle et demi avant lui. le récit des expéditions de Livingstone, que l'auteur compare à Don Quichotte est aussi rocambolesque que passionnant, renvoyant à une époque où s'affrontaient les grands explorateurs avides de renommée. Il réussit à nous toucher avec ce portrait d'un homme totalement obnubilé par sa quête au point de délaisser sa famille et de la laisser dans une terrible situation de dénuement, mais qui est visiblement rattrapé par un amour sincère pour cette terre qu'il parcourt et tente de cartographier malgré les fièvres, les maladies, les expéditions concurrentes et les intérêts divergents.

Reste-t-il des explorateurs en 2015 ? "J'ai envie de voyager comme on a envie de faire l'amour" nous livre Guillaume, pour tenter d'expliquer la bougeotte qui lui a fait traverser les vastes étendues désertiques aux quatre coins de la planète. Jusqu'à la rencontre avec Belange, la jolie congolaise dont le souvenir le ramène dans la savane du Congo et le conduira jusqu'au mariage. Les pages consacrées à la femme qu'il aime sont étonnantes de fraîcheur, de sensualité et de poésie, presque une métaphore des sentiments qu'il porte à l'Afrique. Avec une belle puissance d'évocation, il parvient à camper les différences entre deux mondes que tout sépare mais qu'un rien peut rapprocher. Question d'écoute, de tolérance, de curiosité pour les différences.

La réussite de ce livre est due à l'absence d'angélisme. On est loin de situations idylliques, l'auteur n'hésite pas à dépeindre la réalité des expéditions dans la forêt vierge ou la savane, les bestioles, l'absence de carte ou de GPS, les routes défoncées, les transports aléatoires... Mieux vaut avoir un ange gardien ou une Belange, qui connaît sur le bout des doigts les plantes qui soignent. Nul doute que Livingstone, épuisé par les maladies aurait apprécié d'avoir cette jeune femme à ses côtés. Pas d'angélisme donc. Et un panorama bien senti des différents maux qui se sont abattus sur le Congo, d'abord pillé pour ses richesses (traite des noirs, production du caoutchouc...), annexé et sur exploité par les Belges avant d'être achevé par l'un des pires dictateurs qu'ait produit le continent africain.

J'ai passé un très bon moment en compagnie de ces deux explorateurs, j'ai appris plein de choses... Et j'aime bien refermer un livre avec le sentiment d'être un peu moins ignorante et peut-être un peu moins bête. Quand en plus la leçon est délivrée avec la manière, on ne peut que recommander la lecture de cet ouvrage qui vient juste d'être couronné par le Grand prix SGDL du roman.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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