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Critique de Denis_76


Dans les années Trente, Janké sort « L'ironie » ; dans les années cinquante, il modifie un peu son livre et sort « L'ironie ou la bonne conscience » : c'est celui que j'ai lu.
L'auteur écrit : « L'ironie, comme Eros, est une créature démonique »
C'est faux puisque l'ironie emmène l'ironisé vers des valeurs positives…. A moins que…
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L'ironie n'est-elle pas la liberté ?
Ironie / humour / sarcasme / pamphlet / pique / moquerie / persiflage / raillerie / plaisanterie / cynisme / satire : il y a tellement de nuances !
Quel est le rapport entre l'ironie et la conscience ?
Et existe-t-il une bonne et une mauvaise conscience ?
Mais qu'est-ce que l'ironie ? Qu'est-ce que la conscience ?
L'ironie, c'est comme un puzzle démarré, et… à toi, maintenant !
L'ironie, c'est souffler la réflexion par allusions profondément pensées, sur lesquelles on a pris du recul, et qu'on distille avec détachement ;
L'ironie, c'est un psaume de l'ancien testament, un signal qui conduit à un signe si le lecteur réfléchit ;
L'ironie, c'est Socrate buvant la ciguë avec indifférence, et des silences qui en disent long… pour la postérité ;
L'ironie, c'est Robin Williams qui monte sur la table pour montrer aux élèves un autre point de vue, afin qu'ils en tirent leurs propres réflexions, et cassent leurs routines ;
L'ironie, c'est Voltaire qui, par piques et allusions montre aux lecteurs les dégâts de la religion…
Voilà mes pensées propres que je tire de ce livre de Vladimir Jankélévitch.
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Jankélévitch est « une tête », pas seulement en philosophie, mais aussi en musique. Il est même possible que ce soit un surdoué.
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MAIS ce livre est difficile à lire. Janké « plane » au-dessus de nous, c'est une superbe analyse, mais où est la synthèse ? Et ça part dans tous les sens. Pour moi, ce livre est une belle recherche, mais n'est pas abouti, si bien que je n'aime pas son style, et je suis d'accord avec COLIMASSON. Qu'ont-ils donc, ces philosophes du XXè siècle à être dans l'entre-soi ?
Et que je te balance des mots en grec ;
Et que je t'utilise des mots qui me sont inconnus comme amphibolie, colligation, hyperesthésie, sorite, parthénogénèse, haeccéité, etc…pédanteries qui méritent les paires de claques, et je pense aux Inconnus dans « le langage hermétique » :
https://www.youtube.com/watch?v=7w2VbOoXE2k

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De plus, ce livre est rempli de références de Socrate, Pascal, Stelling, Bergson son prof, Schlegen, Gracian, Jean-Paul, Hegel, etc…Brillantes connaissances du cerveau de V. Jankélévitch, qui déborde en outre dans beaucoup de hors sujets ( pourquoi le romantisme ? le chaos ? Eros ? Ulysse ? ). Il y a cinquante pages de trop….MAIS aussi brillant soit-il, le cerveau ne suffit pas pour écrire, et contrairement à Proudhon que tu cites à la fin, où sont tes tripes, Vladimir ?
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CEPENDANT, cette écriture soporifique est parfois semée d'étoiles brillantes, de belles définitions, d'idées intéressantes, qui me permettent d'élaborer un modèle conceptuel de l'ironie. Je relève plusieurs remarques intéressantes, noyées, bien sûr, au milieu de son langage abscons.
Je ne vais pas vous « présenter le livre », mais vous livrer ce que j'en ai retenu, car, avec ce genre de livre planant, chacun peut interpréter Janké à sa façon.
L'ironie, d'après ce que j'ai compris, est un art de convaincre, en allant d'abord dans le sens du poil de l'autre, avec frivolité pour l'intéresser, puis déconstruire cela, en démontrer l'absurdité afin d'amener l'autre vers la vraie vérité et les valeurs, comme Socrate, avec sa maïeutique, amène Alcibiade à dégonfler son orgueil ; comme Voltaire montre l'absurde
D'abord, il n'y a pas besoin d'ironie au pays des anges. Pourquoi ? Parce qu'il n'y en a pas besoin, il n'y a pas de méchants.
L'ironie, c'est conduire l'esprit de quelqu'un qu'on estime dans l'erreur, en biaisant par la litote pour ne pas le blesser, souffler la réflexion par des allusions pensées sur lesquelles on a pris du recul ;
Ironiser, c'est faire l'avocat du diable, l'antithèse, pour mieux faire éclater l'absurdité dans laquelle s'est enfoncé l'ironisé ;
Ironiser, c'est faire le roseau face au chêne ;
Ironiser, c'est éveiller la conscience ;
Ironiser, c'est, par des allusions, envoyer des signes à l'ironisé pour qu'il poursuive la réflexion et en trouve le sens, c'est la maïeutique de Socrate ;
Mais c'est aussi l'ensemble des piques De Voltaire, qui avec les philosophes des Lumières, font prendre conscience des excès et des suffisances de l'Eglise.
L'ironique essaie de convaincre, le cynique est au-delà car il a perdu toute illusion.
L'ironique est un simulateur, un charmeur, un joueur de flûte ;
Caméléon, il tend des guet-apens sournois.

Mais l'ironique est aussi un funambule, qui peut tomber à tout instant.
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Bref, malgré ses défauts de pédantisme et de hors sujets, ce livre est intéressant, car l'analyse de l'ironie est très fine.
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