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Critique de pdupaty


Hérouville comme Hérouville en Vexin. Village de 600 âmes situé au nord-ouest du Val d'Oise à une quarantaine de kilomètres de Paris (d'aucuns diraient que c'est à la fois trop loin et trop proche de la capitale), son château appartient à l'histoire de la musique contemporaine, et en particulier celle des années 1970. Ce petit château (qui dispose tout de même d'une trentaine de pièces!) servait de relai de poste au XIXe siècle. George Sand et Frédéric Chopin y ont connu quelques ébats. Et surtout, dans les années 1960, le lieu a tapé dans l'oeil du compositeur Michel Magne, qui l'a donc acheté.
Lui qui a composé 73 musiques de films, dont les bandes originales de «Fantômas», «Angélique marquise des Anges» ou encore «les Tontons flingeurs», avait aménagé ce site en studios d'enregistrement, d'abord pour ses propres travaux. En 1969, un incendie se déclare dans l'aile Nord du château et détruit la totalité des bandes originales de ses oeuvres, dont il ne possède aucune copie. Cet événement est terrible pour Michel Magne, qui décide malgré tout de recréer ces oeuvres disparues. Pour le financer, et aussi par générosité et goût de la fête, il ouvre le château à d'autres artistes. Après de longs travaux d'aménagements, il installe donc un studio d'enregistrement professionnel dans les vastes combles de l'aile Sud et invente ainsi le concept de studio résidentiel, très imité depuis notamment dans les pays anglo-saxons (The Manor par exemple). Il utilise aussi le château pour d'énormes fêtes mais ce seront surtout d'innombrables artistes internationaux qui venant profiter de la tranquillité du lieu et de sa grande qualité acoustique qui vont en faire la légende.
La gestion n'étant clairement pas son truc (criblé de dettes, il finira d'ailleurs par se suicider), sa générosité et l'accueil trop fastueux qu'il réserve aux artistes venant chez lui conduisent finalement Magne à la faillite en 1972. Il est contraint de céder le château en location gérance. Et c'est finalement Laurent Thibaut, ancien guitariste de Magma et ingénieur du son qui travaillait déjà à Hérouville, qui va en prendre la charge.
La période de gloire du château D Hérouville, soit l'intégralité des années 1970 et le début des 80's, verra passer les noms les plus illustres, essentiellement anglo-saxons. Ils étaient attirés par le cadre idyllique, l'acoustique parfaite, mais aussi pour les avantages fiscaux d'un enregistrement en France à l'époque. Les artistes viennent aussi pour l'ambiance. Là-bas au Château d'Hérouville, tout le monde travaille avec tout le monde et quand il faut s'arrêter, on s'arrête pour faire la fête.
S'y sont succédé notamment les Rolling Stones, Elton John (qui y enregistre trois albums de suite, dont le double « Goodbye YellowBrick Road », sa plus grande réussite, et "Honky Chateau" dont le titre est un clin d'oeil au château D Hérouville), Canned Heat, Cat Stevens, Gong, Pink Floyd, Rod Stewart, Magma, Dick Rivers, Marvin Gaye, Fleetwood Mac, Eddy Mitchell, T-Rex, Rainbow, Led Zeppelin, Jethro Tull, Jacques Higelin (qui y habitera même quelques temps) encore Iggy Pop et David Bowie (dont la "China Girl" est Kuelan Nguyen, femme de Jacques Higelin à l'époque et sur qui la star avait flashé) s'y succèdent. C'est là également que les Bee Gees ont enregistré l'iconique "Saturday Night Fever", avec le refrain intemporel « Ah ! Ah ! Ah ! Stayin' alive » enregistré dans un escalier pour son écho et sa réverbération particuliers.
Et bien d'autres encore, la liste étant loin d'être exhaustive.
Les anecdotes y sont innombrables, de même que les histoires de sexe, de drogue et d'alcool. Deux films pornos y ont même été tournés en même temps que des groupes enregistraient ! Tout cela finit par s'achever en 1985, Laurent Thibault connaissant lui aussi de grosses difficultés financières. La fin d'une belle époque.
A travers ce livre, agrémenté de photos d'époque et de témoignages, Laurent Jaoui raconte l'histoire de ce château. C'est passionnant pour toute personne s'intéressant un minimum à l'histoire du rock !
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