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Critique de Biblioroz


Gare de Lyon, « un samedi très clair et très froid du début octobre ». le Phocéen, train en provenance de Marseille, est arrivé au dépôt. Un homme chargé de contrôler les voitures couchettes à la recherche d'objets oubliés trouve un foulard, puis un cadavre de femme dans le compartiment suivant. Des perles d'un collier de pacotille sont éparpillées un peu partout et s'écrasent sous les pieds de l'Identité Judiciaire, médecin légiste, commissaire et inspecteurs qui défilent dans le compartiment pour le passer au crible. le patron confie l'enquête à un inspecteur appelé Grazzi qui, avec son manque d'assurance, se serait très bien passé de cette affaire. Mais pas le choix, autant s'y mettre tout de suite et sortir son vieux carnet rouge, même s'il n'y note jamais grand-chose finalement.
Après l'inventaire des affaires de la victime, le voilà parti en chasse afin de retrouver tous les occupants des places 221 à 226 du Phocéen.
Visitons chaque couchette, fouillons la vie de son occupant. Mais attention, il faut faire vite car les voyageurs ont une fâcheuse tendance à se faire refroidir !
Pour le lecteur agrippé à son folio policier les numéros des couchettes serviront alors de titres aux chapitres et tout s'enchaînera à un rythme effréné.

Cette première lecture de Sébastien Japrisot fut une découverte tout à fait intéressante. Son style très particulier donne cette petite touche originale pour apprécier ce polar en dehors de l'enquête elle-même. Au début, pas de noms des personnages, ce sont la femme, les trois hommes en pardessus, l'homme au chapeau en arrière, l'homme qui regarde par la fenêtre, l'homme qui était assis… C'est un peu déstabilisant, demandant l'attention du lecteur pour situer les intervenants tout en conférant à ces premières pages un attrait atypique des plus stimulant.
Au début du roman, les dialogues se noient dans la narration et donne une impression de distance avec les évènements. le commissaire et l'inspecteur couvent une grippe, se mouchent, comme le premier témoin. Et puis les dialogues apparaissent quand le premier témoin téléphone d'un bistrot à l'inspecteur pour lui livrer sa version du voyage, on entre dans le vif du sujet. Plus question de s'apitoyer sur sa petite santé, il y a urgence.
La solitude, la gêne vis-à-vis des femmes, la timidité, émergent de quelques phrases de l'auteur pour l'un de ses personnages. Une chevelure noire contrastant sur une garde-robe essentiellement blanche, des vêtements soigneusement marqués de son initiale feront appréhender le caractère de la victime. Ces petits détails personnels posés tout simplement par Sébastien Japrisot impriment chaque protagoniste et les font vivre aux yeux du lecteur.

L'atmosphère des années 60 se dessine dans le Paris des jetons téléphoniques, dans les cafés, les choucroutes dans les brasseries, les autobus à plateforme, les concierges, les chambres mansardées. Les hommes portent le chapeau et les femmes des robes et des jupes.

Ce polar entraîne, on découvre les personnages avec Grazzi, on patauge avec lui quand, à peine entendus, ils se font exécuter. Les chosent s'accélèrent, se mettent en place pour un dénouement plutôt inattendu car si des indices sont distillés, les pistes sont habilement brouillées.
Ce roman à l'ancienne, moderne par son style étonnant, se déguste autant pour son originalité que pour son intrigue diablement bien manigancée.
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