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Critique de Merik


Sébastien Japrisot, je connaissais de nom. L'auteur de "l'été meurtrier", ses liens avec le cinéma. Un auteur qui ne m'attirait pas plus que ça, jusqu'à ce que je lise Emmanuel Carrère parlant de lui dans une de ses chroniques. Alors j'ai voulu voir.
Et j'ai vu Mathilde (sans avoir vu le film) dans sa quête obstinée envers et contre tous, ou presque. A la recherche folle de la vérité sur son fiancé, soldat de la grande guerre. Mais plus que tout, je l'ai vécue, cette histoire.
J'ai vu un texte à la construction débridée dans ce long dimanche de fiançailles, comme si tout cela avait été écrit d'un jet, dans un souffle romanesque sans relecture. Et pourtant si juste.
J'ai vu une prose directe. Un auteur capable de commencer une ribambelle de phrases d'un portrait par « il » ou "elle", sans aucune gêne pour le lecteur : «Elle a de grands yeux verts ou gris, selon le temps, comme sa mère. Elle a un petit nez droit, de longs cheveux châtain clair. Pour la taille, elle tient de son père. Quand on la déplie, elle mesure cent soixante dix huit centimètres. Il paraît que c'est d'avoir passé beaucoup de temps couchée qui l'a faite ainsi. Elle a de très beaux seins. Elle est fière de ses seins, qui sont ronds, lourds, plus doux que la soie. Quand elle en caresse les bouts, elle a bientôt envie d'être aimée. Elle s'aime toute seule ». Une prose sans fioriture ni effet de manche, naturelle presque. Carrère parle de lui comme d'un auteur qui ne lisait pas trop, évoque un "cacou"  de Nice. Peut-être pas si littéraire que ça en effet. Mais sûrement convaincu de son talent, et par là-même impertinent envers les modes et les courants, insolent aussi dans son mode d'écriture, peut-être bien. A l'image de son héroïne.
J'ai aussi vu un charme fou se dégager de ce récit. Comme d'un type qu'on écoute, parce que c'est lui qui parle, et pas un autre.
Du coup, j'ai déjà envie de le revoir, Sébastien Japrisot.
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