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Une écrivaine colombienne inconnue pour moi et un premier roman autobiographique fulgurant où l'intensité des émotions est exprimée à travers une plume puissante, magnifique.
C'est l'histoire tragique de sa famille, plus précisément de l'assassinat de son père, partie intégrante de l'histoire politique très sombre de la Colombie. C'était le vendredi 17 mai 1991, elle avait 11 ans le jour où elle vit son père pour la dernière fois, « J'ai entendu encore une fois ma mère me dire que mon père était au ciel, sans vraiment expliquer comment un homme pouvait partir au travail le matin et se retrouver au ciel. » Une date et un événement qui la marqueront au fer rouge, à vie. Comment ne pas penser au magnifique livre ( un de mes livres pour une île déserte), de Hector Abad Faciolince, « L'oubli que nous serons ».
A partir de cet événement tragique Jaramillo retourne vers le passé,
l'enfance avec quatre frères dont des triplets, dans une propriété aux environs de Medellín noyée dans un grand jardin envahi par les plantes, les fleurs et les arbres fruitiers. Mais 11 années c'est court comme passé et on revient inévitablement à l'événement funeste et la douleur indicible qu'il a laissé à la petite fille et à sa famille.
Mais Jaramillo ne tombe jamais dans le pathos, bien que le lien avec le père ayant était très fort, sa perte suite à sa courte vie avec lui a été cruciale dans son existence. Elle ne manque pas aussi d'humour pour raconter cette famille nombreuse atypique avec un superbe portrait de la mère qui va être obligée de la gérer seule, par la suite les laissant se débrouiller seuls, et où l'on a droit à des scènes jubilatoires avec les cinq enfants. Émouvant aussi par la suite à l'adolescence l'osmose avec la mère, les problèmes avec les frères et leurs tragédies, le tout toujours exprimé avec beaucoup de poésie, de douceur et de compassion.
Un livre où Jaramillo tue son père avec des mots, pour le ressusciter dans un récit débordant d'émotions et d'amour. « C'est la seule arme que je possède. Je te tue parce que je suis fatiguée d'essayer de te garder en vie dans ma tête. Je te tue pour que tu puisses vivre dans ce livre ……Existe-t-il de plus bel endroit pour vivre que dans un livre ? ». Je me suis notée des tas de paragraphes tellement ce qu'elle arrive à exprimer reflète l'essence même de la vie et de ses règles impitoyables, indépendamment du lieu, du temps et des circonstances . Publié dans son pays en 2019 , ce livre fut finaliste du prestigieux prix littéraire National Book Award. Une très belle surprise pour moi ! Un coup de coeur !

« Le bonheur est quelque chose que, la plupart du temps, on apprécie seulement une fois qu'on l'a perdu. »
« …. le silence est précisément ce qui empêche l'oubli. »

Un grand grand merci aux éditions Stock et NetGalleyFrance pour l'envoie de ce magnifique livre !
#Commentjaituémonpère #NetGalleyFrance
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« Elle a dit que le soleil reviendrait, que les arbustes pousseraient et deviendraient encore plus grands que le goyavier tombé. »

C'est fou ce qu'on peut dire parfois. C'est fou ce qu'on peut dire quand nous sommes persuadés que le jour d'après sera identique à celui d'avant…Or la vie est ainsi, elle efface les mots plein de certitudes. le soleil n'est pas revenu. Leur père non plus. le ciel leur est tombé dessus et leur a laissé l'absence. Il est vrai que les arbres ont continué de pousser, mais l'odeur de pourriture des fruits gâtés est resté dans l'air. le chagrin a dû se partager en 6. Six façons de s'habituer au deuil. de la mère qui s'efforce de nier la douleur, aux frères qui sombrent dans une addiction ou une autre, ou de la grande soeur qui se bat pour rétablir un peu d'ordre dans ce chaos: chacun gère comme il peut, le traumatisme. Et pourtant, ils s'efforcent d'avancer…Maladroitement, de travers, lentement, avec courage. Et dans ces graines de souvenirs que l'autrice nous offre, des fleurs s'épanouissent, des arbres s'enracinent, des forêts naissent…Tout est beau dans cette résilience. Cette famille a dû faire face à une perte dévastatrice mais cette enfant, avec son rire et son amour, maintient le foyer…Autant qu'elle peut, autant qu'elle le pourra…Mais le chagrin est comme une balle lancée au vent, on ne peut prévoir les dommages collatéraux….

« Tu vois, le temps est relatif. le temps existe seulement parce que nous l'inventons. »

C'est certainement la phrase qui m'a le plus percutée. Tout dans ce livre est bouleversant. La tendresse, l'amour, le deuil, les trajectoires brisées. Mais ce temps existe. Il existe dans ces pages, dans le coeur de Sara, dans cette famille endeuillée. Il existe dans le jardin, dans les confidences aux orchidées, entre les murs de cette maison. Il existe parce que lorsqu'il vient en nos mains. À chaque page tournée, lue, appréciée, il se réinvente en nos imaginaires. Je voyais le goyavier, les fourmis,
le lapin, les chauves-souris, les colibris. Je voyais la nuit, le manque, la douleur. J'imaginais la confiture, le sirop, la pâte de goyave…Je m'en délectais. Tout existait, et si vous grattiez, autour de ce titre énigmatique -Comment j'ai tué mon père- il se pourrait que les graines d'amour laissées par l'autrice, se remettent à fleurir par vos yeux humides…

« Si le bonheur existait, il ressemblait à cet instant. »
Lien : https://fairystelphique.word..
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Un titre percutant et une belle couverture pour ce texte qui va nous emmener à Medellin, en Colombie.
La narratrice-auteure va nous raconter comment sa vie de jeune fille de onze ans va basculer quand son père va être assassiné par un tueur à gages. Et comment sa famille heureuse va basculer dans le deuil et comment chacun va essayer de surmonter ce malheur. Un texte très personnel et très sensible de la part de cette fille aînée.
« J'ai encore du mal à croire qu'à peine trente-cinq grammes d'acier et un gramme de poudre aient pu détruire une famille. Je l'atteste pourtant. Ils ont détruit la mienne ».
Elle décrit très bien les sentiments de chacun, les non dits, les ressentis de chacun des membres de la famille : que ce soit sa mère, qui va tenter de rester digne, debout et qui va aider à aller de l'avant, avec le leitmotiv "çà va aller". La narratrice va raconter avec beaucoup de sensibilité, de délicatesse, d'humour, les dommages collatéraux de cet assassinat au sein de la famille. Elle va parler avec beaucoup de subtilité des ses frères, les triplés qui chacun à sa façon va essayer de surmonter ce drame. Un très beau et touchant portrait de l'un des jumeaux qui va tomber dans la violence, les drogues et que la famille ne réussira pas à sauver.
Elle nous parle de sentiments très personnels, de souvenirs heureux avant le drame, de cette grande maison avec sa flore abondante, l'insouciance de l'enfance, broyée par ce drame.
"Il fallait que nous soyons forts, invincibles, durs, très durs, pour qu'aucune balle ne puisse nous traverser." (p70)
Elle va nous narrer les moyens que chacun va tenter de trouver pour aller de l'avant "Ce sont le soleil, l'eau et la littérature qui nous ont toujours donné de meilleurs conseils."
Et un bel hommage à la littérature et les livres à lire et à écrire qui vont la sauver. "Si j'ai renoncé à l'idée de mourir, c'est seulement parce que les morts ne peuvent pas lire. Plus je lisais, plus je prenais conscience de tous les ouvrages que je n'avais pas encore lu. C'était infini, il me faudrait mille vies pour y arriver. Les livres m'ont sauvée." (p75).
Un texte bouleversant, intime mais qui fait aussi du bien car il parle de résilience, d'acceptation du drame.
Il y a aussi beaucoup d'humour dans ce texte et en particulier, la gestion quotidienne de 4 enfants et de triplés. Sa mère aurait presque besoin d'un permis de transport scolaire pour emmener les enfants à l'école, une liste d'excuses pour les retards à l'école.
Puis elle va nous parler de sa vie d'adolescence, de jeune femme et de ses rapports aux autres, aux hommes.
Un très beau texte, très personnel et nous ne saurons pas pourquoi son père, avocat, a été assassiné mais cela en fait aussi un texte universel sur les dégâts collatéraux d'assassinat.
Une très belle traduction d'Anne Plantagenet, qui nous permet de voir ce jardin, de sentir les odeurs des plats.
Malgré un sujet si intime et difficile, je vous conseille la lecture de cet texte.
#Commentjaituémonpère #NetGalleyFrance
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Et si pour définitivement tuer son père il fallait simplement lui redonner vie à travers les pages d'un livre pour rendre sa mort plus acceptable ?
Dire que j'ai "aimé" ce livre sonne particulier quand on connaît l'histoire qu'il raconte (autobiographie romancée). Je vous dirais donc je l'ai trouvé intelligemment écrit. On retrouve entre ces lignes la crainte qui colle à la peau de l'autrice, petite fille. On y retrouve le goût amer de tout qui s'effondre sans que l'on ne puisse rien y faire, les murs qui s'effritent, le sol qui tremble. Et le courage qu'il faut, celui qu'on a bien malgré nous pour continuer à dire "ça va aller", puisque finalement... y a-t-il autre chose à faire ?

Un roman un cathartique particulièrement réussi.
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Merci infiniment aux Editions Stock et à Netgalley France de m'avoir permis de découvrir ce roman et cette auteure
Je reste sans voix et les larmes au bord des yeux en terminant la lecture de ce roman autobiographique de Sara Jaramillo Klinkert , écrivaine colombienne.
Evidemment, ce récit, on le lit dans ce titre énigmatique aborde la mort, décortique le deuil, analyse et si par malchance la vie vous a fait connaitre la même situation cela peut être difficile ! attention ce n'est toutefois jamais pathos ni lambinant car il y a du rythme entre ces pages.qui déroulent la vie de cette jeune femme depuis la fin tragique de son père. On passe allègrement du passé au présent car l'autrice a choisit de nous partager son quotidien avec ses réflexions et phrases chocs et un regard très moderne sur la façon d'écrire le deuil, avec beaucoup d'humanité. Les retours dans son passé, la vie avant, pendant et au décours de la mort du père sont justes. La vie assez chiche de cette famille nombreuse colombienne qui entre les frères du même âge, les membres de la famille, la mère qui se bat pour tenir haut la tête et faire avancer ses enfants n'a pas été facile pour Sara mais cette enfance dans cette grande maison de Madellin noyée dans les plantes et dans l'amour prend beaucoup de sens pour aider à se reconstruire. La nature, les animaux prennent également une place importante dans ce roman.
Seulement les souvenirs sont bien minces quand la mort frappe l'être aimé pendant l'enfance et l'on revient invariablement à l'annonce fatidique, au chamboulement , au manque, à cette vie qui s'écroule, à l'incompréhension ....
C'est pourtant si joliment raconté, émouvant sans être larmoyant !
C'est un bon roman qui aborde un sujet difficile avec les yeux d'une enfant qui devient femme et qui fait preuve d'une force de caractère incroyable
Bravo à cette jeune autrice !!!
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Salut tout le monde aujourd'hui je vous parle de ce petit roman !

�omme c'est un roman autobiographique il est très compliqué de faire un avis dessus, on ne peut pas jurer la vie de quelqu'un et encore moins ses sentiments alors je vais me contenter de parler de la structure et de l'écriture 🫶

�éjà l'histoire de Sara est très touchante et elle est très courageuse d'avoir livré ainsi une partie si difficile de sa vie 🌸

�n ce qui concerne le roman en tant que tel j'avoue avoir eu du mal à suivre à cause de la narration, l'intrigue est très décousue, passant du présent au passé puis du passé proche au passé lointain etc, j'étais pas mal perdue 😅

� plus la fin m'a laissée très perplexe, sur les derniers chapitres on change de narrateur, on rencontre des gens pour pas grand chose etc enfin je n'ai vraiment pas compris…c'est dommage car globalement le roman est bien écrit avec une plume assez poétique 🍃

🌸Je pense que ce roman est avant tout fait pour les adeptes d'autobiographies, chose que je ne suis pas ahah !

🌸Par contre je n'ai pas compris le titre 😅

~Il vous tente ?

Citation :

« Quand quelqu'un meurt, on a tendance à s'accrocher aux souvenirs, à rassembler les fragments. C'est une lutte permanente contre l'oubli, qu'il est impossible de gagner. le temps passe, telle une tempête arrachant tout ce qui n'est pas très solide. Et même ce qui paraît le plus solide est menacé de disparition. »

&#xNaNCollaboration commerciale non rémunérée&#xNaN
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Je referme ce roman le coeur serré et chargée d'émotion.. cet hommage est d'une grande douceur et écrit avec beaucoup de bienveillance et de poésie.
Comme une ôde à la nature, on y croise la passion dévorante de cette mère pour les plantes, les souvenirs qui nous hantent et cette résilience qu'il faut surpasser.
Universel, je pense qu'il peut toucher tout un chacun et nous rappeler qu'il faut vivre chaque instant comme si c'était le dernier car nous ne savons pas de quoi demain sera fait.. car malgré de profondes racines et un gros tronc, rien ne dure éternellement..
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Comment j'ai tué mon père 👨🏼
.
A onze ans seulement, la jeune Sara va perdre son père, assassiné par un tueur à gages. La jeune fille sait que rien ne sera plus comme avant, en passant brutalement de l'enfance insouciante et aimante au passage adulte. 👩🏼
.
L'autrice retrace avec poésie, nostalgie et beaucoup d'humanité les souvenirs et les passages à vide de cette famille qui a dû rester soudée et se battre pour ne pas sombrer. 🫂
.
On parle des souvenirs d'enfance qui ont bercé la vie de nos personnages : la cabane que construisait le papa, l'odeur des mangues fraîches, le crépitement des galettes de maïs : tout un panel de bribes du passé qui viennent s'ajouter au présent. 💛
.
« Dans le monde réel, on n'a pas trois vies, comme dans les jeux vidéos. On n'en a qu'une, et quand on la perd, c'est pour toujours » ✍🏼
.
Un roman court : choc et émouvant. A découvrir rapidement 😍📖
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