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Critique de Agneslitdansonlit


Quelle étrange contradiction pour moi que de me sentir encore imprégnée, voire envoûtée, par un roman appartenant à un genre, la science-fiction, qui n'est habituellement pas ma "tasse de thé", et qui, en plus, a mis ma patience à rude épreuve sur le premier tiers du récit.

Comme j'ai souffert au début de ce roman à devoir m'immerger dans un univers futuriste, ne correspondant donc à aucune image mentale connue, sauf à les emprunter à Star Wars! J'ai trouvé la mise en place de cet univers fort longue, la découverte des protagonistes assez fastidieuse, pour qu'enfin ma délivrance ait lieu et que mon intérêt soit sacrément aiguillonné!

Malgré des longueurs et des omissions de développement quant à cet univers imaginaire (dont j'aurais aimé comprendre un peu mieux l'histoire, le fonctionnement et ne serait-ce que les termes spécifiques utilisés par l'auteur!), le fait est que Simon Jimenez a réussi superbement à tirer de ce cadre lacunaire une histoire puissante, touchant à des sujets majeurs. L'auteur manipule les notions de temps et d'espace, me donnant parfois le vertige ! Mais dans un contexte où l'Homme s'est définitivement avéré destructeur, l'auteur ramène le noeud du récit à l'Humain, j'en ai été intensément touchée.

"Cantique pour les étoiles" repose sur plusieurs personnages centraux, que l'auteur nous fait côtoyer tour à tour, ne lésinant pas sur leurs histoires, leurs cheminements, leurs époques et leurs caractères respectifs. À cette occasion, certains pans du récit traînent en longueur. Mais ils nous rendent les protagonistes proches, voire intimes.

La Terre a été depuis bien longtemps abandonnée par les humains, qui l'ont tant malmenée qu'elle en est devenue inhabitable. Des avancées scientifiques, aussi séduisantes qu'effrayantes, ont permis à l'espèce humaine, de coloniser des exoplanètes, de vivre sur des stations spatiales et de voyager par le biais de la "Poche", une contraction de l'espace - temps (ce concept est peu développé, le côté scientifique est laissé de côté...) qui permet, lorsque vous l'empruntez de n'y passer que quelques semaines alors que, lorsque vous en sortez, plusieurs années se sont écoulées sur les planètes que vous quittez ou rejoignez.

Dans la Poche, on vieillit donc peu, pendant que les proches laissés sur les planètes, accumulent les décennies. Voilà un aspect qui m'a beaucoup troublée, ce rapport au temps, et donc à la vie et à la mort puisque, cumulé à la pratique de la cryostase, l'auteur frôle le concept d'immortalité. Les souvenirs des gens aimés, disparus (puisque coincés dans un temps normal), s'estompent. Alors que reste-t-il d'une personne quand ses liens affectifs se dissolvent ? Reste t-on humain quand on traverse ainsi le temps sur un millénaire. Cet aspect là m'a passionnée et m'a donné le tournis.

Tour à tour, la focale se concentre sur Nia Imani, capitaine de cargo ; sur Kaeda, cueilleur de dhuba sur la planète Umbai -V; sur un mystérieux garçon, échoué sur cette dernière dans une capsule et recueilli par Nia ; sur Fumiko Nakajima dont on fait la connaissance depuis son enfance et jusqu'à un âge avancé, certainement le personnage qui m'a le plus intéressée. Cette dernière est à l'origine du projet des grandes stations spatiales.
Puis, enfin, la mise en abîme finale relie tous ces personnages.

L'auteur met en exergue fatalement le caractère destructeur de l'Homme, soulevant ainsi la problématique écologique. Mais j'ai particulièrement apprécié qu'il fasse entrer en scène les multinationales, avides, toujours à courir après le profit, profitant d'une découverte scientifique pour la détourner de façon inhumaine, et développer un tourisme de masse, gommant ainsi les spécificités de chaque planète, de chaque peuple, uniformisant tout un univers, le soumettant à leurs diktats. Un constat effrayant, me laissant un goût amer, qui ne peut que nous interpeller.

Au final, un roman qui malgré ses défauts et en tant que non-adepte de SF me restera en mémoire.
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