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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Roman écrit par un écrivain d'origine chinoise, mais émigré aux USA, il a été publié en anglais en 1999 et en traduction française en 2002. Il évoque la société chinoise de la fin des années 60 jusqu'au années 80.

Les deux personnages principaux, ceux qui vont vivre la longue attente du titre, sont Lin Kong, un médecin militaire, ainsi qu'une infirmière Manna Wu. Ils travaillent tous les deux dans le même hôpital militaire et tombent amoureux. Mais Lin Kong est marié : un mariage arrangé par ses parents, qui ont choisi l'épouse, Shuyu. Cette dernière s'est occupée avec dévouement de ses beaux parents jusqu'à leur mort, et elle a donné une fille à Lin Kong. Mais ce dernier ne l'aime pas, a honte de ses petits pieds bandés, et ne va la voir qu'une fois l'an, pendant ses congés dans leur village natal. La rencontre avec Manna change la donne : il demande le divorce. Shuyu consent en apparence mais à chaque fois, à chaque retour de Lin au village, lorsqu'il l'amène voir le juge, refuse au final, sans doute poussée par son frère. Les choses traînent ainsi, car même dans l'absence de vie conjugal, il faut 17 ans pour que le divorce soit prononcé, malgré le refus de l'épouse. Lin et Manna, sans l'avoir prémédité, vont donc endurer cette attente, même si Manna a bien tenté de trouver un autre prétendant, mais sans succès.

Un roman vraiment intéressant, qui montre le fonctionnement de la société chinoise de l'époque, la manière dont tous les aspects de la vie des individus sont contrôlés. Lin et Manna sont ainsi dans l'impossibilité de vivre une liaison en attendant de pouvoir se marier : déjà par manque de lieu adéquat, et aussi parce que cela aurait des conséquences funestes sur leurs vies. Tous les interdits et normes paraissent complètement intégrés par les individus, qui à aucun moment ne se permettent d'émettre la moindre critique contre le système. Il s'agit surtout de ne pas se faire remarquer, de ne pas faire de vagues, d'être dans la ligne. En espérant pouvoir construire un semblant de bonheur dans les interstices. L'auteur montre aussi comment tout cela corrode les personnes, qui ne s'en rendent même pas compte, et qui tournent leurs frustrations contre elles-mêmes ou contre les gens de leur entourage. Plutôt que de penser que les choses ne vont pas, qu'elles sont injustes ou idiotes. A aucun moment les personnages du roman ne s'autorisent de juger les règles qu'ils subissent, qu'ils semblent considérer comme des lois de la nature, qu'il s'agit de comprendre et auxquelles il faut s'adapter le plus rapidement possible. Car il y a des changements, en fonction d'une conjoncture politique, que l'on devine plus qu'on ne la voit. Car là aussi, on est dans l'indicible, le non formulé. On entrevoit par exemple à la fin du roman un démarrage du capitalisme, on voit certains s'enrichir, acquérir des biens, faire du commerce. Mais tout cela dans une sorte de flou, du non dit. Certaines choses deviennent tout d'un coup autorisées alors qu'elles étaient interdites, il ne s'agit pas de juger, mais de suivre, tout en essayant de ne pas trop en faire, car un retour du bâton est toujours possible. Cela dresse au final un tableau assez terrifiant de la mentalité chinoise, d'une forme de sur-adaptation à la tyrannie.

Mais le roman est aussi drôle, d'une manière assez subtile, dans le second degré. Alors qu'il dépeint la vie de personnes empêchées, bridées, cassées. Avec empathie et intérêt, mais sans oublier une forme d'esprit critique, sans oublier leurs défauts et petitesses. Un tragique du quotidien centré sur des individus ordinaires, avec leurs faiblesses et ridicules, mais aussi toute leur humanité, même si des barrières rendent son expression compliquée.

Une très bonne lecture.
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