M'étant séparé de mon moi illusoire j'ai cherché désespérément un sentier et un sens pour la vie
J'ai toujours fui les contacts négatifs et recherché des amis qui puissent être mes maîtres.
Je voudrais, pour terminer ce livre, revenir à ma jeunesse
et à nouveau être assis sur la branche d'un arbre
à côté de mon ami poète, pour,
comme en cette occasion inoubliable, déduire,
de tout ce que nous ne savons pas,
le magnifique et peu que nous savons :
Je ne sais où je vais, mais je sais avec qui je vais...
Je ne sais où je suis, mais je sais que je suis en moi.
Je ne sais ce qu'est Dieu , mais Dieu sait ce que je suis.
Je ne sais ce qu'est le monde, mais je sais qu'il est mien.
Je ne sais ce que je vaux, mais je sais ne pas me comparer.
Je ne sais ce qu'est l'amour, mais je sais que je jouis de ton existence.
Je ne peux éviter les coups, mais je sais comment les supporter.
Je ne peux nier la violence, mais je peux nier la cruauté.
Je ne peux changer le monde, mais je peux me changer moi-même.
Je ne sais ce que je fais, mais je sais que ce que je fais me fait.
Je ne sais qui je suis, mais je sais que je ne suis pas celui qui ne sait pas.
Les définitions ne sont que des approximations. Quel que soit le sujet, son prédicat est toujours la totalité de l'univers.
La faim fait naître des artistes [...].
Les gens ne veulent plus souffrir, mais ils ne sont pas disposés à en payer le prix, c'est-à-dire changer, à ne plus vivre en fonction de leurs précieux problèmes.
Je me souviens d'un conte bouddhiste : Deux moines méditent au milieu de la nature ; de nombreux lapins entourent l'un deux, aucun n'approche l'autre. Celui-ci demande : "Si tous deux méditons avec la même intensité le même nombre d'heures chaque jour, pourquoi les lapins t'entourent-ils et pas moi ? - C'est très simple, répondit l'autre, parce que je ne mange pas de lapin, toi si !"
Me mettant à la place de ce qui n'était pas moi, j'eus la sensation que tout était conscient, que tout était doté de vie, que ce que je croyais inanimé était une entité plus lente, que ce que je croyais invisible était une entité plus rapide. Chaque conscience possédait une vitesse différente. Si j'adaptais la mienne à ces vitesses, je pouvais entamer des relations enrichissantes.
Oui, le monde était un tissu de souffrance et de plaisir ; dans chaque acte le bien et le mal dansaient comme un couple d'amants.
L'inconscient n'est pas scientifique, il est artistique.
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