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Critique de AMR_La_Pirate


Avec le Matin est un tigre de Constance Joly, j'arrive à ma sixième lecture pour cette sélection des 68 premières Fois

Ce premier roman, vu son format court, à peine 154 pages, est plus un conte qu'un véritable roman ; en effet, j'ai toujours un peu de mal à qualifier de « roman » un texte de moins de 200 pages…
Du conte, il y a l'ambiance onirique et l'étrangeté ; il y a aussi une leçon de vie à retenir…

Le tigre du titre évoque un grand félin d'Asie, cruel et sanguinaire. Ici, chaque journée de l'héroïne devient un combat contre un tel adversaire figuré, puissant et redoutable ; elle combat la maladie de sa fille et les casseroles qu'elle-même traine après elle depuis toujours.
Les chardons sont des plantes sauvages, coriaces et piquantes ; elles symbolisent la douleur, la difficulté mais leurs épines peuvent se révéler protectrices.
Le matin annonce un jour nouveau, un futur à la fois prévisible et inconnu. Parfois, quand cela ne va pas, chaque nouvelle journée est une bataille à mener.

Constance Joly revisite L'Écume des jours de Boris Vian avec la maladie représentée par l'allégorie d'une plante se développant à l'intérieur du corps du malade. C'est un livre culte… J'étais donc à la fois bien disposée en commençant cette lecture et un peu exigeante aussi car il fallait éviter l'écueil de la pâle copie.
L'auteure a le talent de le faire avec élégance, dans une écriture à la fois poétique et très actuelle ; elle nous parle de relations familiales, de rapports de couple et, surtout, met en lumière une proximité mère-fille qui interroge et émeut en même temps.
J'avoue avoir un faible pour les récits qui mêlent réalités quotidiennes et visions métaphoriques ; j'ai adoré ce texte où « la vie réelle et la vie rêvée se mélangent » et où les fardeaux moraux deviennent de vraies sacs, valises ou malles à porter, où le fantôme d'une célèbre voleuse apparaît pour aider l'héroïne à y voir clair et où les chats ont le don d'ubiquité. J'aime aussi lire à travers les symboles et la cécité est un état qui me parle beaucoup, me rappelant entre autres les aèdes, ces récitants aveugles de l'Antiquité.
J'apprécie de retrouver un bel univers référentiel dans ce que je lis. Quel plaisir, par exemple, de retrouver Emily Dickinson que j'associe à une figure singulière de recluse marquée par le deuil, à la poésie concise et concrète !

Vous l'aurez compris, Constance Joly m'a captivée avec ce petit bijou, cette parenthèse littéraire, ce temps de lecture suspendu.
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