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Critique de DragonLyre


Cela faisait un bon moment que les best-sellers à répétition de Jonas Jonasson m'intriguaient, et j'ai enfin pris le temps de me pencher sur la question. Maintenant, j'en viens presque à regretter d'avoir tant tardé !

Dans Douce, Douce Vengeance, tout commence de manière presque décousue. Nous partons d'abord à la rencontre de Victor Alderheim en Suède, un jeune rageux d'Extrême Droite dévoré par ses idéologies nationalistes autant que par ses ambitions. Mais comme il n'a rien, il décide de se simplifier la vie en prenant tout à d'autres. En l'occurrence, un propriétaire de galerie d'art facile à manipuler et sa fille Jenny tout aussi naïve que lui. C'est l'histoire de la belle oie blanche qui se fait plumer sans vergogne… du moins dans la première partie de cette épopée ubuesque. L'auteur nous emmène ensuite en Afrique où nous découvrons la tribu d'Ole Mbatian, qui cumule deux casquettes : celle de guerrier massaï et d'homme-médecine. Alors que nous prenions nos marques au fin fond du Kenya, loin de la civilisation moderne telle que nous la connaissons, Jonas Jonasson coupe court aux attentes de son lectorat en nous projetant dans le passé, en Allemagne, afin d'en apprendre davantage sur Irma Stern, une célèbre peintre expressionniste. le feu d'artifice ne s'arrête pourtant pas là !

D'abord décontenancée par cette galerie de personnages hauts en couleur qui ne semblaient pas être amenés à se rencontrer, j'ai finalement pris grand plaisir à apprendre à les connaître, même les plus détestables. L'intrigue a besoin d'un certain nombre de pages avant de se mettre réellement en place, en particulier avec tous ces mouvements de va-et-vient à l'international, mais Jonas Jonasson déploie tant de verve dans sa plume qu'on ne peut qu'adhérer et en redemander. Il a une manière bien à lui de rendre légers l'humour noir et le cynisme. Les complots de Victor envers son épouse Jenny, c'était déjà du costaud, mais quand vient s'y ajouter Kévin, son fils illégitime, métis né de ses relations avec une prostituée (rappelons au passage à quel point le bonhomme est raciste), cela tourne au grand délire avec virée en avion jusqu'au Kenya et l'équivalent – en pire – d'un abandon sur une aire d'autoroute. Lorsque Kévin et Jenny se rencontrent enfin au coeur de leurs malheurs respectifs, ils décident d'unir leurs forces contre leur ennemi commun. le karma a parfois besoin d'un coup de main, n'est-ce pas ? Signe du destin, ils tombent sur une petite boutique flambant neuve : « La Vengeance est douce S.A. », dirigée par Hugo Hamelin, ancien publicitaire de génie. Embarqué dans l'histoire rocambolesque de ces deux jeunes gens sans le sou, Hugo jongle entre lama et chèvre, faux et usage de faux, vengeur masqué et arroseur arrosé, guerrier massaï incontrôlable et flic bourru à la veille de la retraite.

À cette croisée des chemins, le choc des cultures ne peut que faire sourire. La plume de Jonas Jonasson est aussi malicieuse que délicieuse. Il nous offre un véritable vaudeville, riche en rebondissements et en idées farfelues. J'ai souvent essayé d'anticiper comment tout cela allait bien pouvoir finir et il est parvenu à chaque fois à me surprendre, tantôt par son excentricité, tantôt par cette aisance avec laquelle il se rit de nos défauts ou des travers de notre époque. J'adore quand un auteur m'embarque à ce point dans son imaginaire débridé, tout en titillant ma curiosité vis-à-vis d'une autre forme d'art (ici les peintures d'Irma Stern) au point de me faire marquer une pause dans ma lecture afin de googliser tout ça et me coucher moins bête.

Aussi irrévérencieuse et improbable que l'histoire de Victor, Kévin, Jenny, Ole et Hugo puisse être par moment, on ne peut qu'applaudir l'intelligence et l'audace de son auteur. La vengeance est un plat qui se mange froid, surtout en plein hiver suédois !
Lien : https://dragonlyre.wordpress..
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