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Critique de Ambages


« Je suis affecté au service de rééducation. Mon port d'attache en quelque sorte. N'allez pas croire ça, il ne s'agit pas de coller les vieux dans un lit et d'attendre qu'ils claquent ! Ah non, non, non ! Avant, il faut qu'on les opère, qu'on les irradie, qu'on essaie sur eux les nouveaux médicaments, et surtout qu'on les rééduque ! Manquerait plus qu'à 90 ans ils marchent de travers ! Marcher droit, bouffer droit, crever droit, et qu'ça saute, une, deux ! »

Fredo, mon Fredo avec sa copine militante syndicaliste… Il travaille dans un hosto et pousse des chariots. Avec plein de vieux dessus. Mais « en langage médical (...) ils disent gériatrie. » Ça fait bal des faux culs mais c'est politiquement correct.

Il rencontre Lepointre, un vieux, ou plus exactement un vieux de la vieille. Mais pas de la vieille garde impériale, non Monsieur.

Lepointre c'était une pointure du milieu, et voilà qu'il s'est cassé le bras. Alors il atterrit à l'hosto. Fredo pousse le chariot et Lepointre pousse Fredo ...à y croire. Pas à cette vie dans l'hosto, non. A la vie avec un grand V, celle qu'on pourrait s'offrir si on était plein aux as.

Alors quand ils apprennent qu'une vieille cache un magot dans sa chambre... L'envie, l'aventure, bref la machine se remet en marche chez Lepointre et ça gamberge sec.

Ah ! Fredo et Lepointre étaient faits pour s'entendre. Ca gouaille pareil, ça magouille pareil et ça rêve pareil parce que ça voit trop bien le réel. « Depuis que je pousse mes chariots, jamais je n'ai vu quelqu'un sortir d'ici vivant, sauf pour aller dans un autre hosto, ce qui n'est pas du jeu ! »

J'ai beaucoup ri parce la plume est foisonnante, drôle, acharnée aussi. J'ai ri aussi parce que Thierry Jonquet sait faire rire pour ne pas pleurer. Il dénonce avec force un monde où le vieux n'est plus qu'une « odeur de pus qui suinte des escarres en technicolor, à ciel ouvert, d'où pointe l'os à nu. » Il crie « jamais comme ce jour-là je n'ai autant haï l'hosto, jamais autant vomi son odeur » parce que l'hosto « traîne une sale odeur, mon hosto. Une odeur de pourriture, d'oubli, de boue, et de pisse. » Sa force réside dans son écriture et sa vision de la réalité, qu'il connaissait pour y avoir travaillé, qu'il transcende pour en faire un polar à l'humour noir ravageur. de la manière dont on gère les personnes âgées, l'attitude des médecins, du personnel et jusqu'à la morgue… Jonquet fait le tour de l'hospice et n'épargne aucun service. J'ai encore une fois adoré Jonquet. On la connaît tous « l'odeur de l'hosto. Pas de l'hôpital, de l'hosto. de l'hosto à vieux. de la décharge à vieux. »

Allez Fredo ! pousse ...la porte pour une fois ! Et tire toi avant d'être vieux.
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