La folie ne s'apprivoisait pas
L'art de la persuasion était réellement le point fort de Nora Belhali.Laurent Delapierre l'avait rapidement compris cinq ans plus tôt.
pour moi,écrire c'est comme pleurer.Je ne suis pas habituée.
Mais avant tout ,le siège de la brigade des mineurs de Paris,installée sur deux niveaux.Voilà pourquoi elle était revenue.
Le capitaine Delapierre m’a enfin parlé. Je crois qu’il est timide, en fait. Je suis installée juste en face de son bureau, côté fenêtre, dans une grande pièce que l’on partage à quatre.
Je suis impatiente. Aujourd’hui, on a passé la journée à Créteil, pour l’habillement. Nous étions plus de trois cents. J’ai eu droit à deux beaux uniformes tout neufs. Ça me boudine un peu mais ce n’est pas grave, là où je vais, je n’en aurai pas besoin.
La police parisienne dans toute sa splendeur. Toutes les catégories, tous les corps de métier, beaucoup de spécificités, presque autant de femmes que d’hommes, une Antillaise, une Maghrébine. Oui, c’est ça, elle portait un nom arabe. Benachi, Benali, quelque chose comme ça. Nora Benali peut-être… quelque chose d’approchant.
Comment s’appelait-elle, déjà ? Son nom, son nom enfin ? Nora, oui, Nora. C’était Nora, oui c’était une certitude. Et là, à taille surhumaine sur cette toile jaunie par les sédiments portés par le fleuve, elle était tout sourire. Nora Ben quelque chose. Un nom qui finissait en i, ça aussi c’était sûr.
Elle marchait, toujours au même rythme, imperturbable, tel un automate, malgré les premières gouttes de pluie, malgré les jambes lourdes et des orteils serrés dans ses chaussures de cuir. Le nord, encore le nord. Comme une femme qui entend revivre son passé, qui revient aux sources.
Marcher sans s’arrêter, malgré le vent du nord qui charriait contre son visage de fines gouttes de pluie froides, piquantes, qui vous déshabillaient de la ceinture à la tête.