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Critique de Christian_Attard


Il est inutile de refaire le dix huitième résumé de la trame narrative de ce roman, de revenir sur les polémiques, violences et excès qu'il a forcement suscités.
Tout d'abord, pour moi, une évidence : l'exercice de style. Pour qui a un peu fréquenté Joris-Karl Huysmans, la parenté est flagrante. Jourde en est l'admirateur, le descendant brillant. L'alcoolisme, la dureté, la violence de ces existences paysannes offraient autant de sujets à cette prose d'une rare force évocatrice. Mais qui paraît inadaptée ici. Puis, l'étude ethnographique dans laquelle Jourde semble aussi se plaire d'autant qu'il sait profondément, viscéralement de quoi il parle. Etude portée par l'amour, même si cela semble paradoxal, de son sujet et par la révolte que suscite sa condition misérable.
Maintenant, l'auteur s'est-il laissé stupidement dépasser par la jouissance créatrice que lui offraient ces deux champs ? Très certainement, au point d'être parfois absurdement maladroit, manquant de discernement comme lorsqu'il compare cette dent unique à un monocle porté par dandysme !
Avait-il besoin de s'empêtrer dans des histoires banales d'adultères, de s'approcher au plus près des vices ou excès des uns et des autres au point qu'ils se reconnaissent, sûrement pas.
Enfin, a-t-il fait preuve de réalisme orienté, de naturalisme obtus ? Je ne le pense pas. Pour qui, comme moi a fréquenté le monde paysan durant de longues années, tout ce qu'il décrit ici, était et est toujours la pure vérité. Beaucoup plus que chez le trop médiatisé Depardon, il faut aller chercher chez le plus discret Pierre Collombert ces photographies de ces pays et paysans perdus, oubliés de tous. Alcool, consanguinité, pauvreté, saleté règnent toujours au fin fond du Tarn, du Gers, de l'Aveyron et de bien d'autres départements français. Moins sûrement qu'autrefois mais il n'y a plus grand monde pour briser les langues de bois de nos politiques ou de nos travailleurs sociaux à ce sujet.
Le service d'Urgence où je travaille, reçoit encore aujourd'hui de ces vieux paysans empestant le purin, la sueur et le feu de bois, de ces vieilles lavées une fois la quinzaine, abandonnées de tous et dont les pieds tombent sous la gangrène et les vers, de ces jeunes agriculteurs en comas éthyliques, dès le vendredi soir. C'est la France invisible, celle des sans dents, bien loin des entrepreneurs agricoles rutilants que courtisent les semenciers et les médias.
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