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Citations sur Pays perdu (46)

Pourtant, lorsque j'y pense à présent, tout en me reprochant de tenir à un lieu, je finis par comprendre que se recueille encore là, peut-être, cette bizarre qualité: le sentiment même de la perte, dans toute sa douloureuse intensité. (p.18)
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Que les qualités de ce qu'on aime nourrissent en secret des chagrins, on l'ignore presque toujours. On ne veut pas le voir. On le pressent cependant, dans la crainte qui s'attache aux choses belles, on tourne autour, on se garde d'ouvrir la porte, sachant ce qui se tient derrière, avec sa force atroce. Vivre n'est possible que si la porte est fermée.
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M. Soubeyran était extraordinairement maigre et osseux. À l'arrivée d'un visiteur, ou de clients, lorsque l'auberge fonctionnait encore, il se fendait d'un mince sourire. Fendait est le terme exact, car M. Soubeyran disposait de très peu de peau pour effectuer cette opération. […] L'œil de verre lançait un éclat. Le sourire de M.Soubeyran faisait paraître une tête de mort à la place de son visage. Il est probable qu'il n'y pouvait rien, peut-être était-il un bon vieillard, mais son sourire a toujours empêché qu'on voie en lui autre chose qu'un squelette déguisé en homme.
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C’est un des lieux du monde qui m’est le plus familier, c’est un de ceux, aussi, que je préfère.

Les dalles qui mènent à cette entrée sont généralement bien conchiées. L’étable est disposée tout en longueur, mais pas dans le prolongement de l’entrée. Elle s’enfonce vers la droite. Elle est aussi dépourvue de fenêtre. Qui entre lorsque les lieux sont vides d’animaux n’y voit d’abord que du noir. L’odeur assaille d’autant plus violemment, fumet acide et rongeant, qui empoigne, qui révolte, qui bouleverse l’âme. Juste à droite de l’entrée stagne le marigot de merde et d’urine dans lequel, tout enfant, je suis tombé, vêtu d’un impeccable tablier blanc. Les stalles des vaches sont disposées de part et d’autre, dans la longueur. Les bouses tombent dans une rase qu’on nettoie régulièrement. Y tombent aussi, lors des naissances de bêtes, les eaux et les poches placentaires, amas roses veinés de rouge que les chiens dévorent.
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Ailleurs, une vieille se plaignait souvent que le crâne lui grattait, elle parlait d'irritation. Quelqu'un la décida à ôter le fichu sale qui lui entourait la t^te et dont elle ne s'était sans doute jamais séparée. Le pus accumulé dessous lui coula le long du front (p59)
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Le plaisir de la route se nourrit aussi de l'idée qu'on nous attend... (p.21)
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Ni la souffrance, ni l'absence de souffrance ne peuvent se vivre sans culpabilité. Il faudrait apprendre à ne plus s'en vouloir. (p.28)
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L'alcool est dans le sang, il engendre, il fait partie de la famille, on reconnaît ses traits dans le visage des enfants. Il prescrit les destins, en se conforme à ses impératifs, par fatalisme, sans en retirer de plaisir ni d'oubli véritable.
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Ces visages que le froid colorie violemment, sous les casquettes, beaucoup ont été sculptés par l'alcool, ces corps fabriqués par lui ou démembrés par lui. L'alcool préside aux besognes du fer de a pierre, du bois,de la corne. Il tuméfie les faces, cogne les épouses, ruine les exploitations, déforme les membres, ourdit les accidents. Lui, et lui seul.
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Le verre rempli à ras bord doit durer. Son contenu marque le développement de la première phrase, son remplissage permettra une relance. La conversation avec le vieux cousin n'implique pas nécessairement un dialogue verbal. Son fonds principal se constitue de grommellements dispersés, d'onomatopées entre lesquels on laisse s'installer un silence de bon aloi.
La-dessus, quelques remarques à propos du temps, des récoltes, de la famille viennent se détacher en guise de fioritures décoratives.
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