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Critique de Tlivrestarts


La rentrée littéraire nous réserve de très belles surprises, comme "Minuit, Montmartre" de Julien DELMAIRE, une plume que je ne connaissais pas encore et qui m'a totalement séduite.

Tout commence avec Vaillant, un chat, qui règne en maître sur tous les recoins de Montmartre, ce quartier de la capitale peuplé d'artistes. Théophile Alexandre Steinen fait partie de cette communauté, il est illustrateur, on lui doit la célèbre affiche "Tournée du Chat Noir" à l'effigie d'un cabaret du quartier. Vaillant n'est autre que le chat du peintre qui vit là depuis une trentaine d'années. Veuf, il vit modestement, sombrant presque dans la misère. Mais c'est sans compter sur l'arrivée d'une femme noire, Masseïda. Venue d'Afrique, elle cherche une maison pour l'accueillir, elle lui propose d'être sa muse mais là commence une toute nouvelle histoire !

Je ne vais pas réussir à vous le cacher bien longtemps, ce roman est d'une très grande beauté, il est charmant comme tout ce qu'il décrit, à commencer par le quartier dont il brosse le portrait. Si vous aimez flâner aux abords du Sacré-Coeur, vous y retrouverez peut-être quelques rues que vous avez l'habitude de fréquenter.

Vous l'aurez compris, Julien DELMAIRE parle de la singularité de ce territoire, et pour cela, il mobilise tous les sens. Montmartre pénètre tout votre corps jusqu'à le faire vibrer.

Il rend hommage aussi à ces métiers aujourd'hui disparus, qui rythmaient la vie de ces parisiens, à l'image de l'allumeur de réverbères. Quand venait le soir, il faisait le tour des lanternes pour les éteindre, et donnait ainsi place à la nuit, et quelle nuit. Sous la plume de l'écrivain, elle devient un brin poétique.

Julien DELMAIRE parle de la fragilité de l'édifice et de la menace qui pèse sur ce quartier voué à un programme de rénovation. Certes il y a des bâtiments, mais dans cet environnement urbain vivent également des hommes et des femmes dont l'équilibre est remis en cause. Théophile Alexandre Steinen habite rue Caulaincourt où est installé son atelier, il vit péniblement ce projet des politiques qui, aggravé par le deuil de sa femme, va lui faire perdre le goût de dessiner, peindre.

Quand Masseïda arrive dans sa vie, il ne sait pas encore que toute son histoire artistique va resurgir. Il y a plus de 30 ans, il peignait le corps de Miss Lala, une femme noire déjà. Julien DELMAIRE évoque ainsi l'évolution de l'oeuvre au fil de l'existence des artistes en fonction de leur maturité, leur expérience, leurs influences.

Mais, en abordant le sujet de la mémoire, le personnage de Masseïda ne sera pas en reste. Originaire du Royaume Mandingue, elle vit son exil comme un déchirement et la vie parisienne lui rappelle des souvenirs douloureux à l'image de cette sortie au cirque avec Théophile Alexandre Steinen et des animaux venus d'ailleurs. La condition noire du début du XXème siècle est abordée avec ce roman. Footit et Chocolat commencent à s'essouffler, la vie des étrangers est difficile et sombre régulièrement dans la prostitution pour survivre, de quoi nous donner à réfléchir avec l'actualité des migrants.

J'ai beaucoup aimé entrer dans l'intimité du peintre, vivre au sein de son atelier entouré de tous ses pigments. Je me suis laissée porter par la beauté du geste de l'artiste, la finesse du tracé. Il faut dire qu'il est servi par une plume délicate, raffinée, sensuelle aussi.

Ce roman est juste magnifique, je vous le conseille !

Lien : http://tlivrestarts.over-blo..
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