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EAN : 9782246813156
224 pages
Grasset (23/08/2017)
3.83/5   63 notes
Résumé :
Montmartre, 1909. Masseïda, une jeune femme noire au passé douloureux, vagabonde dans des ruelles mal famées. Un jour, elle frappe à la porte de l'atelier du peintre Théophile-Alexandre Steinlen qui l'accueille. Elle devient sa confidente, son modèle, son dernier amour et entre dans un monde peuplé d'artistes. Mais la Belle Epoque s'achève et le passé de Masseïda réapparaît.
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Montmartre . Nous sommes en 1909.
L'auteur nous remémore avec grâce ,un épisode oublié et méconnu de la vie du peintre et sculpteur , alors âgé , le cheveu et la barbe blanche , Théophile-Alexandre-Steinlen , le dessinateur de la célébre affiche du Chat Noir ........
Oú l'on découvre avec intérêt une belle jeune femme noire, Masseïda, aux yeux sombres et inoubliables, aux jambes sûres, au modeste ballot de chiffons pour tout bagage, barbouillés de rêves, sabordés d'absinthe, une femme -lionne qui deviendra son modéle, sa confidente et son dernier amour .........

Au "Lapin Agile ", cabaret artistique , Masseïda , la seule Africaine, rencontre d'abord un préfet mélomane, un poéte au cou de buffle, un peintre aux prunelles félines, un anarchiste violoneux, un maquereau patibulaire, deux catins en goguette, des filles de nuit et des marginaux que la syphilis et l'absinthe tuent aussi sûrement que la guerre .........
Masseïda conquiert bientôt leur coeur juste le temps d'une chanson .
Nous faisons aussi la connaissance de Vaillant , le chat d'Alexandre Steinlen , en hommage à un dynamiteur anarchiste qui portait sa queue en panache, au pelage épargné par la gale, combatif et contemplatif, connaissant le quartier comme les replis de sa pelisse, sa toison se confondait avec la poussière des jours.......
Oú l'on rencontre Picasso et sa bande, Guillaume Apollinaire, Aristide Bruant, Jean-Grave , le théoricien libertaire, et Felix-Feneon, le critique d'art.......

L'auteur nous parle d'un temps où la Butte de Montmartre était constellée de cabanons, de chalets, de buttes qui faisaient la nique aux lois d'airain de l'architecture , du temps de la jeunesse du peintre Steinlen .....
De tout cela ne subsiste que quelques jardinets ........
L'époque Hausmannienne avait tout méthodiquement cadastré et arasé .......
Bientôt le goudron couvrirait la terre car il fallait assainir la Butte et assurer la salubrité de la Capitale ........
Où l'on rencontre tout de même César van Hove, un des derniers allumeurs de réverbères , un vieil homme providentiel ......

Un livre enchanteur entre Recherches historiques et magie du fil du récit , une bien belle découverte , à l'écriture poétique et lumineuse , ciselée, soignée, imagée à souhait, qui nous parle avec raffinement et une intense sensualité du temps de la Bohème , de la misére qui se tenait là , aux abois, et des jours fastes où les dessins du peintre se vendaient sur les quais de Seine , grâce au renouveau et à la chaleur de la belle Massseida,.......
Une prose à l'apparence d'un conte, ponctuée de "langage parlé" , qui ajoute gouaille et panache à ce témoignage lumineux et nostalgique à propos d'une époque lointaine , plus ou moins oubliée , chère au coeur de tous les Parisiens !
Dire que je ne connaissais pas Julien-Delmaire , cet écrivain poéte !
Livre choisi à cause du titre à la Médiathéque .
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Masseïda est venue d'Afrique, migrante des années 1900, -déjà ! - qui a connu un passage sur un bateau avec viol et violence - déjà ! - et s'est retrouvée à Montmartre avec pour tout bagage sa ferme volonté et sa grâce de déesse bambara. Sa voix aussi. Quand elle chante une mélopée de son village, tout le Chat Noir retient son souffle, subjugué. Parmi les spectateurs, dans une faune hétéroclite, les marlous de Paris les artistes qui crèvent de la vie de Bohême, les proxénètes qui la mettraient bien sur le trottoir, les gigolettes et les filles de joie-filles de peine. Mais surtout, lui, Steinlen, l'artiste peintre des chats, celui qui réalise des lithos et les affiches du Chat Noir, le peintre flamand déjà vieux et chenu, qui n'attend plus grand-chose de la vie ni de son art. Ses plus belles toiles, il les cache sous des toiles blanches dans le secret de son atelier. Là où débarque un jour la belle Africaine qui cherche refuge. Et un nouveau départ sera donné à sa vie.

Ce livre, beau et secret comme un poème africain, comme un tissu peint par le peuple bambara, fait revivre pour nous, lecteurs repus et bénéficiaires d'une paix inestimable dont le sens nous échappe, le monde des années d'avant la guerre de 14-18, dans ce Paris populaire, pas encore pris d'assaut par la bobo-itude actuelle, ces rues Caulaincourt (où vit Steinlen) Saint-Vincent (chantée par Bruant), Lepic (d'avant Amélie Poulain). Il y a là mille vies, mille destins qui se côtoient, s'acceptent, se respectent. Allez vous promener Place du Tertre aujourd'hui...

L'amour-amitié qui lie Steinlen et Masseïda est tendre et respectueux, plein de compassion et d'indulgence. Malheureusement, les fléaux de l'époque font des ravages : la misère, l'absinthe qui nécrose le cerveau, et puis la Guerre, la der des Der, qui embauche à tour de bras les Parisiens, comme les autres, les gamins qui rêvent de gloire, les Africains, à qui, enfin, on dit merci d'être là ! Pour mieux les oublier, quand les hostilités auront cessé....

J'ai aimé le style de cet auteur, qui allie l'argot gavroche du titi parisien, la langue verte des artisans et des artistes à un français limpide et poétique, tout empreint de la grâce africaine. J'ai aimé le courage de la jeune femme, la voir lire lire son passé détestable dans les yeux dorés filtrants d'un des chats qui l'entourent. J'ai aimé Vaillant, le chat dévoué et courageux qui la vengera de l'infamie.

J'ai aimé découvrir Steinlen autrement qu'à travers ses portraits de chat, Steinlen qui n'a plus la force nettoyer sa pierre à lithos mais qui y croit encore, qui essaie encore, grâce à Masseïda.

J'ai aimé ce tourbillon d'images, de sensations, d'émotions, cette sensualité affleurante à tous moments, cette peinture sensible, douce et crue à la fois, bien éloignée de ce que vendent aujourd'hui aux touristes les artistes de la Place du Tertre...


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« La tournée du chat noir » : vous connaissez certainement cette belle lithographie que l'on rencontre reproduite sous forme de posters, cartes postales, porte-clefs, et même tee-shirts lorsqu'on arpente les ruelles de Montmartre. Eh bien, elle est l'oeuvre d'un dénommé Théophile Alexandre Steinlen, artiste anarchiste qui a dédié son oeuvre à la misère des petites gens de Montmartre : ouvriers, marchands, prostituées, cabaretiers « … le peuple de la Butte était saisi sur le vif, dans le labeur des jours. Des charbonniers déchargeaient des sacs d'une carriole. Un vendeur de journaux à la criée, haut comme trois pommes, brandissait une gazette. Une marchande de savon tranchait dans un gros bloc, à ses côtés, un rémouleur aiguisait une serpette. Un allumeur de réverbères … hissait sa perche vers le candélabre ; sur la chaussée, deux poulbots le contemplaient, les prunelles en extase.» Il a en outre dessiné, peint, sculpté et recueilli un nombre infini de chats dans son atelier de Montmartre.
Il s'était installé avec sa femme sur la Butte au 21 rue Caulincourt vers 1883 mais cette dernière mourut en 1910. Il fit alors la rencontre d'une femme noire, Masseïda, originaire du Sénégal, de l'ethnie Bambara, ancienne danseuse de revue, qui lui servit de modèle et qui devint sa gouvernante et sa compagne.
Dans son dernier roman, Julien Delmaire évoque à la fois l'errance de cette femme dans les rues mal éclairées et malfamées de Montmartre où elle attire comme un aimant les regards des hommes et la rencontre avec Steinlen, le quotidien difficile d'une vie rongée par l'alcool, la pauvreté et les ravages de la guerre.
L'auteur met en scène un Montmartre sur le déclin où le préfet de Seine, Justin Germain Casimir de Selves, ose à peine mettre les pieds pour s'encanailler : les cabarets ferment peu à peu, les airs de java s'évanouissent dans l'air, l'électricité remplace petit à petit l'éclairage au gaz des réverbères ; les moulins, les ateliers d'artistes, les baraques de planches sont détruits un par un : « Tout devait être méthodiquement cadastré, arasé, haussmannisé. », les potagers qui nourrissaient Paris abandonnés, les charrettes tirées par les chevaux disparues, les chemins boueux transformés en rues goudronnées sur lesquelles les premières voitures atteignent les quarante kilomètres heure, l'âne Lolo du Lapin agile est mort ! Les jeunes hommes partent au front dont ils ne reviennent pas. « En ce temps, Montmartre avait tout d'une jungle, les fauves avaient le surin en alerte et il fallait être un peu fou pour poser son chevalet au milieu de pareils coupe- gorge. »
Et Steinlen n'a plus le courage de nettoyer sa pierre à lithographie devenue bien trop lourde pour lui... « Ça fait un bail, tu sais, que l'bon Dieu a tourné le dos à la Butte et c'est pas près de changer. » se désole le peintre qui reçoit encore quelques commandes de journaux : le Gil Blas, le Mirliton, L'Assiette au beurre… Mais « Steinlen n'en peut plus des caricatures », il veut reprendre ses pinceaux et peindre.
Beaucoup de nostalgie émane de ces pages à la fois poétiques et sensuelles. On y croise des figures célèbres comme Apollinaire, Valloton, Lautrec, La Goulue, Chocolat au cirque Bostock...
Le quotidien est difficile : la nourriture manque, l'absinthe et la syphilis tuent à petit feu de même que le froid mordant de l'hiver contre lequel il est difficile de lutter. Même les couleurs viennent à manquer...
Masseïda est très touchante : elle repense à ses années africaines, à cette terre dont elle a été arrachée et elle y repart, en pensée, se plongeant dans des songeries infinies. Elle s'occupe du logement, des chats et pose pour Stenlein : « La chevelure de Macha. Noir corbeau. Cordages silencieux. le front de Massa. Oued paisible. Noix de cajou. le ventre de Massa. Vésuve clandestin. Terre brûlée. »
Un beau roman dont l'écriture délicate et imagée (certaines pages sont de vraies splendeurs) fait renaître la bohème de cette Belle Époque finissante et les petites gens qui se battent pour survivre tant bien que mal...
Un Montmartre que l'on aurait bien du mal à reconnaître maintenant qu'il est devenu un des endroits les plus huppés de Paris où l'immobilier a flambé.
On a envie, après la lecture de ce livre, d'aller flâner rue Norvins et rue des Saules, de longer tranquillement la rue de l'Abreuvoir et l'allée des Brouillards. Avec un peu d'imagination, on croiserait peut-être César van Hove, l'allumeur de réverbères qui « parle aux candélabres, aux chats et à la lune » et l'on devinerait la présence d'une jeune femme noire suivie d'un chat disparaissant dans la brume du soir...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Minuit, Montmartre est une très jolie découverte de la rentrée littéraire grâce au site Net Galley et aux éditions Grasset.
J'ai été charmée par le Paris du début des années 1900, le quartier de Montmartre (que la non parisienne que je suis connais, pour y être déjà allée plusieurs fois).
Quel plaisir de se retrouver grâce à la jolie plume de Julien Delmaire dans le Paris de ses années là :)
Le chat Vaillant ouvre ce roman, et nous emmène avec lui voir la jolie Masseïda, future muse du peintre Théophile Alexandre Steinlen. Je ne connaissais pas ce dernier, mais après recherche sur le net je me suis rendue compte que si, il a fait de nombreux dessins de chats très connus, des affiches... Et j'ai trouvé ça très intéressant d'apprendre à connaitre ce peintre dans ce roman, qui est bien une fiction mais avec des éléments proches de la réalité, tout à fait le genre d'ouvrage que j'apprécie.
La muse Masseïda est une jeune femme noire au passé trouble, elle est très mystérieuse et c'est un personnage qui m'a beaucoup plu.
En fait, je dirais que j'ai tout aimé dans ce livre : les personnages, Vaillants, les chats, l'ambiance, l'époque et la plume de l'auteur.
C'est un roman de la rentrée littéraire à découvrir car il vaut vraiment le coup d'être lu, m'a charmé et mérite bien cinq étoiles :)
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La rentrée littéraire nous réserve de très belles surprises, comme "Minuit, Montmartre" de Julien DELMAIRE, une plume que je ne connaissais pas encore et qui m'a totalement séduite.

Tout commence avec Vaillant, un chat, qui règne en maître sur tous les recoins de Montmartre, ce quartier de la capitale peuplé d'artistes. Théophile Alexandre Steinen fait partie de cette communauté, il est illustrateur, on lui doit la célèbre affiche "Tournée du Chat Noir" à l'effigie d'un cabaret du quartier. Vaillant n'est autre que le chat du peintre qui vit là depuis une trentaine d'années. Veuf, il vit modestement, sombrant presque dans la misère. Mais c'est sans compter sur l'arrivée d'une femme noire, Masseïda. Venue d'Afrique, elle cherche une maison pour l'accueillir, elle lui propose d'être sa muse mais là commence une toute nouvelle histoire !

Je ne vais pas réussir à vous le cacher bien longtemps, ce roman est d'une très grande beauté, il est charmant comme tout ce qu'il décrit, à commencer par le quartier dont il brosse le portrait. Si vous aimez flâner aux abords du Sacré-Coeur, vous y retrouverez peut-être quelques rues que vous avez l'habitude de fréquenter.

Vous l'aurez compris, Julien DELMAIRE parle de la singularité de ce territoire, et pour cela, il mobilise tous les sens. Montmartre pénètre tout votre corps jusqu'à le faire vibrer.

Il rend hommage aussi à ces métiers aujourd'hui disparus, qui rythmaient la vie de ces parisiens, à l'image de l'allumeur de réverbères. Quand venait le soir, il faisait le tour des lanternes pour les éteindre, et donnait ainsi place à la nuit, et quelle nuit. Sous la plume de l'écrivain, elle devient un brin poétique.

Julien DELMAIRE parle de la fragilité de l'édifice et de la menace qui pèse sur ce quartier voué à un programme de rénovation. Certes il y a des bâtiments, mais dans cet environnement urbain vivent également des hommes et des femmes dont l'équilibre est remis en cause. Théophile Alexandre Steinen habite rue Caulaincourt où est installé son atelier, il vit péniblement ce projet des politiques qui, aggravé par le deuil de sa femme, va lui faire perdre le goût de dessiner, peindre.

Quand Masseïda arrive dans sa vie, il ne sait pas encore que toute son histoire artistique va resurgir. Il y a plus de 30 ans, il peignait le corps de Miss Lala, une femme noire déjà. Julien DELMAIRE évoque ainsi l'évolution de l'oeuvre au fil de l'existence des artistes en fonction de leur maturité, leur expérience, leurs influences.

Mais, en abordant le sujet de la mémoire, le personnage de Masseïda ne sera pas en reste. Originaire du Royaume Mandingue, elle vit son exil comme un déchirement et la vie parisienne lui rappelle des souvenirs douloureux à l'image de cette sortie au cirque avec Théophile Alexandre Steinen et des animaux venus d'ailleurs. La condition noire du début du XXème siècle est abordée avec ce roman. Footit et Chocolat commencent à s'essouffler, la vie des étrangers est difficile et sombre régulièrement dans la prostitution pour survivre, de quoi nous donner à réfléchir avec l'actualité des migrants.

J'ai beaucoup aimé entrer dans l'intimité du peintre, vivre au sein de son atelier entouré de tous ses pigments. Je me suis laissée porter par la beauté du geste de l'artiste, la finesse du tracé. Il faut dire qu'il est servi par une plume délicate, raffinée, sensuelle aussi.

Ce roman est juste magnifique, je vous le conseille !

Lien : http://tlivrestarts.over-blo..
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Des miasmes d'encre et de papier. Une presse en bois et en fonte occupait le centre de la pièce. Au pied de la machine,des pierres à lithographies et des chiffons sales.Des statuettes de chats, en bronze et en marbre,étaient alignées sur une table basse.Des dizaines de tableaux,posés contre les murs,certains protégés par des draps,d'autres livrés à la poussière.
Le sanctuaire abritait une vie entière de labeur.La preuve que Théophile Alexandre Steinlen n'avait pas été qu'un illustrateur ou un affichiste de talent, mais aussi un peintre et un sculpteur. Quarante années d'acharnement envers et contre les diktats des marchands et les caprices des collectionneurs.(p.169)
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"Sur la piste goudronnée , une charmante pagaille, de folles girations.Päris soulevait ses jupons de carbone et les Panhard déboulaient , à plus de vingt kilomètres à l'heure.Vaillant, hissé sur une borne d'incendie, dut admettre son échec..La silhouette qu'il poursuivait s'était évanouie , happée par la vitesse et le tintamarre du carrefour ........"
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De tout cela ne subsistaient, à présent, qu' un ou deux jardinets. Paris ne pouvait tolérer les arbres sans tuteurs, les ruisseaux libres et les fleurs sauvages. Tout devait être méthodiquement cadastré, arasé, haussmannisé. Steinlen, planté au milieu de la rue, faisait corps avec un paysage à la dérive, une époque qui s'évanouissait à travers des forêts d'échafaudages. Bientôt, le goudron couvrirait la terre, les gueux n'auraient même plus le loisir de faire pousser quelques radis, de reposer leur peine à l'ombre d'un moulin. Bientôt, sonnerait le glas d'un peuple en majesté.
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Le pinceau courbait les paysages, pliait les chairs. La chevelure de Massa. Noir corbeau. Cordages silencieux. Le front de Massa. Oued paisible. Noix de cajou. Le ventre de Massa. Vésuve clandestin. Terre brûlée. La couleur encadrait la silhouette mais ne l'enfermait pas. Les seins de Massa. Bijoux de la Terre. Ocre sombre. Ebonite. La couleur n'existait plus, pure condensation de l'obscur, elle ruisselait sur la toile comme sur le toit d'une prison.
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Les plus beaux nus sont désespérés.
Qui déjà, disait ce genre de chose… Forcément un peintre, quelqu’un qui avait souffert mille morts devant le chevalet.
Lui apparut alors une figure aux traits disgracieux, qui semblait lui adresser un sourire goguenard, par-delà le temps. Toulouse. Ce vilain nabot de Lautrec. Son meilleur ami. L’artiste qu’il avait le plus admiré et auprès duquel il avait le plus appris. C’était bien Lautrec qui avait dit, avec son accent impayable des bords de la Garonne, le désespoir qu’il fallait entretenir en soi pour peindre la chair nue. Il savait de quoi il causait, le bougre, lui qui passait des sanglots aux éclats de rire, le temps d’un vermouth :
les plus beaux nus sont désespérés.
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Julien Delmaire publie Delta Blues chez Grasset
Printemps 1932, dans le delta du Mississippi. Une chaleur suffocante écrase la campagne et menace les récoltes. Un assassin sans visage frappe la nuit, et une injustice sans nom règne le jour. Des croix brûlent sous la lune, les cavaliers fantômes du Ku Klux Klan font régner la terreur et le Mississippi prend les couleurs de l'enfer. Au milieu du désastre, deux amants : Betty et Steve. Ils sont jeunes, Noirs et pauvres, mais persuadés que leur amour les sauvera... Vaste fresque historique et musicale, aux accents faulknériens, Delta Blues déploie une galerie de personnages : Noirs, Blancs, Indiens et métis, planteurs et bluesmen errants, prêcheurs, sorcières, politiciens véreux, bagnards, trafiquants d'alcool et Legba, le dieu vaudou, « Maître des carrefours » qui, tel un détective d'outre-monde, veille sur le destin de chacun.
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