Aujourd’ hui, Léa se marie et je suis son témoin. Dans l’église, la chaleur est étouffante, étrange pour la saison. Peut-être est-ce seulement une impression, une sensation passagère ? Mais non, j’ai bel et bien chaud ! Je caresse, tendrement, mon beau ventre arrondi et mon regard glisse sur elle. Qu’elle est belle, Léa, dans sa robe couleur crème. Elle a toujours eu un goût magnifique et, cette fois-ci encore, elle ne s’est pas trompée. Sa robe de mariée lui va à ravir. Pouvait-il en être autrement ? Elle resplendit de beauté et émane un bonheur que l’on pourrait presque palper tant son visage rayonne.
Les mariés sortent de l’église la tête baissée, pour éviter le riz que les invités leur jettent de tous les côtés et lorsqu’ils la relèvent, le visage du marié apparait : radieux, souriant; ses yeux brillent lorsque son regard se pose sur Léa, resplendissante elle aussi. Ils se trouvent exactement là où ils doivent être. Il y a beaucoup de gaieté autour d’eux. Leur bonheur est contagieux et semble envelopper tout le monde. J’en suis heureuse pour Léa. Elle le mérite. En fait, ils le méritent tous deux.
Les mots étaient inutiles. Nous le savions tous deux. Ce que je ne savais pas encore, c’était qu’il se sentait si coupable pour m’avoir emmené avec lui dans sa maison sur la plage, pour m’avoir fait entrer dans sa vie, dans sa bataille. Tout comme je ne savais pas encore que j’étais le premier grand amour de sa vie. J’aurais dû le comprendre. J’ai su tout cela plus tard, lorsqu’enlacés sur le sable, les mots sortaient en flot de sa bouche et imprégnaient tout mon être, indélébiles.
Parfois, j’imagine comment cela serait vivre à Paris et partager mon temps entre eux deux: une vie heureuse, pleine d’amour et sans culpabilité. Mais c’est un rêve impossible qui ne se réalisera jamais. Je n’aurai aucun d’eux. Alors pour l’ instant, je me tais. Je me tais avec Nathan. Je me tais avec Yoann et je continue à les aimer avec l’illusion qu’ils m’appartiennent et qu’ils m’appartiendront toujours.
Le soleil resplendissait finalement après deux jours de pluie qui ne voulait plus finir. Je n’étais pas pressée. Je pouvais encore me détendre un peu au lit, calmement et savourer ce moment de repos. J’aurais aimé que le temps s’écoule lentement, sans effort. Je me sentais si bien. Le souvenir de la fête me mettait de bonne humeur mais j’avais un entretien à 15h30 et il fallait me lever.