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Critique de Etsionbouquinait


Ismail Kadaré est né en 1936, il a consacré sa vie à l'écriture, avec une omniprésence de la dénonciation du totalitarisme, avec souvent en toile de fond la région des Balkans et son pays, l'Albanie. Traduit dans plus de 45 langues, il a longtemps eu maille à partir avec les autorités de son pays en raison du contenu de ses écrits, ce qui l'a poussé à émigrer vers la France en 1990.

Dans le général de l'armée morte, un général étranger se rend en Albanie une quinzaine d'années après la fin de la Seconde Guerre Mondiale pour y rechercher des restes de compatriotes militaires inhumés sur le territoire ennemi durant le conflit. Il est accompagné d'un prêtre capable de traduire la langue albanaise. L'homme se sent investi de sa mission officielle : avant le départ pour l'Albanie, il avait reçu beaucoup de visites de gens le priant de retrouver les ossements des proches tués.

Très rapidement, cette recherche s'avère être très éprouvante pour le général. L'homme fier, qui dans sa tête revivait le conflit en s'imaginant comment il aurait pu inverser l'issue de la bataille au profit de son pays, commence à souffrir d'insomnie. Les recherches s'avèrent difficiles : tous les corps ne reposent pas dans des cimetières, certains ayant été inhumé à la hâte dans des endroits mal renseignés ou difficiles d'accès. Parfois, c'est l'hostilité de la population locale qui vient freiner le général et le prêtre ; d'autres fois, c'est une autre délégation étrangère qui a reçu la même mission et qui empiète sur leurs fouilles.

Dans son billet, Passage A l'Est citait le traducteur David Bellos mentionnant que Kadaré est un conteur exceptionnel. En lisant cet ouvrage, j'ai compris la pertinence du propos. Dès l'ouverture du roman, Kadaré utilise un vocabulaire qui laisse à penser que de nombreux obstacles vont se présenter à la délégation. La description du relief, du temps qu'il fait, renforce cette ambiance si bien restituée. Les divers épisodes mentionnés, tels celles d'une prostituée « morte pour la patrie » ou encore d'un vieux paysan qui a déterré le corps de son valet de ferme, un déserteur ayant laissé son journal, nous font revivre certains aspects de cette guerre. Enfin, Kadaré tient également en haleine le lecteur à propos d'un certain général Z, chef du Bataillon Bleu, dont le corps est manquant et qui aura une importance particulière dans le livre. C'est donc un roman qui imprègne le lecteur.

J'ai également beaucoup apprécié les considérations historiques. Même si l'on ne connaît jamais le nom du général et du prêtre, ni leur nationalité d'ailleurs, le général de l'armée morte se déroule en Albanie, et à travers les épisodes relatés, on lit avec intérêt les considérations sur le peuple albanais, que ce soit son rapport avec les armes ou encore la tradition du chant. Quand nos deux protagonistes majeurs entendent une chanson qui relate la vie soldat tombé en Arabie, on se dit que le territoire albanais a longtemps été l'objet de souffrances :


Cette noble mission se terminera finalement par un épisode peu glorifiant pour le général et cela met un point final pour bien montrer le côté absurde de cette guerre.

***Livre chroniqué par Patrice***

Lien : https://etsionbouquinait.com..
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