le ciel trempé pend telle une éponge
comme si Dieu s'apprêtait à effacer devant ses élèves
le tableau noir où il a griffonné le monde
recroquevillés dans vos coquilles
qui sont peut-être des ailes fossilisées
regardez la limace nue de la vérité
regardez-la ramper sur mon poème
et barrer d'une encre argentée
un mot après l'autre
mensonge après mensonge
si le mensonge est la vérité dénaturée
la vérité n'est-elle pas qu'un mensonge altéré
pourquoi les poètes se plaignent-ils toujours qu'on leur coupe
les ailes
si parmi tant d'envolées lyriques
seul le vagabond aux pieds nus dit la vérité
Et ceux qui extraient le charbon et pleurent sur leur conserve froide,
il est peu probable qu'ils en tireront un jour du soleil.
Mais tu marches. Et tu es convaincu
que de cette boue profonde qui nous envahit tous
sera pétri le pain de ceux qui ne sont pas encore nés...
Sans âme, l'homme est une bouteille vide.
Comme il est dur de traverser ce monde en silence.
C'est toujours comme ça dans la vie : pas de tendresse sans haine.
La nuit est humide et étincelante. Nuit, rose noire du poète.