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Critique de Annette55


Comment survivre après tant de souffrances, d'épreuves, d'humiliations, de tourments, de cauchemars, de visions ,de peurs , d'impuissance face à la barbarie des hommes, de remise en question , de terreur absolue, de détresse infinie ?

C'est un beau texte cru et saisissant dans sa férocité que nous transmet Michèle Kahn avec humilité et justesse, extrême sensibilité , un beau récit de vie ,douloureux , un « échange » en cinq récits vibrants entre le Schnorrer : «  le mendiant du quartier «  et un homme riche qui a tout , revenu de sa déportation en Pologne ....
Elle effectue un travail de mémoire, juste, poignant, en relatant dans le détail ce que transmit Stanislaw Marymarz , le déporté revenu à Stanislaw le Schnorrer ( ils ont le même prénom) , récit vrai .....où l'on regarde le bourreau en face, qui rappelle les grands textes déjà lus—-qu'il s'agisse des livres de Charlotte Delbo, Robert Antelme , ou Primo Levi -----et tant d'autres.


«  Son désir de survivre si fort, le rendit sourd ,aveugle et muet, crevant de faim, roué de coups, décharné, aux os saillants , couvert de poux »

«  La faim gonflait douloureusement son estomac, » empoisonnait son sommeil, le tenait éveillé ,rêvant au hasard de nourritures riches , ruisselant de sueur, la vue brouillée, bientôt la mort des autres l'indifféra, il apprit même à sa battre pour ne pas crever et préserver sa maigre ration....."

Cette part d'expérience humaine , travail ultime d'une mémoire longue, veiller à transmettre , ne pas reléguer cette part ——-de l'Histoire et de la Barbarie ——-afin de ne rien oublier , peur de l'oubli , peur que cela recommence , humilité face à Dieu, partage, remise en question , fête de la vie ,ce récit bouleversant porte la FORCE du souvenir et de la douleur , de telle façon que de pareilles SAUVAGERIES en plein vingtième siècle ne soient point reléguées dans un ABSTRAIT lointain : Celui qui n'a pas éprouvé dans son corps les outrages subis par les déportés , celui-là ne pourra jamais dire : Je Sais .


Un témoignage qui permet de cerner la vérité au plus près, un récit vrai auquel rien n'a été rajouté ....

Lorsque j'ai lu le titre sur Babelio en découvrant une critique , j'ai commandé ce récit , réédité d'ailleurs . ( publié en 2000) .

«  Tous les moyens étaient bons pour nous détruire .
Ainsi le grand ravier de Dachau accueillait des mutilés , tuberculeux, erysipélateurs, gangréneux,tous inaptes à reprendre le travail...
Et là, tant bien que mal, on les soignait .
Tandis que nous, les juifs, dans les camps spéciaux où nous avions été voués à la boue, à la puanteur , à la pourriture , à la vermine, à peine étions - nous déclarés inutiles que les nazis nous liquidaient , comme les tziganes et les résistants français.... »

A lire pour ne pas oublier .
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