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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je me souviens de son premier roman, « La Végétarienne ». Han Kang m'avait subjugué par sa plume, son audace, sa sensualité. le début peut-être d'une grande histoire entre elle et moi, - et les végétariennes peut-être. Quelques années après, je me décide à apprendre le grec, pas n'importe lequel, le grec ancien, avec son écriture qui ressemble autant à des hiéroglyphes qu'à de l'alphabet coréen. Dans l'amphithéâtre ou à la terrasse d'un café, le parfum de feta se mélange à celui de l'ouzo, temps anciens chauffés par le soleil d'une rencontre silencieuse.

Dès que je rentre dans la salle de cours, je retrouve la grâce. Certes je me sens parfois perdu dans les considérations linguistiques d'une telle langue morte, mais je touche la beauté de l'âme. Cet homme qui perd progressivement la vue, et qui ne perçoit plus que des ombres de lumière dont le soleil lui brûle sa rétine. Cette femme qui ne dit pas un mot. Elle semble avoir perdu l'usage de la parole. D'ailleurs m'entend-elle ? Pourquoi ne me parle-t-elle pas ? Ces deux êtres dont leurs blessures paraissent s'inscrire au plus profond d'eux-mêmes, vont se retrouver. Avec timidité mais émotions...

Parce qu'il ne faut pas s'arrêter au silence de l'un ou au regard absent de l'autre. Ces différences ne sont pas des signes d'indifférence. Bien au contraire. Ce fut un tel bonheur de voir leur histoire se rejoindre, avec ainsi leur « handicap » qui font d'eux des êtres à part. Est-ce parce que l'on ne parle pas que l'on ne ressent pas cet étrange sentiment qui peut apparaître parfois sous le nom de l'amour ? Une nuit illuminée par le bleuté de sa lune, ils vont partager leur sentiment. Des regards aux lunettes cassées, des mains qui se touchent et se coupent, des paroles échangées à sens unique, une écoute d'âme à âme. Il parle, elle lui répond en tenant sa main. Elle le regarde dans les yeux, profondeur de l'âme, il sent son parfum l'entourer. Des signes d'amour qui se passent de mots, nuit silencieuse la fenêtre sur l'extérieur fermée.

Bonsoir chef ! Galette, salade tomates oignons, sauce blanche et harissa... Et une Efes s'il vous plait.
Lien : https://memoiresdebison.blog..
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Elle a perdu sa voix. Plus aucun son ne sort de sa bouche, même pas pour communiquer avec son fils dont elle a perdu la garde à cause de ce silence forcé. Depuis, sa vie est grise, alors pour secouer la monotonie, elle prend des cours de grec ancien.
Lui est atteint d'une dégénérescence oculaire. Il a vécu en Allemagne mais a choisi de revenir dans sa Corée natale malgré la difficulté de vivre dans un monde qui s'assombrit peu à peu. Il est professeur de grec ancien.
Un soir, il brise accidentellement ses lunettes, elle lui vient en aide.

Leçons de grec, ce sont deux solitudes qui se frôlent, s'esquivent et finissent par se rejoindre. Une histoire qui pourrait être banale, un homme et une femme qui se rencontrent et la suite va de soi. Mais Kang Han ne saurait se contenter d'écrire une simple histoire d'amour, un coup de coeur, un coup de foudre. Non, elle raconte deux vies cabossées qui se croisent par hasard. La nuit qui répond au silence. Des sentiments sans le son ni l'image. Des échanges qu'on pourrait croire à sens unique mais aux mots de l'un répond une pression de la main de l'autre, le silence de l'une laisse la place aux confidences de l'autre. le temps d'une nuit, ils se contentent d'être une présence, un réconfort et peut-être naît l'espoir de ne plus être seuls.
Un roman en clair-obscur, beau et poétique, lent et émouvant.
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Toute une leçon de vie que nous offre Han Kang avec cette Leçon de grec.
Un homme qui perd graduellement la vue et une femme qui a perdu la voix. Leurs chemins se croisent grâce à une langue morte, le grec.
Cette langue qui fascine tant la femme sans voix, c'est l'homme bientôt aveugle qui l'enseigne. Chacun a une une trajectoire de vie en chute libre et la majeure partie du roman sert à nous expliquer comment ils ont pu arriver à communiquer car on se souvient, la femme ne parle pas et l'homme ne voit presque plus.

« Ne trouvez-vous pas cela bizarre parfois? Que notre corps ait des paupières et des lèvres. Qu'elles puissent être fermées depuis l'extérieur ou verrouillées depuis l'intérieur. »

Ce roman est définitivement bizarre. Poétique et un brin mélangeant. Comme si parfois, l'homme voit et la femme parle, et vice-versa. Et le tout se termine en apothéose de reconstruction. J'adore cette auteure coréenne. Elle me surprend et m'étonne. Cette fois-ci, elle m'a même obligée à relire plusieurs chapitres pour comprendre dans quelle fatalité elle entraine ses deux protagonistes.

Mon Platon est un peu loin j'avoue et mon grec plutôt inexistant mais ça n'entrave pas le plaisir de lecture. Comme quoi, le lien d'apprentissage est fort et la ligne pour passer de l'ombre à la lumière est mince comme une plume d'oiseau!

« Autrement dit, le grec qu'utilise Platon est comme un fruit mûr avant qu'il ne tombe. Par la suite, le grec connaît une décadence rapide. Les États helléniques entre simultanément en déclin. En ce sens, Platon précède le crépuscule de son monde et pas seulement de sa langue. »
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Elle enseignait la littérature dans deux universités et un lycée de Séoul, s'adonnait à l'écriture et collaborait à une publication culturelle avant que le mutisme dont elle avait souffert à l'adolescence ne la frappe à nouveau, l'obligeant à cesser toute activité.

Il est né à Séoul. Sa famille s'est établie en Allemagne lorsqu'il avait 15 ans. Il est revenu au pays à l'âge de 31 ans. Chaque moitié de sa vie a connu une culture différente. Il a aujourd'hui la quarantaine, l'âge fatidique prédit par le médecin lorsqu'on lui a diagnostiqué une maladie génétique dégénérative de l'oeil qui le rendra aveugle. Grâce à ses grosses lunettes, il peut encore distinguer certaines choses, l'imagination fait le reste.

Elle suit des cours de grec ancien pour tenter de redécouvrir le langage. Lui est son professeur. Tous les deux apprennent à composer avec leur handicap.

A la troisième personne pour elle et à la première pour lui, ce roman alterne le passé et le présent des deux personnages nous révélant petit à petit leur vécu, leurs douleurs, leur ressenti intime et tout ce qui a conduit à leur immense solitude.

Il m'a fallu un peu de temps pour me repérer dans le récit et m'habituer à voir ce qui n'est que suggéré et puis je me suis rendu compte que ce sont les mêmes incertitudes qui animent les protagonistes ; incertitudes causées par leur faiblesse respective qui a changé leur vision sur ce qui les entoure et a déjà suscité tellement de maladresses de communication à des moments cruciaux de leur existence.

Tout comme dans La végétarienne que j'ai eu le plaisir de découvrir récemment, la vulnérabilité est un thème présent dans de Leçons de Grec.

Dans un style relativement abstrait et poétique, l'autrice dépeint ici la façon dont une faiblesse peut amener à explorer d'autres voies de communication.
C'est un roman assez court qui nécessite cependant une attention particulière pour en saisir tout le sens. Je pense qu'il est souhaitable d'avoir déjà découvert l'univers de Han Kang avant de lire celui-ci.
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e viens de tourner la dernière page de ce roman. Je regarde, une nouvelle fois, sa couverture, si belle et épurée et je me dis qu'avec Han Kang, je n'ai pas suivi de lecons de grec mais une leçon de lecture. Plus d'une fois, j'ai été tentée d'abandonner ce livre, face à un passage hermétique pour moi. A chaque fois, j'ai été rattrapée par une phrase, un paragraphe, un chapitre d'une absolue limpidité, confinant à la grâce.

Un mois de juillet chaud et moite à Séoul. le cours de grec ancien dispensé par l'un des principaux protagonistes n'est plus suivi que par quelques personnes. le professeur porte des lunettes aux verres très épais. Aucun de ses étudiants ne connaît son secret.Il est atteint d'une maladie dégénérative et perd lentement, mais inexorablement la vue. le diagnostic a été posé très tôt et depuis, cet homme vit avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Han Kang suggère plutôt qu'elle ne montre les incidences de cette cécité programmée sur les choix de vie qu'il a pu faire. Toute sa famille a quitté la Corée du Sud pour l'Allemagne alors qu'il était adolescent. Il a décidé d'y revenir, seul, alors que sa maladie, a énormément progressé. Ce retour au pays de sa naissance, ce bain linguistique dans sa langue d'origine semblent apaiser sa peur grandissante du moment où il va basculer dans l'obscurité.

Une de ses étudiantes l'intrigue, une femme entre deux âges, de noir vêtue, qui ne parle jamais. Elle ne répond à aucune question, il en conclut qu'elle est muette. Cet autre personnage souffre d'un handicap plus complexe. Les mots se refusent à sortir de sa bouche. Ils sont là, quelque part, mais "la chose" est revenue. Cette "chose" apparue à l'adolescence est un blocage au niveau de la parole, un mutisme inexpliqué, la privant de toute vie sociale, lui ôtant ce qu'elle a de plus cher et de plus douloureux, sa passion pour le langage. Très jeune, elle a été fascinée par les mots, par leur extraordinaire richesse. Fascinée et effrayée. Pour elle, un mot de travers est une blessure. Ce rapport ambivalent à sa langue l'a amenée à ce cours de grec ancien. Elle espère que l'apprentissage de celui-ci, extrêmement ardu, va lui permettre de s'extirper de sa gangue de silence.

Cet homme et cette femme sont comme deux papillons de nuit tournant autour d'une source de lumière. Ils sont attirés par celle-ci alors même qu'elle a le pouvoir de les détruire. Pour l'homme, cette source porte un nom : Joachim Grundel. Il a fui l'Allemagne pour échapper au désir ardent de celui-ci. Pour la femme, cette source est peut-être sa trop grande aspiration à une langue débarrassée de toute scorie. Durant ces quelques semaines en suspens, dans cette grande ville, écrasée par la chaleur, le presque aveugle et la fausse muette, deux corps exprimant par leurs symptômes des personnalités complexes, vont se chercher à tâtons et se trouver.

le style de l'auteure est particulier, parfois réaliste, épinglant sans concession ses contemporains, parfois d'une poésie épurée. Ce sont ces instants de lecture, ces fulgurances, que je retiendrai surtout de ce roman. La fin est un véritable bijou.



Une lecture âpre, sombre, parsemé
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Rencontre tendre et poétique entre deux êtres marqués par l'existence.
Lui, professeur de grec pour adultes, est presque aveugle et se complaît dans ses souvenirs de jeunesse.
Elle, son élève, est devenue muette, à la suite d' un choc psychologique. Elle souffre de l' éloignement de son petit garçon qui vit dans sa famille paternelle.
Ce roman de silence et de tristesse, est très agréable à lire, et, donne envie de se plonger dans l'oeuvre
de Han Kang.
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Deux êtres que tout sépare mais que la vie va rapprocher.
Il est professeur de grec ancien dans un cours du soir pour adultes.
Il perd la vue chaque jour un peu plus, son univers n'est plus fait que d'ombres.
Elle est devenus muette après avoir perdu la garde de son jeune fils.
Elle s'est inscrite au cours de grec ancien.
Tous deux se remémorent leur vie.
Lui qui, avec sa famille a quitté la Corée à 10 ans pour l'Allemagne dans laquelle il ne s'est jamais intégré, et qui adulte a décidé malgré son handicap de revenir vivre seul en Corée.
Elle qui n'a jamais trouvé sa place dans la société coréenne.
Un soir, après un accident, il cassera ses lunettes le rendant ainsi totalement dépendant, elle le prendra en charge.
Arriveront-ils à dépasser chacun leurs traumatismes pour enfin se trouver ?
Un livre fait de silences, de douceur et de poésie.
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Depuis que les éditions le serpent à plumes ont présenté ce roman l'automne dernier, j'avais terriblement envie de découvrir la relation qui unit une femme devenue muette et son professeur de grec qui perd la vue.
C'est maintenant chose faite et je suis absolument ravie !

Je tiens avant tout à souligner la qualité de l'écriture et de la traduction. Une plume sensible, évocatrice et poétique ; les émotions des deux protagonistes, pour complexes qu'elles soient, sont décrites avec une pudeur touchante.
Des sujets très variés sont abordés, de la naissance d'un handicap au retour au pays, en passant par la perte de la garde de son enfant et, bien sûr, la langue et notamment, donc, le grec ancien.

Je reste un chouïa sur ma faim, mais je me suis vraiment délectée de cette lecture, dont j'ai savouré chaque mot.
Je conseille ce doux roman aux lecteurs qui veulent plus se laisser bercer par des mots ciselés que par un scénario bien ficelé ;-)
Maintenant, j'ai très envie de découvrir La végétarienne !
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Han Kang possède vraiment une très belle écriture et associe les mots pour nous livrer des phrases, des paragraphes et des pages lourdes de sens, poignantes, douces et pleines de sensibilité. On a parfois l'impression de lire de la poésie tant les descriptions sont évocatrices.

Au fils de la narration, se dessinent l'histoire de cet homme et de cette femme, soulevant leurs failles, leurs blessures et la tristesse de leur coeur, leurs solitudes et leurs peurs. Ce sont des personnages touchants, mais l'écriture parfois trop contemplative et la lenteur (presque insupportable parfois) ne m'ont pas permise une véritable implication dans leurs histoires. En effet, même s'il y a beaucoup de finesse dans le style, le récit qui m'a un peu laissée indifférente et dont je n'ai pas réussi à me laisser gagner par un vrai et vif intérêt.
Leçons de grec est un texte que j'ai surtout apprécié pour la forme que par le fond, même su les dernières lignes m'ont provoqué un certain réconfort et m'ont convaincu que tout ceci n'était pas vain....................................................
Lien : http://libre-r-et-associes-s..
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Elle a perdu l'usage de la parole. Devenue silencieuse, ses mots restent coincés « dans un endroit plus profond que la langue et la gorge ».
Il perdra l'usage de la vue. En attendant il enseigne le grec ancien. Parmi ses élèves, se trouve cette femme silencieuse.

Ce roman évoque cette relation qui se noue entre ces deux êtres solitaires qui perdent ou ont perdu un des sens servant à communiquer. Ils vivent avec leurs failles, leurs souvenirs, leur handicap.
Parmi ces souvenirs, il y en a un qui m'a marqué, par sa délicatesse et la tristesse qu'il suggère, celui du non indien que le fils de cette femme lui donne « Tristesse de la neige qui tombe en abondance ».

Le roman est construit autour de leurs souvenirs d'enfance, du déracinement (pour lui), de la mort d'un proche, de la séparation d'avec un enfant (pour la femme) et comme dans beaucoup de romans de Han Kang, les rêves, omniprésents. Entre tout cela, il y a les leçons de grec ancien pour faire le lien, pour reconstruire ces deux êtres à la fois fragiles et malgré tout combatifs.

L'écriture est feutrée, ouatée, on retrouve ce sentiment d'être en apesanteur, comme dans un rêve. J'ai aimé la poésie qui s'en dégage, sa légèreté. Si la première partie m'a semblé un peu longue, la deuxième est extraordinaire, d'une grâce et d'une délicatesse incroyables (quand elle trace du bout des doigts les mots sur sa paume). Han Kang maitrise l'art de suggérer sans trop en dire, en distillant quelques détails quant à l'environnement, aux odeurs …, libre au lecteur d'imaginer le reste. Magnifique !
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