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EAN : 9791097390006
Le Serpent à plumes (17/08/2017)
3.51/5   55 notes
Résumé :
Leçons de grec est le roman de la grâce retrouvée. Au cœur du livre, une femme et un homme. Elle a perdu sa voix, lui perd peu à peu la vue. Les blessures de ces personnages s’enracinent dans leur jeunesse et les ont coupés du monde. À la faveur d'un incident, ils se rapprochent et, lentement, retrouvent le goût d'aller vers l'autre, le goût de communiquer. Plus loin que la résilience, une ode magnifique à la reconstruction des êtres par la plus célèbre des romanciè... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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Livre où tous les sons semblent absorbés comme lorsqu'il neige, ambiance ouatinée mais aussi douloureuse et violente.
Une belle et bouleversante rencontre entre deux êtres enfermés en eux-même qui vont se reconnaître dans ce "monde éphémère et beau" et petit à petit tenter de s'ouvrir.
Le lecteur se laisse vite gagner par cette "tristesse délicate" qui les habite et qui fait toute la beauté de ce livre poignant.
Me sont revenus au cours de cette lecture les mots de Henri Calet à la fin de son livre inachevé "Peau d'ours" : " C'est sur la peau de mon cœur que l'on trouve des rides. Je suis déjà un peu parti, absent. Faites comme si je n'étais pas là. Ma voix ne porte plus très loin.
(...) Ne me secouez pas. Je suis plein de larmes."
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Je me souviens de son premier roman, « La Végétarienne ». Han Kang m'avait subjugué par sa plume, son audace, sa sensualité. le début peut-être d'une grande histoire entre elle et moi, - et les végétariennes peut-être. Quelques années après, je me décide à apprendre le grec, pas n'importe lequel, le grec ancien, avec son écriture qui ressemble autant à des hiéroglyphes qu'à de l'alphabet coréen. Dans l'amphithéâtre ou à la terrasse d'un café, le parfum de feta se mélange à celui de l'ouzo, temps anciens chauffés par le soleil d'une rencontre silencieuse.

Dès que je rentre dans la salle de cours, je retrouve la grâce. Certes je me sens parfois perdu dans les considérations linguistiques d'une telle langue morte, mais je touche la beauté de l'âme. Cet homme qui perd progressivement la vue, et qui ne perçoit plus que des ombres de lumière dont le soleil lui brûle sa rétine. Cette femme qui ne dit pas un mot. Elle semble avoir perdu l'usage de la parole. D'ailleurs m'entend-elle ? Pourquoi ne me parle-t-elle pas ? Ces deux êtres dont leurs blessures paraissent s'inscrire au plus profond d'eux-mêmes, vont se retrouver. Avec timidité mais émotions...

Parce qu'il ne faut pas s'arrêter au silence de l'un ou au regard absent de l'autre. Ces différences ne sont pas des signes d'indifférence. Bien au contraire. Ce fut un tel bonheur de voir leur histoire se rejoindre, avec ainsi leur « handicap » qui font d'eux des êtres à part. Est-ce parce que l'on ne parle pas que l'on ne ressent pas cet étrange sentiment qui peut apparaître parfois sous le nom de l'amour ? Une nuit illuminée par le bleuté de sa lune, ils vont partager leur sentiment. Des regards aux lunettes cassées, des mains qui se touchent et se coupent, des paroles échangées à sens unique, une écoute d'âme à âme. Il parle, elle lui répond en tenant sa main. Elle le regarde dans les yeux, profondeur de l'âme, il sent son parfum l'entourer. Des signes d'amour qui se passent de mots, nuit silencieuse la fenêtre sur l'extérieur fermée.

Bonsoir chef ! Galette, salade tomates oignons, sauce blanche et harissa... Et une Efes s'il vous plait.
Lien : https://memoiresdebison.blog..
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Elle a perdu sa voix. Plus aucun son ne sort de sa bouche, même pas pour communiquer avec son fils dont elle a perdu la garde à cause de ce silence forcé. Depuis, sa vie est grise, alors pour secouer la monotonie, elle prend des cours de grec ancien.
Lui est atteint d'une dégénérescence oculaire. Il a vécu en Allemagne mais a choisi de revenir dans sa Corée natale malgré la difficulté de vivre dans un monde qui s'assombrit peu à peu. Il est professeur de grec ancien.
Un soir, il brise accidentellement ses lunettes, elle lui vient en aide.

Leçons de grec, ce sont deux solitudes qui se frôlent, s'esquivent et finissent par se rejoindre. Une histoire qui pourrait être banale, un homme et une femme qui se rencontrent et la suite va de soi. Mais Kang Han ne saurait se contenter d'écrire une simple histoire d'amour, un coup de coeur, un coup de foudre. Non, elle raconte deux vies cabossées qui se croisent par hasard. La nuit qui répond au silence. Des sentiments sans le son ni l'image. Des échanges qu'on pourrait croire à sens unique mais aux mots de l'un répond une pression de la main de l'autre, le silence de l'une laisse la place aux confidences de l'autre. le temps d'une nuit, ils se contentent d'être une présence, un réconfort et peut-être naît l'espoir de ne plus être seuls.
Un roman en clair-obscur, beau et poétique, lent et émouvant.
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Une rencontre entre un homme et une femme pourrait donner lieu à une histoire somme toute banale...La sud-coréenne Han Kang parvient à en faire un roman d'une forte originalité en mettant le handicap au coeur de l'histoire.

Nous sommes en Corée. Elle a perdu sa voix subitement, une première fois à 17 ans, puis elle l'a retrouvée, mais reperdue il y a quelques mois. Dans l'intervalle, elle a eu un enfant. On ne saura rien du père inexistant. Elle vit plus que sobrement dans un petit appartement. Sa vie, monotone, c'est de marcher dans la nuit, prendre des bus pour rentrer, voir son enfant quand les institutions où il a dû être placé, vu son handicap à elle, lui en laisse le loisir. Et surtout, elle apprend le grec ancien, ce qui est fort rare en Corée, comme pour donner un sens à son existence en pointillés.

Lui est un coréen qui s'est installé quelques années en Allemagne. Il a eu des rapports difficiles avec son père aujourd'hui décédé, au contraire de sa grande proximité de coeur avec sa soeur. Rentré en Corée, l'obscurité tombe peu à peu sur sa vie, inexorable, face à une dégénérescence oculaire qui s'avance. Il est professeur de grec ancien…

Bien sûr, ils vont se rencontrer, dans ce cours où seuls quelques rares élèves se sont inscrits. Leur rencontre n'a rien à voir avec un coup de foudre...c'est tellement long déjà de se capter l'un l'autre, lorsqu'il manque un sens à chacun !
Les deux personnages sont des boules de souffrance. Le handicap dont ils souffrent les enferme sur eux-mêmes, dans leurs souvenirs névrotiques, leurs rêves et cauchemars. L'auteur nous les livre bruts, ce qui donne une sensation d'étrangeté, d'histoire décousue, sans progression. Comme s'il n'y avait pas d'issue pour eux, chacun dans leur bulle de mutisme, de secret et de pudeur.

La construction du récit rend parfaitement cette atmosphère, elle est assez complexe et déroutante, les personnages ne sont pas nommés, on parle de "la femme", alors que l'homme, au moins partiellement, se raconte, recolle ses morceaux d'existence, lorsque l'auteur le place en narrateur.

Assurément une histoire pas comme les autres, obscure comme la nuit implacable qui dévore l'existence de ces deux êtres solitaires limités par le destin. Et pourtant...lumineuse lorsqu'à la faveur d'un incident, ils vont tenter, maladroitement, à tâtons, de se lier dans une innocence presque de nouveaux nés, dans une sensibilité à part, que seuls eux-mêmes peuvent saisir, comme recroquevillés dans une petite coque de noix, ballotés sur l'océan de la vie.

Lumineux et obscur à la fois, c'est aussi le style de l'auteur, d'une puissance évocatrice et d'une beauté rares, et néanmoins sans emphase.

Je tiens à remercier chaleureusement Babelio et les éditions le Serpent à plumes pour cet envoi dans le cadre de masse critique, un peu laborieux (merci à Charlotte d'avoir persévéré !)...ça valait la peine de découvrir cet auteur-clé à la renommée aujourd'hui internationale. De quoi me donner envie, aussi, avec les écrivains japonais et plus récemment chinois, de découvrir les talents de la littérature coréenne.
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Toute une leçon de vie que nous offre Han Kang avec cette Leçon de grec.
Un homme qui perd graduellement la vue et une femme qui a perdu la voix. Leurs chemins se croisent grâce à une langue morte, le grec.
Cette langue qui fascine tant la femme sans voix, c'est l'homme bientôt aveugle qui l'enseigne. Chacun a une une trajectoire de vie en chute libre et la majeure partie du roman sert à nous expliquer comment ils ont pu arriver à communiquer car on se souvient, la femme ne parle pas et l'homme ne voit presque plus.

« Ne trouvez-vous pas cela bizarre parfois? Que notre corps ait des paupières et des lèvres. Qu'elles puissent être fermées depuis l'extérieur ou verrouillées depuis l'intérieur. »

Ce roman est définitivement bizarre. Poétique et un brin mélangeant. Comme si parfois, l'homme voit et la femme parle, et vice-versa. Et le tout se termine en apothéose de reconstruction. J'adore cette auteure coréenne. Elle me surprend et m'étonne. Cette fois-ci, elle m'a même obligée à relire plusieurs chapitres pour comprendre dans quelle fatalité elle entraine ses deux protagonistes.

Mon Platon est un peu loin j'avoue et mon grec plutôt inexistant mais ça n'entrave pas le plaisir de lecture. Comme quoi, le lien d'apprentissage est fort et la ligne pour passer de l'ombre à la lumière est mince comme une plume d'oiseau!

« Autrement dit, le grec qu'utilise Platon est comme un fruit mûr avant qu'il ne tombe. Par la suite, le grec connaît une décadence rapide. Les États helléniques entre simultanément en déclin. En ce sens, Platon précède le crépuscule de son monde et pas seulement de sa langue. »
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Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
La nuit n’est pas silencieuse.
Le bruit assourdissant de l’autoroute non loin de là dessine sur les tympans de la femme des milliers de lignes comme tracées par autant de lames de patins à glace.
Le magnolia pourpre dont les pétales flétris ont commencé à tomber brille sous la lumière du lampadaire. Elle marche, se frayant un chemin à travers la sensualité des fleurs si abondantes qu’elles font fléchir les branches, à travers l’atmosphère de cette nuit de printemps dont on dirait qu’il va se dégager un parfum sucré si on l’écrase. De temps à autre, elle passe ses deux mains sur son visage alors qu’elle sait que rien ne coule sur ses joues.
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Lorsqu’elle avait l’usage de la parole, il lui arrivait de fixer son interlocuteur au lieu de lui parler. Comme si elle croyait que son regard était capable de traduire parfaitement ce qu’elle voulait dire. Elle saluait, remerciait et s’excusait avec les yeux et non par la parole. Elle pensait qu’aucun contact n’était aussi immédiat ni aussi intuitif que le regard. Il s’agissait pour elle de la seule façon de communiquer sans établir un contact direct.
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Elle se penche en avant.
Serre le crayon qu'elle tient dans la main.
Baisse la tête.
Les mots s'enfuient de sa main.
Les mots qui ont perdu ses lèvres,
les mots qui ont perdu les racines de ses dents et sa langue,
les mots qui ont perdu sa gorge et son souffle ne se laissent pas saisir.
Comme un fantôme sans corps, la forme ne se laisse pas toucher.
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Quelque fois, elle a l’impression d’être non pas un humain mais un objet mobile, solide ou liquide. Quand elle mange du riz chaud, elle a l’impression d’être du riz. Quand elle se lave le visage à l’eau froide, elle a l’impression d’être de l’eau. En même temps, qu’elle n’est ni du riz ni de l’eau, mais une matière solide et irréductible qui refuse de se mélanger à quoi que ce soit.
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Il arbore une expression particulière lorsqu'il s'adresse à quelqu'un. Son regard dit qu'il sollicite humblement l'accord de son interlocuteur, mais il est parfois imprégné d'autre chose que de la simple humilité, d'une sorte de tristesse délicate. p 90
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Vegetarian (채식주의자) Trailer
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