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Critique de Cialanma


Livre d'une historienne qui a mené un travail de fond extrêmement documenté, contextualisé et réfléchi. Dans le même temps, Alice Kaplan pose des problématiques, rassemble les pièces de ces problématiques mais ne donne pas de réponses affirmatives ou infirmatives. Et pour cause...le cas Brasillach est quelque peu tordu, tortueux et reste encore très interrogatif. En revanche, Alice Kaplan donne des clefs que chacun.e peut s'approprier et avec se forger une idée, une conviction voire une prise de position assumée.
Le procès de Brasillach pose la question de ce qu'on appelle en droit l'intelligence avec l'ennemi. Il ne porte pas sur l'antisémitisme et son influence criminelle et grave sur les événements et les périls montant depuis la fin de la Ière Guerre. Pour cause ? A l'époque du procès Brasillach nous sommes en janvier 1945, les procès de Nüremberg arrivent en novembre 1945. Aussi, les notions notamment de crimes contre l'Humanité, l'antisémitisme avéré et mise en oeuvre des vaincus n'est pas encore la préoccupation. Par ailleurs, la France est quelque peu gênée aux entournures sur cette question à cause du régime de Vichy mais pas que. Nous sommes dans le contexte de l'Epuration judiciaire avec reprise en main de la justice par les institutions car l'épuration extra-judiciaire portait les ferments d'une guerre civile latente, larvée en France. de même, la France est un pays considéré comme vainqueur mais tellement paradoxal, contradictoire car avec une période qui pour le moment il faut minimiser : le régime de Vichy. Construction du mythe de la France résistante, qui a été livrée à l'Occupant, avec la complicité (peut-être nécessaire) d'un état fantoche. Nous ne sommes pas dans la configuration d'une Angleterre. Donc le procès Brasillach c'est toute cette époque . C'est ambigu, alambiqué, trouble, troublée, euphorique, coupable en silence etc...Alors pourquoi lui a-t-été fusillé et pas les autres comme un Céline qui en plus s'enfuit ? Moi je poserai une autre question : si Drieu de la Rochelle ne s'était pas suicidé,aurait-il aussi été fusillé ? Et si oui comme pour Brasillach, quelle influence sur le sort d'un Céline par exemple (et d'autres ) ?
Le livre d'Alice Kaplan c'est toute ces questions et analyse sans parti pris, sans réponses sentencieuse.
Enfin, le livre se lit comme une vraie chronique policière et judiciaire. Cela ne verse pas dans l'intellectualisme. Ce n'est pas ronflant. C'est direct, juste et analytique.
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