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Critique de Takalirsa


Comme toujours chez Laura Kasischke, je navigue entre tension et nostalgie, avec un vague sentiment de malaise.
La tension, c'est ce mauvais pressentiment qui plane sur Holly depuis qu'elle s'est réveillée ce matin-là, comme une malédiction dans l'air, avec cette interrogation empreinte de suspense : y a-t-il une tragédie tapie dans l'ombre qui guette l'héroïne?
Mais lorsque Holly commence à égrener les soi-disant signes précurseurs, elle ne sort que des malheurs ordinaires, des banalités du quotidien. Rien de bien concret donc, et cette tension s'effiloche au fil des pages, même si l'on sent bien que ce Noël ne sera pas comme les autres.

Car tout va de travers ce jour-là : Holly s'est réveillée tard, les invités sont bloqués par la neige et sa fille Tatiana ne cesse de provoquer des disputes absurdes. Tatiana qui est le centre de la vie de Holly depuis qu'Eric et elle l'ont adoptée treize ans plus tôt en Sibérie. Mais comme les choses ont changé depuis ce premier Noël où ils ont fait sa connaissance ! Nous voilà plongés dans les souvenirs de cette femme, au coeur de la Russie enneigée mais aussi de tous ces moments avec sa fille plus petite qui l'ont marquée au cours de sa vie, bribes de bonheur ou d'inquiétude, de conversations passionnées et d'accrochages sans lendemain. Avec en arrière-plan le goût, un peu amer, de la nostalgie - « Où en étaient-ils aujourd'hui, des années plus tard ? », qui m'a rappelé un autre roman de l'auteur, "A moi pour toujours", dans lequel l'héroïne n'arrive pas à accepter la prise d'indépendance de son fils unique. Tous les souvenirs évoqués sont empreints de la tristesse de ceux qui considèrent que le bonheur est derrière eux et que rien ne sera jamais plus comme avant. Holly déplore le changement progressif d'attitude de Tatiana, « devenue sèche et impatiente avec ses parents » (c'est une ado de quinze ans, après tout !), qu'elle a toujours jugée parfaite alors qu'elle manque souvent d'originalité dans ses propos et peut même se montrer un brin manipulatrice... Qu'est donc devenue Bébé Tatty ? déplore-t-elle.
Et cette magie de Noël qui a définitivement disparu ! le rituel des cadeaux au saut du lit, les préparatifs du repas en commun, l'accueil des invités... Ceux-ci (qui sont juste évoqués) forment une assemblée hétéroclite que la maîtresse de maison reçoit davantage par obligation que par plaisir ! Et qui ne prennent même pas la peine de l'appeler, elle (ils passent par son mari), pour la prévenir qu'ils ne viendront pas, lui laissant un profond sentiment de rejet.

Bref j'ai trouvé l'ensemble un peu déprimant voire oppressant... Ajouté au fait que le récit se répète beaucoup, revenant en boucle sur certains événements ou impressions de l'héroïne, et j'avoue que mon intérêt pour cette histoire s'est un peu émoussé au fil de la lecture. Pourtant on y lit quelques réflexions pertinentes ici ou là, sur la condition de mère, de mère adoptive, le statut d'enfant adoptée, que l'on considère parfaite, que l'on veut considérer parfaite quoi qu'il arrive, parce que c'est l'unique chance d'être mère quand on est stérile, au risque de refuser l'évidence, ce qui se cachait derrière cette porte à l'orphelinat, les propos confus des infirmières... Réflexion également sur l'hérédité et l'héritage, le caractère inéluctable de la vie, la création littéraire... Malheureusement tout est livré en vrac, noyé dans un magma de souvenirs et de pensées triviales qui nous fait perdre le fil du récit (pour peu qu'il y en ait un). Tout s'explique à la fin (les propos décousus, les incohérences du récit), cependant trop tard pour que j'en savoure la subtilité...
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