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Critique de latina


latina
05 septembre 2015
« Il y a les abrités, les abritants, les sans-abri. Il y a ceux qui sont tombés dans un trou du tissu social, il y a ceux qui les ramassent.
T'en as qui perdent les pédales parce que leur femme les quitte, t'en as qui démolissent leur vie à coups de bouteille de whisky, t'en as qui sont nés déconnectés, t'en as qui sont demandeurs d'asile et ce genre de truc, tu vois de tout, à la résidence. La question, ce n'est pas ce qui nous arrive, mais comment on accuse le coup. »

Un condensé de vie, mais plutôt de la vie de ceux qui ont tout perdu, voilà ce qu'Eva Kavian nous expose et décompose dans son dernier roman. Autour de « personnages », dans le sens le plus total du terme, nous vivons dans une résidence pour sans-abri, et suivons pas à pas le quotidien cahoteux, bosselé, émaillé ça et là de petits moments de grâce. Nous y entrons avec Jacques, 68 ans, qui n'a « rien vu venir ». Son passé cabossé nous est révélé par petites touches, à travers son présent problématique. Et puis il y a Momo, l'inénarrable Momo hyperactif au coeur sur la main, incapable de ne pas se mêler de la vie des autres. Et Filleul, le grand Noir à l'âme en serpillière. Et Ramon, Espagnol alcoolique attaché à sa mère vivant au pays... Tous ces gens sont pris en charge par les travailleurs sociaux essayant tant bien que mal de bien faire leur « métier » (peut-on parler de métier quand on travaille sur de l'humain, et surtout sur de l'humain meurtri ?)

Les phrases incisives, tranchantes. La multiplicité des points de vue rugueux. La diversité des paragraphes. Les chapitres courts, rudes. Mais la tendresse aussi, à fleur de mots. La faiblesse et la volonté. le désir de s'en sortir et la chute. L'humanité, enfin.
Eva Kavian réussit une fois de plus à se renouveler, à m'interpeller, à me toucher. Jamais elle ne cherche la facilité, jamais elle ne reproduit un canevas de roman tout prêt. Mais l'humanité, ça oui, elle la garde, toujours. C'est pour ça que je la considère comme une auteure majeure. Car, finalement, qu'y a-t-il de plus important au monde que l'humain, vulnérable et explosif ?
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