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Critique de kuroineko


Je n'ai lu, jusqu'à présent, que quelques ouvrages de Kawabata Yasunari. A chaque fois, je me sens transportée par la beauté et la délicatesse qui s'en dégagent. Kyôto ne déroge pas à cette impression.

L'ancienne capitale de l'Empire constitue le véritable protagoniste du roman, avec ses venelles et ses petites maisons à clairvoie, ses quartiers de geishas comme Gion ou Pontocho, ses fêtes - matsuri - si nombreuses et rattachant les habitants aux siècles passés, ... Kyôto reste encore un des coeurs historiques du Japon, un lieu où la tradition resplendit plus fort. On sent néanmoins sous le pinceau de Kawabata les changements en cours, quelques années après la fin de la guerre, alors que l'occupation militaire américaine se restreint. On le voit par les hordes de touristes qui mitraillent à tout va les sanctuaires les plus connus. Mais surtout par les évolutions dans le domaine économique : les tisserands manuels entrent en concurrence avec le tissage mécanique. le commerce tend vers une modernisation qui s'allie à une globalisation des ventes. Un des personnages s'étonne qu'une maison de tissu pour kimono vendent des postes de radio Sony. Comme lui rétorque un jeune homme, "un dollar est un dollar". le vieux Japon semble se fondre dans de nouvelles conceptions qui englobent tous les secteurs de la vie. Écrivain très classique, voire passéiste, Kawabata constate en s'en désolant.

Ce qui demeure fort, dans Kyôto, c'est la prégnance de la nature et l'attrait qu'elle continue d'exercer sur les Japonais. L'auteur met dans ses descriptions de cerisiers en fleurs, de cryptomères ou de camphriers une profonde sensualité. Son écriture si poétique et sensible restitue pour notre plus grand plaisir les merveilles du hanami ou d'un étang de carpes koi. Son pinceau nous emporte vers de somptueux jardins où mousses et pins se marient en une superbe harmonie.
L'histoire des humains s'inscrit dans ce cadre et s'en trouve presque mis au second plan. Il n'y a cependant pas moins d'intérêt à découvrir l'histoire de Chieko et de sa jumelle Naeko, séparées alors qu'elles étaient au berceau. A travers ces soeurs, Kawabata dépeint deux éducations, deux types d'existence très différents.
Dans leurs relations comme celles avec les autres protagonistes, beaucoup de choses sont laissées dans l'ombre, dans les interstices du non-dit. C'est une caractéristique qu'on retrouve très fréquemment dans la littérature japonaise. Cela apporte une grande pudeur et une profondeur rendue plus subtile au texte.

Une fois de plus, Kawabata a montré son excellence en ce domaine. Je ne peux, par conséquent, qu'encourager les lecteurs à se précipiter sur son oeuvre si riche.
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