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Critique de Osmanthe


Le personnage central de cette histoire est Gimpei Momoï, un homme esseulé, dont la principale caractéristique physique est d'avoir des pieds simiesques, particulièrement moches, en tout cas il en a une conscience aigüe et en souffre. Il a pour manie de suivre dans la rue de toutes jeunes femmes…Happé par leur beauté, son esprit part dans des rêveries sentimentales, qui souvent le ramène à une expérience précédente. Cette passion et son aspect pervers lui ont déjà coûté son bon poste de professeur, lorsqu'il a eu ce qui semble bien être sa seule relation physiquement partagée et concrétisée par ce procédé, avec Hisako, une de ses étudiantes. Mais Hisako s'est confiée à sa copine Onda, qui a balancé aux parents d'Hisako…Après quelques soubresauts dans cette relation condamnée d'avance, Gimpei ne fera qu'errer et courir après son fantôme, cherchant à la retrouver à travers les sensations procurées par ses nouvelles « proies », comme Miyako puis Machié. Ce mot est un peu fort, Gimpei ne se livrant jamais à des attouchements ou viol, mais son comportement suscite néanmoins le malaise, le faisant traiter de cinglé à plusieurs reprises. D'où lui vient donc cette obsession ? Une faille remontant au temps de l'enfance, ce temps où on le promettait au mariage avec sa petite cousine Yagoï, et temps où son père fut retrouvé mort dans le lac voisin du domicile, une plaie à la tête, sans qu'il ait jamais su s'il s'agissait d'un accident ou d'un assassinat ? Gimpei court après des chimères, baigne dans les hallucinations, mais il n'a pas vraiment le profil du prince charmant capable de séduire ces jeunes beautés...La fin le fera revenir à la réalité ironique de sa déchéance.

Assez court et toutefois très dense, ce roman est souvent sinueux du fait d'allers et retours quasi incessants entre le présent et le passé de Gimpei. le fil rouge est la pensée de cet anti-héros, que l'auteur nous fait partager. En fait, cette sinuosité est le reflet des propres errements de son personnage. Même si l'atmosphère générale est plus chaotique du fait de la construction du récit, et de la personnalité complexe de Gimpei, on retrouve comme toujours avec Kawabata de nombreuses images d'une grande beauté poétique, non dénuées de sensualité, et servies par une écriture classique d'une qualité incomparable.

Ce roman semble un peu à part au milieu d'oeuvres de Kawabata à l'atmosphère souvent plus immobile, montrant toute l'étendue du génie de l'artiste, au-delà de son image de gardien du temple d'un Japon éternel.
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