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Critique de meyeleb


Trois lignes ce serait trop court! Amis babéliens amateurs de petites critiques minimalistes, je ferai de mon mieux...
C'est dans une atmosphère très étrange que nous fait entrer ce roman. On découvre avec un vieil homme une maison close pour le moins particulière, où les clients ne sont que des vieillards, où les femmes, très jeunes, sont plongées dans un profond sommeil, et où certaines règles tacites interdisent d'abuser d'elles. Elles sont "les belles endormies".
Le parcours du lecteur (du moins l'ai-je ressenti ainsi) suit celui du vieil Eguchi. D'abord attisé par la perspective d'un érotisme, d'une sensualité ciselée par l'écriture, on se surprend à être quelque peu déçu, après un premier chapitre où Eguchi lui-même, passée la surprise de cette première nuit à contempler une jeune beauté offerte à son regard, éprouve de la frustration. Lui qui se croyait un initié par la force de l'âge (à l'art du thé, à l'art du désir), va connaître une autre sorte d'initiation...
C'est pourquoi, quelques semaines plus tard, il retourne une deuxième fois dans cette maison, puis une troisième, puis...C'est pourquoi, passé cet horizon d'attente à vrai dire sans finesse, le lecteur se laisse à son tour porter vers une interprétation plus symbolique de ces rencontres.
Au fil des chapitres/nuits, l'empire des sens, quoi que toujours prégnant, laisse peu à peu la place à l'empire des songes. Chacune des filles est pour le vieil Eguchi une petite madeleine proustienne (si l'on peut se permettre cette comparaison...) aux saveurs oubliées. le parfum d'un corps, le galbe d'un sein, le dessin des lèvres, suscitent l'émergence de souvenirs des femmes de sa vie. Avec elles, un brouillard de questions implicites sur le sens de la vie, la peur de vieillir, la solitude, la mort...
Je referme le livre. Etonnée qu'avec si peu de péripéties (mais quel art ineffable de la suggestion), Kawabata soit parvenu à me garder si près de lui jusqu'au dernier mot.
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