Tout se joue dans un laps de temps délimité. Tout se construit, ou plus exactement se déconstruit, basculement de vie compris, entre la fin de l'année scolaire et la rentrée suivante : été 97, étonnamment caniculaire à Londres. Karen est une étudiante brillante, issue de la classe moyenne. Ses parents encouragent ses études universitaires grâce auxquelles ils espèrent un ascenseur social. Karen est une fille sage, vit en colocation avec ses amies, dans un appartement bien entretenu. Exceptionnellement douée pour les langues, elle est au croisement des chemins. Que faire après sa licence ? Une année sabbatique ? Une maîtrise ? Elle doute. le passage étroit, fragile et parfois chaotique entre le monde de l'adolescence et celui des adultes est décrit et analysé avec une acuité hors normes littéraires habituelles.
Une annonce sur un panneau d'affichage de son université fait basculer sa vie. Biba, étudiante, cherche une répétitrice en Allemand pour mémoriser phonétiquement un rôle pour son hypothétique carrière d'actrice. Devenues amies, l'été devient pour les filles un terrain d'expérimentations : Fêtes, drogues, alcools, et surtout Guy. Karen s'enivre de toutes les manières possibles, libérée de ses entraves familiales, jusqu'à ce que l'irréparable soit commis et l'oblige à prendre des décisions qui modifieront sa vie jusqu'à sa mort.
Tout n'est pas explicite dans ce roman, qu'il s'agisse d'homosexualité ou d'inceste, rien n'est asséné, étiqueté.
Erin Kelly exige du lecteur un travail de lecture attentif pour forger ses propres convictions. Tout au long de cette intrigue originale qui n'est pas sans rappeler L'été de Trapellune, on se demande qui va commettre quoi, jusqu'au dénouement inattendu.
J'ai beaucoup aimé
L'arbre au poison, dans lequel l'auteure révèle une imagination puissante et élaborée, fine et intelligente, servie par une très belle écriture, riche, toute en nuances, à fleur de peau, qui restitue les errements mentaux complexes de ses personnages aux prises avec leur passé ou leur avenir.