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Critique de MathildEmo


On suit quelques années de la vie de Paula depuis les 20 ans, âge auquel elle intègre une prestigieuse école d'art de Bruxelles. Elle veut y apprendre les techniques et secrets de la peinture en trompe l'oeil, avec une envie que l'on juge en tant que lecteur limitée voire résignée. Mais dont on saisit la véritable nature plus tard, après son diplôme lorsqu'elle se jette à corps perdu dans son travail. Il devient un prolongement de sa propre personne, une frontière floue entre sa réalité et la réalité du substrat, et peut être aussi le remède abstrait à son strabisme qu'aucun ophtalmologiste n'a jamais su résoudre. de ses premiers pas laborieux dans ce travail aléatoire aux réussites remarquées dans le cercle fermé de la bourgeoisie italienne, on observe les apprentissages sentimentaux de Paula et ses déambulations professionnelles qui l'amène à affiner sa propre vision de l'art, souterraine depuis ses 20 ans. Ces quelques années de sa vie sont à l'image de la trajectoire courbe décrite par un jet de peinture sur une toile immaculée. Cette toile qui représente l'espace des possibles pour la jeune Paula, qui espère en résorber la blancheur avec les teintes vives d'une existence d'artiste reconnue. Ce premier jet explose avec une fulgurance similaire à l'ambition éhontée de la jeune femme, s'y reflète la même beauté que sa candeur parfois malhabile. Paula désire âprement ériger la peinture en "trompe l'oeil" au rang qu'il devrait occuper, un art embryonnaire et fondamental, miroir de millénaires de création lorsque les hommes primitifs avaient uniquement le désir éthéré de reproduire ce qui leur faisait face. Elle veut l'instituer comme un art immuable de la reproduction, poreux au réel et aux soubresauts physiques du créateur. Une technique artistique universelle qui retranscrit l'essence même de la réalité. Et Lascaux apparait alors comme le point d'orgue de cette quête irrépressible. Puisque qu'il lie les époques et les êtres, unifie les formes, les matières et les couleurs. Ils ne forment plus qu'une masse dense se modelant de façon synchrone. Dans un temps nécessairement universel. Lascaux matérialise le sens que Paula cherchait éperdument pour appréhender enfin sa vie artistique, et l'assumer auprès de ses proches et en particulier du couple fusionne de ses parents. Et en décelant ce sens, sa vie sentimentale s'éclaire elle aussi.
Même si l'on peine parfois à pénétrer le personnage de l'héroïne, souvent distant. La lecture est agréable de bout en bout, soutenue par un phrasé poétique et imagés. A la fin, brûle en nous l'envie de connaître la suite: l'âge de la maturité.
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