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Critique de nadejda


Gros et passionnant roman historique de Yann Kerlau.

J'avais ce livre qui attendait depuis un certain temps et j'ai eu envie de me plonger dedans. Pas déçue, car la vie de Christine de Suède est un roman passionnant et l'on est d'autant plus pris dans son tourbillon que Yann Kerlau la fait directement s'adresser au lecteur.
Elle nous dit
 " ... j'étais faite de tourbe et d'étoile, naviguant hardiment entre mes faiblesses de femme et mes exigences de souveraine.
(...) dans ce siècle assagi où la plupart des hommes ne rêvaient que d'un ordre bourgeois et ménager, je faisais tache et dérangeais par maints aspects : plier m'était odieux, plaire me lassait, gouverner m'avait moins comblée que former mon esprit. J'aspirais orgueilleusement à vivre chaque jour de ma vie avec plus d'intensité que mes semblables. Je voulais l'eau et le feu, le tonnerre et le silence, la prière et la contestation. p 281

Voilà comment sa mère, femme cruelle qui tentera de l'empoisonner quand elle sera régente du royaume, accueille la naissance de sa fille : «Une fille, s'écria-t-elle, nous n'en ferons rien de bon. En plus, elle est laide et velue. Otez-la de ma vue.»
Enfant chérie du «roi des neiges», Gustav Adolphe, auquel elle voue une grande admiration, meurt alors qu'elle a six ans.
Enfant et jeune fille, elle dissimule sa rage de vivre, met son insolence en veilleuse, se réfugie dans les livres et l'étude pour tenter de combler le manque d'affection et la solitude dans lesquels elle vit. Elle lit à dix ans Thomas More, Hérodote, Thucydide, "les disputes d'Erasme de Rotterdam et de Calvin lui sont plus familières que les couloirs du Château de Visby", elle admire l'inflexible Elizabeth II d'Angleterre et Montaigne dont les "Essais" l'accompagneront tout au long de sa vie tumultueuse, elle aime la netteté de trait de Dürer, découvre plus tard avec émerveillement le génie de Léonard de Vinci.

«En tout l'excès me gouvernait. La violence du verbe comme du geste m'enchantait. A cause des livres, je devins l'amie des interdits, celle qui ne se liait à personne mais exerçait sur les autres un réel pouvoir d'attraction.» p 14
Elle fera venir auprès d'elle Descartes l'enlevant à la princesse Palatine 
«Ce fut avec lui que je découvris la relativité de nos croyances, sans imaginer alors qu'il avait semé là une graine qui bientôt changerait ma destinée.» p 33
Continuez à suivre la destinée de cette femme hors du commun, une femme qui ne peut laisser personne indifférent en vous plongeant dans ce livre.
Excessive, passionnée, elle peut être cruelle et généreuse, pleine de compassion devant la misère mais aussi intransigeante et impitoyable lorsqu'on la trompe. Une femme qui peut oublier ses devoirs lorsque la passion amoureuse l'aveugle mais que l'adversité trouve toujours ardente au combat. Une femme qui estime «avoir gagné le droit de vivre toutes les aventures» qui aura su prendre en main sa destinée. Même si elle ne provoque pas un élan de sympathie elle séduit par son audace et sa ténacité et l'on ne s'ennuie pas en sa compagnie.
(les numéros de page sont ceux d'une édition du Grand Livre du Mois)
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