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Critique de 20thCenturyBoy


Une autre grosse claque que celui-là, ça devient routinier avec Ti Jean. Enfin, Duluoz. Kerouac, vous voyez. Mais Les Anges Vagabonds est un opus tout particulier de la grande saga esquissée par Jack, en réalité je crois que c'est celui que je conseillerais à quelqu'un qui voudrait s'y lancer.

Pris globalement, on pourrait le considérer de manière attendue comme une réécriture du Vagabond Solitaire, dont il reprend quasi-exactement le même schéma (Mexique, New-York, voyage en Europe, retour au bercail). le lecteur y retrouvera d'ailleurs des grands moments racontés différemment, comme la fameuse traversée chaotique de l'Atlantique dont l'auteur est persuadé qu'il n'en sortira pas vivant, mais on aura également droit à de nouveaux détails, anecdotes et perspectives tous plus intéressants les uns que les autres.
La grande différence étant que si le fameux vagabond parcourait le monde de façon quasiment abstraite, on se rapproche beaucoup plus ici du terre-à-terre d'un Sur la Route, en mettant tout particulièrement l'accent sur l'aspect communautaire. En effet, ce sont les amis de toujours, les poètes, les Beats, les fameux Desolation Angels (titre tout à fait classe changé en VF pour une raison qui nous échappera à jamais) qui sont au centre du roman, tous sous de faux noms, comme le veut l'usage. le cercle rapproché, tout d'abord, Ginsberg et Burroughs, bien sûr, et tout leur cercle homosexuel et exalté, qui seront la source des plus beaux passages du livre, créateurs de visions incohérentes et impressionnantes, toujours décrites dans le style endiablé de Kerouac. Mais on aura également le plaisir de retrouver des personnages spécifiques à certains romans, comme quelques bouddhistes des Clochards Célestes et surtout, le temps de quelques lignes (mais quelles lignes !) le grand Dean Moriarty, pièce centrale de Sur la Route.
A côté de ça, Kerouac parvient tout de même à se regarder en face, se réfléchir lui-même, ses années passées, celles qui restent à venir (trop peu nombreuses), et celles-ci, la fin des années 50, qu'il traverse comme une étoile filante. La dernière partie, durant laquelle il se retrouve en tête-à-tête avec sa mère, sont particulièrement émouvantes.

Si vous voulez vous lancer dans Kerouac, c'est donc vers les Anges Vagabonds que je vous recommanderais. Vous vous familiariserez avec ses longs délires et ses phrases interminables. Vous assisterez à un fabuleux road-trip sur plusieurs continents, des ruelles embrumées de Londres en passant par la côte de l'Afrique, les cafés parisiens et la chaleur mexicaine, l'auteur y parle de plusieurs périodes de sa vie (et donc des romans correspondants), rencontre des personnalités majeures de son cycle, nous offre de grands moments d'anthologie, qu'ils soient de mouvements (les adeptes comprendront) ou de réflexion, évoque la religion, la poésie, l'amour et l'amitié. Peut-être le centre de son oeuvre.
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