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Critique de sandrine57


Berlin, 1934. Attaché à la République de Weimar et résolument anti-nazi, Bernie Gunther a quitté la police berlinoise avant d'en être chassé. Désormais, il est le détective attitré du prestigieux Hôtel Adlon, traquant le client indélicat, évitant les bagarres au bar. L'ambiance en ville est délétère, entre peur des SS et euphorie olympique. Car Berlin construit son stade en toute hâte et l'Allemagne d'Hitler pourra compter sur la présence des Etats-Unis aux Jeux maintenant qu'un comité d'experts américains a certifié que le pays n'appliquait aucunement une politique discriminatoire envers les juifs. Partisane du boycott et persuadée qu'un article bien documenté pourrait changer la donne, la journaliste, juive et communiste, Noreen Charalambides, cliente de l'Adlon et amie personnelle de la propriétaire, entraîne Bernie dans une dangereuse enquête où le cadavre d'un boxeur juif repêché dans un canal et le meurtre d'un entrepreneur allemand dans une chambre de l'hôtel pourraient être plus liés qu'on ne le pense. Conscient qu'il risque sa peau mais incapable de résister aux beaux yeux de Noreen, Bernie affronte Max Reles, un homme d'affaires américain, proche des nazis et plutôt belliqueux. Mais son histoire d'amour tourne court et Noreen repart, contrainte, aux Etats-Unis.
Quand il la revoit, vingt ans ont passé, de l'eau a coulé sous les ponts. Elle est une auteure reconnue, en villégiature dans la villa d'Hemingway pour fuir le maccarthysme et lui un nazi installé à La Havane. Encore une fois, elle sollicite son aide. Il s'agit de surveiller et de protéger sa fille Dinah, fiancée à un homme dangereux, à la tête d'un empire hôtelier et propriétaire d'un casino havanais. Et cet homme n'est autre que Max Reles.

En Allemagne ou à Cuba, Bernie Gunther trimballe son humour corrosif, son flegme et son incroyable chance qui lui permet de survivre à tout, au nazisme comme à la dictature de Batista, à l'animosité d'un mafieux de Chicago comme aux interrogatoires de la police politique. Tête brûlée mais l'instinct de survie chevillée au corps, cet homme aux mille vies nargue les puissants mais fond devant le regard de biche d'une femme fatale. Doté de l'art consommé de se fourrer dans les pires embrouilles, il a aussi la faculté de s'en dépêtrer, car il se moque des lois aléatoires et des régimes politiques, sa seule idéologie, c'est de sauver sa peau, et au passage celle de ceux qu'il estime le mériter.
Aussi à l'aise pour dépeindre Berlin sous le nazisme que La Havane des gangsters américains, Philip Kerr réussit encore une fois à mêler fiction et triste réalité dans un polar passionnant, instructif et divertissant. On ne peut résister à Bernie Gunther, son humour, son courage, et son ambiguité. Un sacré personnage !
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