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Critique de Phoenicia


Très bon roman! Philip Kerr confirme son statut d'auteur fiable.
La dame de Zagreb est une intrigue, ou plutôt trois intrigues différentes entremêlées. Si Gunther est sous les ordres de Goebbels pour la première, concernant la deuxième, il est aux ordres du commandant du renseignement extérieur. L'un comme l'autre vont contraindre Gunther à se mettre en danger : police locale, Gestapo, espions Alliés.

La première concerne la recherche d'un père en Croatie durant la Seconde Guerre mondiale. Se situant juste après le massacre de Katyn, on aurait pu croire que Gunther ne pouvait voir pire. Or, en Yougoslavie, les massacres ne sont pas uniquement une affaire de religion, mais également de race : les Serbes orthodoxes contre les Croates catholiques donnent lieu à des massacres ignobles qui peut aller jusqu'à nous plomber l'ambiance. Cela est peut-être dû au fait que Philip Kerr aborde ici une partie du conflit que l'on connaît moins bien, qui nous dépayse entrainant ainsi le fait que le lecteur ne peut réellement anticiper le niveau de l'horreur qui eut lieu. Comme d'habitude, le tout est très bien documenté ( oustachis, Handschar). Dans ce décor notre cynique Gunther donne l'impression d'un naïf optimiste, c'est dire!
Les deux autres intrigues ont pour lieu le pays de la neutralité même : la Suisse dans laquelle l'humour de Gunther est loin de plaire à tout le monde. Au programme complot qui dépasse Gunther et un assassinat vieux de plusieurs années décryptés en deux chapitres ( hélas!). Je n'en dit pas plus pour ne pas spoiler.

Dans ce roman, c'est aussi l'occasion de faire un point biographique : la rencontre de la femme de Gunther qui apparaît dans le Requiem allemand et également la raison de sa présence sur le front russe toujours avant le Requiem allemand.

Et bien entendu, il y a une femme, "la Dame de Zagreb", le grand amour de Gunther, du moins pour ce roman, puisqu'il en a un dans chaque tome... On en vient cependant à regretter qu'il soit le personnage éponyme car toutes les intrigues ne tournent pas autour d'elle et elle-même arrive tard dans le roman.

Enfin, concernant les temporalités, il y a trois moments bien distincts : après Prague Fatale, après Les Ombres de Katyn et en 1956. On peut facilement se retrouver perdu sans une petite mise au point de la biographie de notre inspecteur favori.

Malgré tout, c'est un roman que j'ai personnellement adoré, qui reste dans les schémas classiques pour les intrigues de Bernhard Gunther, qui se dévore rapidement. En revanche, il est à éviter de le lire si l'humeur est à la monotonie.
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