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Critique de SZRAMOWO


Roman d'anticipation écrit en 1992, censé se dérouler en 2013, « Une enquête philosophique » traite du sujet de la prévention de la violence dans la société.
Face à la recrudescence de meurtres en série visant essentiellement des femmes, qualifiés de « meurtres hollywoodiens » en raison de la mise en scène et des motivations des meurtriers, les pouvoirs publics ont mis en place un programme de prévention, le programme Lombroso – un acronyme évoquant le nom de Cesare Lombroso (1835-1909) et de sa théorie du « criminel-né » exposée dans les différentes éditions de L'homme criminel (1876) – dont la mise en oeuvre se heurte à quelques déboires, notamment du fait de piratages informatiques du système, qui permet d'identifier des criminels potentiels, et délivre des messages comme :
« Attention, le sujet que vous avez identifié est NVM-négatif, donc d'un point de vue somatogène prédisposé au crime violent. Il ne doit être appréhendé qu'avec circonspection. Pour plus amples informations, contacter le programme Lombroso à l'Institut de Recherches sur le Cerveau (IRC). Prière de détruire ce document après lecture. Toute reproduction ou enregistrement des informations communiquées dans ce dossier est passible de poursuites. Toute utilisation de ce document devant une cour de justice sera déclaré irrecevable. »
Cette citation résume assez bien la problématique du roman de Kerr.
La population est soumis à des tests, certains individus ont été dépistés NVM-négatifs, ont accepté de se soumettre à un traitement particulier auprès de psychologues de l'IRC, et sont sous surveillance constante. A priori ils ne devraient pas passer à l'acte, ils sont informés du fait qu'ils sont « prédisposés au crime violent » et savent que les autorités savent. Les NVM-négatifs d'après les résultats enregistrés par l'IRC représentent seulement « 0,003 % de la population et sur ces 0,003 %, seuls 30 % ont été incarcérés auparavant (…) le programme Lombroso a permis d'appréhender 10 meurtriers. »
A priori tout baigne. Sauf que….je n'en dirai pas plus…
Jake, surnom de l'inspecteur principal Isadora Jakowicz, licenciée en psychologie, de la police de Londres, se voit confier l'enquête sur les piratages du système Lombroso par Grace Miles, sous-secrétaire d'Etat à l'Intérieur et membre du Parlement.
Elle subira la pression de sa hiérarchie mécontente de la décision de Mme Miles, et celle de cette dernière, soucieuse de résultats traduisibles en gains politiques potentiels pour le pouvoir en place. Une enquête particulièrement éprouvante.
Jake doit retrouver la source du piratage du système et pister le tueur au pistolet à gaz qui s'en prend à des hommes, tous NVM-négatif…
Ecriture de facture classique, c'est un premier roman, alternant les chapitres où le meurtrier parle –impression en italiques - et ceux où l' enquête se déroule. Jake s'y débat avec ses collègues, des hommes, jaloux de ses prérogatives.
Kerr pose, avec talent, la question de la prévention de la délinquance. Son argumentaire est fondé et étayé, on constate qu'il s'est documenté sur Cesare Lombroso et sa théorie de L'homme criminel, il fait appel à de nombreux concepts philosophique, citant Bertrand Russel, Wittgenstein : « La mort n'est pas un événement de la vie. La mort ne peut pas être vécue. », Herbert Marcuse et bien d'autres.
Sir Jameson Lang un professeur de Philosophie à Cambridge, affirme à Jake :
« (…) l'enquête policière et la philosophie ont ceci de commun qu'elles partent du principe qu'il y a une vérité à découvrir. Notre activité est faite d'indices qu'il nous faut l'un comme l'autre rassembler pour reconstruire une image vraie de la réalité. Au coeur de nos entreprises respectives, il y a la recherche d'un sens, d'une vérité qui, pour une raison ou pour une autre, est demeurée cachée. Une vérité qui existe derrière les apparences. »
Un premier roman qui montre déjà les qualités des futurs romans de Philip Kerr, notamment son talent à faire prendre du recul à ses héros, et à les doter d'un sens de l'humour assez ravageur :
« Jake savait qu'il y avait à bord des caméras suffisamment puissantes pour photographier jusqu'au peigne qu'elle avait dans les cheveux et peut-être même jusqu'au cordonnet de son Tampax, et que l'appareil était doté d'un système d'écoute sophistiqué. »
A lire !


Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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