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Critique de daniel_dz


Par ses nombreux éloges sur Philip Kerr, mon ami Jean-Pierre a piqué ma curiosité sur cet auteur, que je viens de découvrir en lisant « Une enquête philosophique ». Je confirme d'emblée l'enthousiasme de Jean-Pierre !
Philip Kerr a fait paraître « Une enquête philosophique » en 1992, dans la foulée de la « Trilogie berlinoise » qui a marqué le début de son succès. L'action se situe en 2013, ce qui ajoute à ce thriller une touche d'anticipation. Un dépistage génétique a permis de détecter des individus ayant des prédispositions à la violence. On leur propose un traitement psychologique en échange de discrétion quant aux résultats du dépistage; c'est le programme Lambroso. Placer le roman dans un cadre où une telle chose est possible donne déjà froid dans le dos tout au long de la lecture…
L'un des individus détectés violents potentiels parvient à s'introduire dans un système informatique qui lui permet d'identifier ses semblables, et d'entamer le projet de les tuer l'un après l'autre, avec le plaisir de commettre à chaque fois le « crime parfait ».
Lambroso identifie chacun des criminels potentiels au moyen d'un nom de code qui est le nom d'un philosophe. Celui qui est au centre du roman est connu comme « Wittgenstein »; il finit en quelque sorte par s'identifier à lui et à construire une argumentation logique pour justifier ses crimes. Ceci explique le titre du roman, dont vous commencer à percevoir toute la richesse constituée du mélange de plusieurs genres: on joue à se faire peur en traquant le tueur en série, on prend plaisir à quelques joutes philosophiques, avec en plus une touche d'anticipation qui nous fait frémir à nouveau, en entrevoyant ce que notre société pourrait devenir.
À côté du pur plaisir de se laisser prendre par le suspense de l'intrigue, je note également quelques thèmes de réflexions intéressants, en plus des dérives que pourrait entraîner de réelles techniques de dépistage de criminels potentiels. Par exemple, à défaut de parvenir à intercepter le tueur, approuveriez-vous l'idée d'un magistrat de tenter de le neutraliser en lui envoyant des messages qui, tirant parti de ses faiblesses psychologiques, pourraient le pousser au suicide ? Et que penseriez-vous de l'idée de remplacer une peine de prison à perpétuité par une alternative moins coûteuse: plonger les criminels dans un coma permanent ?
Bref, un roman divertissant et intelligent, qui me donne envie de découvrir le reste de la production de Philip Kerr (et aussi d'enfin ouvrir le « Tractatus » de Wittgenstein, et aussi de relire l' « Histoire de la philosophie occidentale » du passionnant Bertrand Russell…).
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