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Critique de CelinePointAlaLigne


Cher Hank,

Je t'arrête tout de suite ! Ne viens pas me dire que tu attends ma lettre depuis un moment… tu sais combien de temps il m'a fallu pour te lire ??? Déjà que je n'étais pas obligée de t'écrire… Ben oui, j'aurais tout aussi bien pu répondre à ton frère Leland, votre père Henry, ton cousin Joe Ben, Viv ta femme, Eggleston ton voisin, Draeger au syndicat ou encore Teddy le patron du Snug … et ce, sans compter tous les autres… parce que finalement, pour mon plus grand bonheur ET ma plus grande stupeur, vous vous êtes partagé la narration tout au long de ces 894 pages et parfois jusque dans la même phrase. Narrateurs donc, mais aussi époques, dialogues et descriptions sont dispersées. Il fallait un esprit tordu pour y parvenir sans trop créer de confusion, rien qu'un grand besoin de concentration. Bref, une prouesse inégalable pour Ken Kesey, ton auteur comme pour tes lecteurs !

Pour ce qui est de ton histoire mon très cher Hank, tu dois assumer le fait que tu as couché avec la nouvelle femme de ton père sous les yeux de son fils qui s'avère être ton demi-frère. Qu'ainsi celui-ci a nourri toute sa vie durant une envie de vengeance terrible, ce qui finit par le ramener à Wakonda, fief humide de votre enfance où ton père et toi vivez toujours. Et qu'au moment où il arrive, tu as eu la grande idée de ne pas te montrer solidaire avec tes collègues bûcherons et de continuer à tailler de la grume comme on dit (-ou peut-être qu'on ne le dit pas mais comme je suis contente d'avoir appris le mot grume…-).
Mais alors tout ça valait-il 894 pages d'une lenteur impitoyable à lire ?

Et bien oui bordel ! Oui, oui, oui ! N'en déplaise aux fois où j'ai piqué du nez, O.U.I.
La construction narrative de ce roman est tout simplement dingue. Il est, non pas un mais des exercices de style à lui tout seul. Cela donne un rythme fort à un texte qui n'en a sinon pas tellement. Les personnages sont tous exceptionnels de justesse. Certains sont brièvement évoqués avant de devenir des personnages essentiels puis de retomber dans les détails du décor, superbe décor au demeurant. On veut partir mais on ne fait que rester. Eux comme nous.
L'ambiance est pesante, gluante, presque mystique. Totalement envoûtante.
L'exploration des relations humaines et notamment fraternelles et filiales est grandiose. le temps est pris, puisqu'il existe, pour décortiquer les âmes. Les réactions en disent autant que les non-dits ressentis. La tension prend son temps, puisqu'elle en a, pour monter mais le drame est inéluctable et m'a sciée en deux, comme une grume (encore elle ♡).

Fort à parier qu'on ne les oublie jamais les Stamper et même qu'ils manquent. En fait, c'est déjà le cas.

Tout le plaisir fut pour moi,
Céline

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