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Critique de Crossroads


Roman fleuve qui m'a souvent transporté , parfois submergé...

Dès sa réception , deux constats évidents : la beauté indéniable de l'ouvrage et un format atypique susceptible de vous faire abandonner les haltères à son profit . Provenant de Ken Kesey ( 1935 – 2001 ) auteur du célèbre Vol Au-dessus d'Un Nid de Coucou ( 1962 ) , je fis fi de quelques appréhensions bien légitimes , convaincu que le temps allait suspendre son vol .

La grève est décrétée par le syndicat à Wakonda , petite ville forestière imaginaire de l'Oregon où sévit le clan Stamper . Problème , vouloir leur en imposer , c'est un peu sortir le canoé et décider de dompter les chutes du Niagara à contre-courant . D'emblée , la tâche s'annonce coriace , pas insurmontable , mais quand même...
Tout comme les petites marionnettes , ils feront front , bien décidés à fournir en bois la Wakonda Pacific , quitte à s'aliéner l'ensemble de la communauté .
Mais pour venir en aide au charismatique Hank Stamper , à son jovial cousin Joe Ben et à l'opiniâtre patriarche Henry qui a fait «  lâche rien de rien «  sa devise journalière , seul un Stamper pourrait prétendre au poste . Leland dit Lee , érudit , raffiné , chétif , tout ce que n'est pas son demi-frère Hank avec qui il a un méchant contentieux , décide de réintégrer la séculaire maison familiale et de fourbir ses armes .

Dire que j'ai adhéré immédiatement serait mentir . Dense et protéiforme , l'histoire s'apprivoise mais ne se livre pas d'emblée , la coquinette . Ajouter à cela une narration trompeuse , ayant aboli toute ponctuation au profit d'une graphie différente histoire de signaler que les protagonistes ont changé et c'est un certain temps d'adaptation nécessaire à défaut d'un temps certain .

Une fois la bête domptée , place aux immensités boisées , aux conflits ouverts et larvés , à l'âpre quotidien de bûcherons considérant le progrès comme une bête sournoise et mortifère .
Le programme est conséquent . le repas gargantuesque . L'invitation à la table des Stamper est une offre que l'on peut difficilement décliner . Evoluer en leur compagnie , c'est naviguer en eaux troubles , à la rude , s'adorer , se détester , se déchirer pour mieux se reconstruire car au-delà d'un patronyme , les Stamper sont un art de vivre immémorial , une volonté farouche de subsister par ses propres moyens sans être redevables de qui que ce soit , chérir sa liberté par dessus tout et emmerder ouvertement tous ceux qui voudraient les en priver .
Ce livre est un combat perpétuel . Outre un contexte géographique et humain hostile , un duel fratricide rampant , il est aussi le questionnement d'une femme et d'une épouse , Viv , qui en vient à douter de sa place et de son rôle à tenir aux côtés de son mari , Hank .
Face à une telle profusion de thèmes , le mieux est encore de se lancer à corps perdu dans ce que l'auteur lui-même considère comme son chef-d'oeuvre absolu .

Un grand merci à Babélio et aux éditions Monsieur Toussaint Louverture qui , à leur seule évocation , invitent déjà au voyage .
3.5/5
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