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Critique de gerardmuller


Terre d'amour/Joseph Kessel
« le voyageur qui débarque en Palestine n'est jamais seul. Des souvenirs innombrables et tels que nulle autre terre ne peut en susciter d'équivalents lui font escorte. La Bible, l'Évangile, les Croisades…
Quel coin de l'univers, autant que celui-ci, a chacune de ses pierres marquée d'histoire, chacune de ses vallées couvertes de tombeaux et d'espérances ? Les royaumes s'y sont faits et défaits… »
Ainsi commence ce récit du voyage, publié en 1932, que Joseph Kessel fit en Palestine dans les années 1925/26. Israël n'existait pas encore en tant que nation et la Seconde Guerre Mondiale n'avait pas encore eut lieu. Ce récit a donc une valeur historique en dehors de ses qualités littéraires dues à un style merveilleux.
À l'époque, cette région était relativement un havre de paix. Les Arabes ne voyaient pas encore d'un mauvais oeil l'installation clairsemée de Juifs venus essentiellement de Russie.
Le sionisme, issu des théories de Théodore Herzl mises au clair dans son livre bien connu « L'État Juif » voyait peu à peu se concrétiser le retour à la Terre Promise. le rêve biblique devenait réalité provoquant la résurrection d'un peuple et d'une langue, l'hébreu, « cette langue qui est l'expression la plus profonde, la plus élémentaire, du génie d'une race… La langue, c'est le seul lien qui soit sans défaut… »
Cette résurrection de l'hébreu fut le fruit de l'oeuvre de Ben Yehuda, qui codifia cette langue morte pour en établir le dictionnaire. C'est avec ferveur que les colons juifs d'où qu'ils vinssent adoptèrent l'idiome ressuscité.
C'est en1917 que le gouvernement britannique, qui avait la main mise sur la région, publia la déclaration Balfour se disant favorable à l'établissement d'un foyer national juif en Palestine. Déclaration soutenue en 1918 par la France. Et ratification par les alliés en 1920. Puis le SDN nommait la Grande Bretagne mandataire pour l'administration de la Palestine.
Les premières colonies vont s'installer : c'est une époque idyllique et Kessel nous fait vivre cette découverte avec passion et lyrisme. de la vallée de l'Emek (Jezréel) à la Galilée, et de Haïfa (Caïffa) à la Judée, des petits groupes cultivent la terre abandonnée depuis des siècles au désert ou aux moustiques. Les ébauches des premiers kibboutz voient le jour et Kessel met bien en relief dans son récit la passion et l'ardeur, le courage et l'abnégation dont font preuve ces jeunes venus de Russie et d'Ukraine principalement.
De magnifiques pages sur l'édification de Tel-Aviv et sur la ville millénaire de Jérusalem ponctuent ce récit très intéressant. L'histoire des Juifs de Naplouse qui n'avaient jamais quitté la terre d'Abraham est une anecdote émouvante. Les biographies succinctes de héros comme Trumpeldor ou Rutenberg, ou d'un homme politique et scientifique comme Weizmann illustrent bien l'analyse que fait Kessel.
À noter qu'en 1961, Joseph Kessel a repris l'ouvrage en le complétant sous le titre « Terre d'amour et de feu ».
Pour mémoire, rappelons que c'est le 14 mai 1948 que sera proclamée l'indépendance d'Israël par un vote de l'ONU, après partage de la Palestine qui était sous mandat britannique.
Ce récit est un témoignage irremplaçable.
Il est d'autant plus intéressant d'un point de vue historique que par deux fois en 1963 et 1967 j'ai suivi l'itinéraire de Kessel lors de voyages en Israël avec cette lecture en tête. Relu aujourd'hui, 84 ans après sa parution, après une première lecture en 1962, ce texte prend toute sa valeur et on y découvre des phrases prémonitoires lourdes de signification. On connaît la suite et toutes ces guerres qui n'en finissent jamais.
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