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Critique de Melieetleslivres


Avec ce livre, c'est l'opposé des bouquins précédents du blog. Je voulais aussi pouvoir parler de la littérature noire, plus que noire, de Jack Ketchum, disparu il y a quelques mois. Dans la plupart de ses livres, il reprend un fait divers, souvent déstabilisant, en tous cas marquant, glaçant, sans rien omettre, ou presque. de son écriture claire, nette, fluide, il arrive à plonger ses lecteurs au coeur de ce que l'humain a de plus noir. Ici cette histoire :

"Lydia Danse croit avoir enfin trouvé le bonheur du foyer. Son mari semble le meilleur des hommes. Leur jeune fils est merveilleux. Pourtant le Mal se cache sous son propre toit. Les années passant, la façade s'effrite, et son mari, sûr de sa toute-puissance, resserre son emprise sur sa famille. Tous les moyens de coercition sont bons, pourvu qu'ils lui procurent l'ivresse du pouvoir. Prête à tous les sacrifices et à se mettre elle-même en danger, Lydia fera tout son possible pour tirer son fils de ses griffes. Mais Arthur Danse n'est pas homme à renoncer à ce qui lui appartient. Ce qu'il prend par la force, il s'y accroche et ne le lâche pas. Voici la lutte désespérée d'une femme démunie, épouvantée par la souffrance de son fils, terrorisée par un mari violent, mais qui trouvera la force de s'opposer à lui, alors que toutes les armes finissent par se retourner contre elle."

Il est ici question de pouvoir et de perversité.

Linda a connu la violence. Dans son enfance, et dans son premier mariage. Arthur a connu la violence, dans sa petite enfance. le policier qui le connait depuis toujours s'en méfie, tuer des animaux, par exemple, a été une des multiples frasques d'Arthur. Mais il a l'air de s'en être remis : avec un peu d'argent prété par ses parents, et sa facilité à discuter sur un pied d'égalité avec tout le monde, Arthur Danse ouvre un bar, puis l'agrandit en brasserie puis y ajoute une salle pour les fêtes. C'est là, au cours d'un mariage organisé chez lui, qu'il rencontre Linda. Il la "cible". La proie parfaite. Après quelques mois de bonheur, Arthur pense qu'un bébé serait un bon moyen de "coincer" sa femme : ayant un bébé sous sa responsabilité, elle se laissera d'autant mieux faire. Et il y réussit : imposer des pratiques sexuelles violentes, puis dégradantes, il l'a en son pouvoir. Et elle n'osera pas en parler, ni s'en aller. Mais Linda s'aperçoit bientôt que son fils Robert a un comportement des plus étranges : à 7ans, il bégaie, se blesse, tombe tout seul, et devient incontinent. Elle ne peut pas se douter, non, rien ne lui fait penser à un problème si affreux, sauf lorsque l'enfant revient d'une partie de chasse avec son père, ses sphincters s'étant relâchés, de douleur. Alors, elle comprend. Et tout le roman nous glace car elle se sépare de lui,le père violent, pervers, mais pour la garde de l'enfant, qui n'ose désigner son père comme son bourreau, la situation juridique due aux amis d'Arthur, à son jeu d'acteur calme et triste, n'est pas en faveur de Linda qui ne cherche qu'une chose : empêcher le père de continuer à démolir physiquement et psychologiquement son propre fils.

Et elle se heurte au bon vouloir de la justice américaine : le CPS (child protective Services), capable de jeter n'importe quel enfant dans n'importe quelle famille d'accueil ; les idées préconçues des juges, les avocats peu payés pour la défence de Linda et de l'enfant, par rapport aux avocats que peut s'offrir l'ex-mari, l'injustice américaine, le peu de recours des femmes et enfants battus, la police qui bouge lorsque c'est trop tard.

J'ai par moments été glacée par des passages du livre. Il faut savoir que l'auteur, Jack Ketchum, a suivi l'affaire, même après les faits. L'impuissance devant laquelle cette mère se trouve, pour sauver son enfant d'un prédateur pervers, sociopathe, psychopathe est glaçante. Comment va t'elle réussir ? Si elle réussit ?



Après avoir lu ce livre et pris mes notes, je suis allée voir les avis sur Babelio. Les avis sont très contrastés. Certaines parlent de pédophilie (ce qui n'est PAS à mon avis le cas, puisque ce pervers n'agresse son fils que pour montrer son pouvoir) ; les autres personnes agressées sont des femmes adultes. Un autre avis dit "J'ai l'impression d'avoir été prise pour une conne", d'autres parlent de "voyeurisme". Pour avoir lu d'autres livres de Ketchum ( ancien secrétaire du romancier Henri Miller), je sais qu'il va exposer un fait divers à chaque fois, terrible, et dénoncer des atrocités dues aux manquements flagrants des services de police, des tribunaux et de CPS. Et il fait bien. Pour être intéressée depuis des années par les documentaires HBO justice, 5e Estate, Timeline, 20/20, donc autant américains que canadiens, que britanniques (citons Panorama), et parfois le Dr Phil, où l'on comprend que beaucoup de mères,en cas de divorce, coachent leur(s) enfants(s) pour dire au tribunal que leur père les agresse sexuellement, pour obtenir leur garde, on se rend bien compte de l'immense travail d'enquête doit être menée par des psy, des pros. C'est un grave probleme aux USA. et Jack Ketchum appuie là, sur ce système vacillant.

À lire : OUI. Sauf les petites natures. Sauf ceux qui croient au voyeurisme et se cachent derrière un joli voile ou un mouchoir en dentelle pour refuser de voir ce qui se passe réellement dans certaines vies qui font les faits divers. Qui ne comprennent pas qu'il faut de l'aide et de l'écoute. Je défends cet auteur bec et ongles.





Fils Unique - Jack Ketchum. Editions Bragelonne Thriller, 345 pages, ed Poche chez Milady : 7,90€, 2009
Lien : https://melieetleslivres.wor..
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